Justice, selon qu'on est militaire !
Les cinq bidasses qui se sont rendus à la MACA n'y auront finalement passés qu'une nuit. Encore faut-il vraiment attester qu'ils y ont dormi. Donc une nuit et puis ils sont libres le lendemain.
Les juges de la Cour d'Appel ont statué sur la demande de liberté provisoire et y ont fait droit. Seulement, il va valoir nous expliquer comment ils s'y sont pris?? Parce qu'en toute certitude, le juge n'avait pas rédigé sa décision. Le jugement a eu lieu le 22 mars dans la journée et les militaires se sont mutinés dans la soirée. Le palais de justice a été pris pour cible. Aussitôt après, les magistrats sont en grève. Au moment où la Cour d'appel statuait sur la demande de liberté provisoire, le juge était en grève.
Ce tour de passe-passe des juges de la Cour d'appel ne va rien arranger dans le climat social lourd de l'heure. Si les juges, comme on peut le croire, ont dû le faire, sur injonction, ils n'ont contribué qu'à dévaloriser la justice aux yeux des militaires qu'ils ont voulu contenter. Une justice qui se couche ainsi devant l'imposture n'est pas une justice.
Il faudra aussi faire bénéficier aux policiers, qui sont poursuivis dans le dossier du jeune Justin Zongo, d'une liberté provisoire. C'est pour eux-mêmes que le principe de liberté provisoire aurait été plus indiqué. Parce qu'ils ne sont pas encore coupables, puisqu'ils n'ont pas encore été jugés. Or nul ne peut être déclaré coupable s'il ne l'a été par une juridiction établie. En d'autre terme, le principe de la présomption d'innocence est intangible.
Dans le cas des militaires du camp Lamizana, la Cour d'appel en accédant à la liberté provisoire déjuge la décision du juge de première instance. Ce qu'il eut fallu faire, c'était d'attendre tranquillement l'audience de la Chambre correctionnelle et de se prononcer sur le fonds. En ce moment, une décision telle qu'elle soit aurait été compréhensible. Le juge d'appel peut confirmer, infirmer ou amoindrir la peine.
Cette façon de transiger les décisions de justice est à la base de la défiance populaire qui n'est pas encore complètement éteinte. Les juges de la Cour d'appel devraient lire avec beaucoup d'intérêt, l'estime dans lequel les tiennent les soldats de première classe qui se sont exprimés dans les lignes ci-après et dont voici un morceau choisi: "… la justice pourrie là se permet de les condamner tout en sachant que cela signifie leur radiation de l'armée; et vous pensez qu'on va rester bras croisés" ? NAB