Présidentielle : Le CDP pour la suppression de la visite médicale
Le débat est
actuellement engagé sur les reformes institutionnelles et politiques du
Burkina. Un travail parlementaire a été rendu public sur la question et
concerne divers domaines, dont celui portant conditions d'élection à la
présidence du Faso. Sur ce sujet justement, le Congrès pour la démocratie et le
progrès (CDP, le parti présidentiel) a fait une recommandation surprenante. Le
parti recommande de faire l'économie de la visite médicale pour les candidats à
la présidentielle.
Une décision incompréhensible, au regard de la position antérieure même du
parti, qui sur cette question, s'était prononcé pour qu'on rende
"obligatoire la visite médicale". A sa session extraordinaire du 26
juillet dernier, et dans un texte confidentiel, qui est tombé entre les mains
de L'Evénement, le bureau politique national (BPN) fait un virage de 180 degré
en précisant avec force, les parties du texte sont soulignées en gras, qu'il
faudra pour les conditions d'élections à la présidence du Faso "faire
l'économie de la visite médicale".
Qu'est-ce qui a pu bien se passer entre les délibérations de la session de
juin, le 21 juin précisément, et celle toute récente de juillet, pour que le
CDP change ainsi du tout au tout ? Si cette disposition devait être retenue, à
l'issue du toilettage en cours du code électoral, la fonction de président du
Faso serait alors la seule où l'on postulerait sans visite médicale. Pour un
simple poste dans l'administration publique, on exige des postulants une visite
et une contre visite. C'est vrai que c'est une simple formalité, mais elle
existe quand même.
Si à ce niveau déjà, on exige du citoyen, qu'il montre patte blanche, du point
de vue de la santé, à occuper la fonction souhaitée, ce serait vraiment le
comble que l'on n'exige pas des candidats à la présidentielle de montrer qu'ils
ont une santé qui leur permet de conduire les destinées de toute une nation.
Cette reforme pourrait évidemment passer, puisque le CDP est largement
majoritaire. Elle restera malgré tout de circonstance. Elle pourrait prévaloir
pour la présidentielle de 2010, mais on ne voit pas comment une telle
disposition pourrait tenir sur la durée.
En même temps, quelque part, elle ravive les rumeurs sur la santé des éventuels
postulants à la présidence du Faso du côté du CDP. Si le parti présidentiel
recommande en express cette suppression de la visite médicale, c'est qu'il
craint que son candidat putatif ne franchisse pas cette épreuve. Même si en la
matière, c'est comme la disposition sur la déclaration des biens avant l'entrée
en fonction. Il suffira au candidat putatif du CDP de présenter une simple
enveloppe scellée. Qui osera la déchirer pour voir ce qu'il y a là dedans ?
C'est en tout cas une disposition anachronique, si elle devait être validée par
les députés à l'Assemblée nationale.
Newton Ahmed
Barry