Les Indiens Lakota veulent leur indépendance
ÉTATS-UNIS • Les Indiens Lakota veulent leur indépendance | |||||||||
Aux cris de "Nous ne sommes pas des collabos, nous ne sommes pas des Indiens de Vichy", une délégation sioux s'est rendue à Washington pour dénoncer les traités signés par leurs ancêtres. Le Sioux Falls Argus Leader raconte. | |||||||||
Le groupe, dirigé par des figures de l'American Indian Movement (AIM) telles que Russel Means, s'est présenté cette semaine au département d'Etat ainsi qu'aux ambassades de Bolivie, du Venezuela, du Chili et d'Afrique du Sud afin de faire valoir leur droit à former une nation libre et indépendante pour les Indiens Lakota. D'autres visites d'ambassades sont prévues dans les prochains mois. "Cette nouvelle nation est une nécessité, car les Indiens sont méprisés par les autorités américaines et en ont assez de vivre dans un système colonial d'apartheid", a déclaré Means lors d'une conférence de presse dans l'église congrégationaliste de Plymouth, dans le nord-est de Washington. Means était accompagné d'un garde du corps et de trois autres militants indiens, Gary Rowland, Duane Martin et Phyllis Young, tous originaires du Dakota du Sud. "Je tiens à souligner que nous ne représentons pas les Indiens de la collaboration, ces 'Indiens de Vichy' et les gouvernements tribaux mis en place par le gouvernement des Etats-Unis pour nous maintenir dans la pauvreté et autoriser le vol de nos terres et de nos ressources", a expliqué Means, comparant les gouvernements tribaux élus au régime français de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour sa part, Rodney Bordeaux, chef de la communauté sioux de Rosebud, a déclaré qu'il ne souhaitait pas faire partie de la nouvelle nation. "Means et son groupe, qui se présentent comme la 'Lakota Freedom Delegation', n'ont jamais proposé officiellement leur projet à la communauté de Rosebud", a-t-il expliqué. "Notre opinion est qu'il faut respecter les traités, et c'est le message que nous rappelons constamment au Congrès. Nous souhaitons maintenir ces traités parce qu'ils sont à la base de nos relations avec le gouvernement fédéral." Les membres de la nouvelle nation ne paieraient aucun impôt et les chefs seraient désignés de façon informelle par les anciens, a expliqué Means. Les habitants non-Indiens seraient autorisés à rester sur le nouveau territoire, qui s'étendrait à l'ouest sur le Dakota du Nord, le Dakota du Sud et le Nebraska et, à l'est, sur le Montana et le Wyoming. Le nouveau gouvernement délivrerait ses propres passeports ainsi que ses permis de conduire. "Notre retrait [des traités] a été mûrement réfléchi", souligne Means, en référence aux traités de paix signés entre les Indiens Lakota et le gouvernement en 1851 et en 1868. "En 1974, nous avons été mandatés par nos ancêtres pour faire deux choses : établir des liens avec la communauté internationale et, bien sûr, restaurer notre indépendance." L'ambassadeur de Bolivie aux Etats-Unis, Gustavo Guzmán, qui a assisté à la conférence de presse en signe de solidarité, a dit qu'il prenait très au sérieux la déclaration d'indépendance des Indiens Lakota. "Nous sommes ici parce que les revendications des peuples indiens du continent américain sont aussi nos revendications", a-t-il indiqué. "Nous avons transmis tous les documents qu'ils nous ont présentés à notre ministère des Affaires étrangères en Bolivie, où ils seront étudiés de près." | |||||||||
Faith Bremner | |||||||||