Obama et Bush partagent (presque) le même monde
Loin de la foule et de l'attention
médiatique que le candidat démocrate a su attirer à lui à Berlin, le président
américain a de son côté prononcé un discours sur le rôle des Etats-Unis dans le
monde. Mais ont-ils dit des choses vraiment différentes ?
Jeudi
24 juillet, le président Bush a prononcé un discours sur le rôle des Etats-Unis
dans le monde. Le cadre et le style avaient beau être radicalement différents,
il y avait toute de même quelques ressemblances frappantes entre son allocution
[à Washington] et celle de Barack Obama [à Berlin].
Les deux hommes ont parlé d'espoir. Ils ont rappelé que la liberté était au
cœur de la politique étrangère américaine. Ils ont tous deux invoqué l'esprit
de l'OTAN, du blocus de Berlin et du plan Marshall pour cette nouvelle ère de
la guerre contre l'extrémisme. Un conflit qui nécessite non seulement la
puissance militaire mais également toutes les ressources du soft power :
l'aide internationale, le commerce et la lutte contre le sida.
Tous deux se sont faits les porte-parole des victimes de la dictature, en
Birmanie, en Iran, au Zimbabwe et au Darfour. Mais sans proposer, ni l'un ni
l'autre, de nouvelles solutions.
"Si nous avons réussi à remporter la bataille des idées contre les
communistes, nous pouvons nous associer à la grande majorité des musulmans dans
leur lutte contre l'extrémisme qui conduit à la haine au lieu de l'espoir, a
dit l'un. Et l'autre : "Afin de protéger les Etats-Unis, nous devons
mettre en échec cette idéologie de la haine en propageant l'espoir de la
liberté." Je vous mets au défi de retrouver qui a dit quoi. Cela ne veut
pas dire que Bush et Obama partagent plus qu'un vague sentiment sur la vocation
exceptionnelle des Etats-Unis qui ont lutté "au prix de grands
sacrifices" pour créer "un monde plein d'espoir " (Obama) et
"agi pour défendre et faire avancer l'idéal de la liberté" (Bush).
A Berlin, devant des dizaines de milliers de personnes et s'adressant à des
millions d'autres, Obama a nettement pointé les différences qui le séparaient
de Bush. Mais il l'a fait subtilement, sans viser directement le président ni
John McCain, son rival républicain à la présidentielle de novembre. De son
côté, George Bush a prononcé son discours quelques heures plus tôt à l'Agence
américaine pour le développement international (USAID) devant 400 invités, dont
des représentants gouvernementaux ainsi que plusieurs dissidents cubains,
biélorusses, iraniens et nord-coréens. Il a lancé un appel non partisan
"aux futurs présidents et membres du Congrès". Loin du battage de la
campagne présidentielle, son intervention n'a pas été retransmise en direct.
Sur le fond, pourtant, les deux discours ont laissé entendre – campagne
présidentielle mise à part – que certains aspects de la politique étrangère
américaine ne sont pas près de changer, ou très peu. En particulier,
l'opposition au nucléaire iranien, le soutien à une paix israélo-palestinienne
et le renforcement de l'influence de l'OTAN dans la reconstruction de
l'Afghanistan.
Même à propos de l'Irak – sujet sur lequel Obama s'est le plus démarqué de
l'administration Bush –, le candidat démocrate a appelé le monde à aider les
Irakiens à retrouver leur souveraineté. "En dépit de nos divergences
passées, il est temps pour l'ensemble de la communauté internationale d'aider
les millions d'Irakiens qui veulent reconstruire leur vie, et ce, même si nous
sommes en train de transmettre toutes les responsabilités au gouvernement
irakien et de finalement mettre fin à cette guerre", a-t-il déclaré.
Pour sa part, George Bush a évoqué à l'Irak à deux reprises, à chaque fois en
parallèle avec l'Afghanistan, pour dire que les deux pays étaient "sortis
de la tyrannie pour établir des gouvernements représentatifs".
Steven
Lee Myers
The New York Times