Quelle transition pour la Guinée ?

Il est plus que certain que l'ère CNDD est révolue. Il reste le plus difficile, avec quoi le remplacer ?

Quand le facilitateur de la CEDEAO reçoit les Forces vives guinéennes pour débuter sa médiation le 3 novembre dernier, il est presque convaincu qu'il faut faire sans Dadis et le CNDD. C'est pourquoi, il a ouvertement demandé à ses interlocuteurs de lui proposer un schéma de transition. Il reste que ce n'est pas si facile à mettre en place, même si c'est le souhait unanime des forces vives. La vraie question, c'est qui trouver pour gérer cette transition ? Dans les déclinaisons en présence, l'unanimité est difficile à percevoir. Mais les propositions qui rencontrent le moins d'hostilité sont les suivantes:
Une transition dirigée par un prélat. L'ancien archevêque de Conakry, aujourd'hui au Vatican, Mgr Robert SARA, pourrait faire l'affaire. Il est considéré à Conakry comme quelqu'un de très intègre.
Ensuite, il y a une solution qui pourrait provenir des Forces vives elles-mêmes. Un de ses principaux leaders, l'ancien Premier ministre, Losseni Fall, serait prêt à sacrifier ses ambitions pour diriger la transition si on le lui demandait. Il est d'ailleurs l'auteur d'un mémorandum dans lequel il fait des propositions concrètes pour aborder l'après transition. Il souhaite que les quatre principaux leaders de l'opposition s'entendent sur un nom, celui qui a le plus de chance de remporter l'élection et qu'ils puissent, sur un consensus minimum, gouverner le pays dans une sorte de partage des prérogatives. Il serait de toute façon impossible à un parti politique tout seul de remporter les futures élections et de gérer seul le pays. Les leaders politiques ne commentent pas beaucoup cette proposition de Losseni Fall.
Une autre solution consisterait à confier la transition à un militaire avec une nouvelle structure de transition. Deux officiers sont pressentis pour jouer ce rôle. Il y a dans un premier temps, le nom du général Sekouba Konaté, actuel ministre de la Défense et ami de Dadis Camara. Ensuite le nom du colonel Kaba, l'actuel chef d'Etat major de l'armée de terre et ancien patron des " Rangers " formés par les Américains est aussi avancé. Ce dernier serait très populaire auprès de la troupe et serait considéré comme plus intègre que le général Sekouba Konaté.

Quelles sont les préférences du facilitateur ?

Ouagadougou considère deux choses comme indispensables pour réussir la transition. Il faut trouver le moyen de gérer l'équation de la sécurité. La solution d'une intervention militaire extérieure ne serait pas crédible selon les sources proches de la médiation burkinabè. Elle ne ferait que compliquer encore plus la situation guinéenne. On pense par contre qu'il est possible de trouver une solution endogène avec des officiers guinéens non encore décrédibilisés. Si Dadis a été préféré aux officiers gradés du CNDD pour devenir président de la République, c'est que la troupe est encore sensible à l'intégrité.
Deuxième chose, il faut une feuille de route aussi précise que possible pour la transition.
En prenant en compte ces deux préoccupations, on peut penser que la solution que privilégierait le facilitateur serait une transition qui permettrait de contenir la question militaire, avec éventuellement un officier comme président, et de permettre que s'ouvre une après transition relativement plus sûre.
Il restera maintenant la question des parrains. Dans cette crise guinéenne, chaque leader politique a un parrain sous régional ou dans l'hexagone. La dernière visite du patron de la CEN SAD à Ouagadougou peut signifier que les consultations ont commencé à ce niveau également. La rencontre avec les représentants du CNDD prévue pour ce 10 novembre n'étant purement protocolaire.
NAB



28/11/2009
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