Orgie de sang à Conakry
Dadis a fait son entrée dans le club des présidents africains. Les vrais. En Afrique, le président qui n'a pas du sang de ses compatriotes sur la main n'est pas un vrai président. Dadis Camara le fou, a réussi son baptême de passage au-delà de toutes les espérances. Quelques 150 guinéens immolés pour le droit à la candidature à la présidentielle et pour le maintien à vie à la tête de la Guinée.
L'implication de Dadis Camara dans les massacres du 28 septembre dernier ne souffre d'aucune contestation. Le fou du CNDD a été l'instigateur de la boucherie sans nom. Les choses ont été planifiées et exécutées avec son consentement
Pour Dadis Camara le meeting des forces vives ne devait pas se tenir. Par tous les moyens il devait être interdit.
I. Les entraves préventives
Le 26 septembre, Dadis ordonne la fermeture du Stade du 28 septembre qui doit accueillir le meeting des Forces vives qui sont décidées à empêcher la candidature du chef de la junte. Elles choisissent symboliquement le 28 septembre. Il y a 50 ans, les Guinéens avaient dit non à De Gaulle ce même jour. Pour les leaders de l'opposition, il s'agissait de joindre à ce Non historique à la Colonisation un Non à Dadis et à la dictature militaire.
Le chef de la junte qui se prend pour le sauveur des Guinéens, considère cette entreprise comme une forfaiture à son encontre. La fermeture du stade s'étant révélée non dissuasive, il décrète que la journée du 28 septembre est fériée dans toute la Guinée. Mesure qui est censée amoindrir la mobilisation des militants de l'opposition. Peine perdue. Alors le ministre de l'Intérieur est sommé de prendre la fatwa qui interdit officiellement la manifestation de l'opposition. L'opposition n'est pas intimidée. Alors dans la nuit du 27 au 28 septembre, Dadis lui-même entre dans le jeu et entreprend de dissuader lui-même les leaders de l'opposition. Il téléphone à l'ancien premier ministre Sidya Touré tard dans la nuit et lui fait la proposition suivante : reporter la manifestation au 29 septembre dans un autre lieu, notamment au Stade NONGO dans la banlieue de Conakry. Il explique à Sidya que l'opposition ne devrait pas s'approprier la journée du 28 septembre qui est un bien commun des Guinéens. Sidya l'écoute poliment, mais lui dit qu'il est trop tard. Le 28 septembre, tôt le matin, alors que les leaders de l'opposition se concertent chez l'un d'entre eux, Jean Marie Doré, Dadis leur envoie deux messies dominici, le grand imam et le patron de l'Eglise anglicane de Conakry. Les chefs de l'opposition qui sont sous la pression des militants qui sont impatients dans les gradins du Stade, qu'ils ont finalement pu investir, enjoignent à leur collègue Jean Marie Doré, de recevoir et d'écouter les envoyés du président. Le groupe des chefs de l'opposition prend la direction du Stade.
II. Les mesures musclées d'interdiction
Informé que les leaders de l'opposition ont pratiquement ignoré ses ambassadeurs qu'il a envoyés chez Doré, Dadis ordonne la prise de mesures musclées pour interdire la tenue du meeting. Un commando dirigé par le responsable de la brigade de lutte contre les narcotrafiquants barre la route aux chefs de l'opposition à quelques mètres de l'entrée principale du stade du 28 septembre. Le face à face est heurté. Les militants dans le stade sont informés que les leaders sont bloqués. Ils descendent des gradins et se portent au secours de leurs chefs. Le commando est obligé de battre en retraite. Il retourne rendre compte au président Camara qui devient complètement fou. Il annonce que lui-même va prendre la tête de l'expédition qui interdira par tous les moyens la tenue de ce meeting. Il hurle et gesticule comme à son habitude ce qui a eu le don d'enrager ses inconditionnels, dont son propre neveu, Siba Théodore Kourouma. Séance tenante un commando est monté sous la direction du redoutable Toumba Diakité avec le soutien du neveu du président. Objectif, empêcher par tous les moyens la tenue du meeting de l'opposition.
III. Par tous les moyens interdire le meeting
Le terrible commando que dirige Toumba et Kourouma arrive au stade du 28 septembre, qu'il encercle. Un détachement du commando fait irruption dans le stade plein comme un œuf et sans autre forme de procès commence à tirer dans le tas à balles réelles. C'est la panique générale. Les morts se comptent par dizaines. Les leaders de l'opposition sont enfermés dans la loge officielle du stade où les hommes de Toumba menacent de "les tuer et de les manger". Ils n'iront pas jusque là, mais ils leur feront passer un sale quart d'heure. Chacun des chefs de l'opposition est brutalement passé à tabac et frappé à la tête. Cellou Dalein Diallo aura des côtes cassées.
Les militaires de la garde présidentielle, les bérets rouges vont abattre sur les milliers de militants de l'opposition une répression brutale et sanguinaire. Les manifestants sont tirés comme du gibier. Les femmes sont violées en public et parfois avec l'introduction des cross de fusils dans le sexe. En fait les commandos se livrent à des actes inqualifiables sur les Guinéens.
Sur les ordres du président Dadis, les leaders de l'opposition, grièvement blessés, et un moment transportés dans une clinique de Conakry, sont exfiltrés au camp Alpha Yaya. Ils y sont transportés et privés de soins. Mais très tôt la nouvelle de cette terrible répression fait le tour du monde et provoque unanimement du dégoût. Les réactions sont vigoureuses à travers le monde. Dadis est surpris et décontenancé. Il est contraint de balbutier des justifications qui l'enfoncent. Les leaders de l'opposition sont transportés dans une clinique où ils reçoivent des soins. Dadis désavoué par la communauté internationale essaye de recoller les morceaux. Il instruit son premier ministre, le pauvre Kabiné Komara d'aller voir les leaders de l'opposition dans la clinique où ils sont soignés et leur annoncer qu'ils sont libres. Kabiné fait même le chauffeur de service et dépose chacun d'eux dans ce qui reste de sa résidence. Parce que les militaires de la garde présidentielle sont passés auparavant saccager les domiciles des leaders de l'opposition.
Comme on peut le voir Dadis Camara a supervisé de bout en bout la répression contre les militants de l'opposition. Il est lourdement responsable. Il ne peut pas ne pas en répondre un jour. Nab