Russie : Tueurs en série racistes à Moscou

Des dizaines de non-Russes ont été assassinés ces dernières années dans la capitale. L'enquête en cours, qui incrimine une bande d'étudiants skinheads, est le signe que la justice commence à lutter contre ce fléau.

 

Quatre jeunes "nationalistes" russes, dont une fille, âgés de 17 à 22 ans, ont été arrêtés à Moscou "pour plusieurs meurtres de personnes d'apparence non slave", rapporte Kommersant. Ces nouvelles arrestations portent à 9 le nombre d'individus considérés faisant partie d'un même groupe de skinheads dit la "bande à Artur Ryno", qui serait à l'origine de l'assassinat de dizaines de non-russes. Etudiant dans une école d'art, Artur Ryno est détenu depuis avril 2007, avec son complice étudiant en culture physique Pavel Skatchevski, après le meurtre d'un homme d'affaires tué de 35 coups de couteaux à Moscou. Mais Ryno a également avoué les meurtres de 37 personnes, expliquant qu'il "déteste depuis l'enfance les Caucasiens et les Asiatiques et a décidé d'en débarrasser la ville", raconte le quotidien. Les enquêteurs ont d'abord cru que Ryno se vantait, mais ils se sont rendu compte que ses aveux se vérifiaient. Ryno est aujourd'hui accusé de 20 meurtres, mais nie à présent sa culpabilité.

Ryno et Skatchevski sont membres d'une bande de skinheads composée de lycéens et étudiants de Moscou. Selon Kommersant, "il s'agit d'une structure informelle de jeunes gens unis par la haine des étrangers. Ils communiquent par Internet et se retrouvent régulièrement pour des 'opérations de nettoyage'. Ils attaquent leurs victimes par groupe de deux à cinq, armés de couteaux, de poinçons ou de tournevis. Ils choisissent leurs victimes en fonction de leur apparence extérieure dans les quartiers résidentiels et les trains de banlieue de Moscou." Dix autres jeunes sont soupçonnés d'appartenir à cette bande et d'être impliqués dans plusieurs meurtres racistes commis en janvier 2008 dans la capitale. A cet égard, le ministère des Affaires étrangères kirghiz a envoyé une note officielle à son homologue russe pour protester contre l'augmentation du nombre de ces crimes, qui ont frappé quatre de leurs ressortissants depuis le début de l'année.

Reste que "les militants des droits de l'homme en Russie constatent que les autorités russes ont enfin reconnu la xénophobie comme un des fléaux les plus graves, et la nécessité de le combattre", rapportent les Novyé Izvestia. Pour preuve, le nombre de condamnations pour haine ethnique augmente et on commence à publier des listes de documents extrémistes. Mais d'un autre côté, "certains experts craignent que cette lutte contre l'armée des skinheads ne frappe des innocents", notamment "des journalistes d'opposition, des défenseurs des droits de l'homme ou des associations dénonçant la bureaucratie et la corruption".


Philippe Randrianarimanana



06/02/2008
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