Les explications du 15 Octobre 1987
Dans le mémorandum du Front Populaire sur les événements du 15 octobre 1987, les actions du Président Thomas Sankara sont peintes en noir. Sa gestion du pouvoir est qualifiée de militariste avec des élans messianiques : "une conception militariste du pouvoir s'est également développé de paire avec la déviation autocratique. La mise en œuvre de cette conception qui est une négation par excellence d'une réelle démocratie populaire est apparue aux yeux des tenants de la tendance autocratique comme la seule de leur règne. Contesté et mis en minorité au sein du CNR, rejetés par les organisations politiques membres du CNR qui avaient définitivement démasqué l'esprit anti-organisationnel du président, isolé du peuple qui avait fini par se lasser de son exhibitionnisme creux et infantile, le président et ses partisans militaires comme civils développèrent des vues et des pratiques militaristes." Sankara est traité de renégat. On l'accuse de détournement parce qu'on a retrouvé une valise avec 80 millions de f cfa chez lui. Pour les rédacteurs du mémorandum, Sankara préparait un complot, le 15 octobre à 20 heures contre Blaise Compaoré. Les partisans de ce dernier, informés, ont pris les devants. Pour étayer cette accusation, le mémorandum donne les "preuves" suivantes : Talata Eugène Dondassé, ministre des Finances et proche de Sankara est arrivé à son bureau dans la matinée du 15 octobre avec une arme. Un autre ministre proche de Sankara, notamment,. Juste Tiémtoré, ministre de l'Information aurait affirmé, au moment où les armes crépitaient aux environs de 16 heures, que "c'est le camarade président qui règle ses comptes avec des imbéciles".
Toutes ces charges n'ont pas produits les effets escomptés et Blaise Compaoré, dans sa première adresse à la nation, le 19 octobre, a été contraint de tempérer les dénigrements. Il dit de Sankara qu'il était un révolutionnaire qui s'est trompé et qu'il mérite une sépulture digne de son rang. Mais cela n'a pas empêché le regretté Albert Salfo Balima, l'auteur de Légendes et Histoires des Peuples du Burkina Faso, livre préfacé par Blaise Compaoré, d'arguer que dès le 5 août, juste quelques heures après la prise du pouvoir, le capitaine Blaise Compaoré arrivé au Conseil de l'Entente, le siège du CNR, est fouillé par Askia Vincent Sigué. Pour l'auteur, cela était un mauvais signe. Mais les contradictions des organisations membres du CNR n'ont pas arrangé les choses. Avant la formation du premier gouvernement, le Parti Africain de l'Indépendance (PAI) et l'Union des luttes communiste reconstruite (ULCR) s'étripent pour des postes ministériels. Le PAI ne fera d'ailleurs qu'une année dans le gouvernement et dans les instances du CNR. En moins d'une année, le PAI, parti emblématique du mouvement communiste burkinabè, est exclu et ses responsables humiliés. Ces derniers ne pardonneront jamais à Sankara, en témoigne le livre de Adama Touré, Une vie de militant. Entre temps ont rejoint le CNR, le Groupe des communistes burkinabè (GCB), l'Union des communistes burkinabè (UCB), l'Organisation militaire révolutionnaire (OMR) et les orthodoxes de l'ULCR qui ont ressuscité l'ULC. Ces nouveaux extrémistes du marxisme exacerbent la crise. Le CNR fait la cour au Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV) qui refuse. Mais certains militants de ce parti sont débauchés. Ces nouveaux convertis, selon Valère Somé, intensifient la crise et occasionne une méfiance terrible entre Sankara et Blaise. Valère cite les frères Palm. Dans son livre intitulé Thomas Sankara, Espoir assassiné, Valère dit ceci : "Thomas Sankara avait mis son ami Blaise Compaoré en garde sur le fait que, Palm par ses intrigues, pouvait semer la zizanie entre nous. Nous faisons alors le point et étions parvenu à éviter la rupture du fait des manigances dudit capitaine. Ce dernier, selon toujours Valère, était d'ailleurs venu m'alerter sur un prétendu projet d'homicide dirigé contre ma personne et dont le Président du Faso aurait été l'instigateur. C'était au mois de juin 1985. " La crise est au paroxysme et le Président Sankara s'en ouvre à un de ses amis de longue date, le malien Lancina Sidibé. Dans la tristesse, soutient Bruno Jaffré dans son ouvrage1, le Président et son ami malien qu'il a connu à Madagascar pendant ses études "verse des larmes". Le Président du CNR, pour beaucoup d'observateurs, a été victime d'un complot extérieur mais la guéguerre entre organisations de gauche empêtrées dans des conflits dogmatiques a aggravé la crise au sein de l'instance dirigeante de la révolution. Blaise Compaoré en habile manœuvrier en a tiré profit. Quant à l'armée, elle n'était pas en mesure de servir de rempart à la révolution comme au Venezuela, il y a quelques années. Bruno Jaffré comparant ce pays au Burkina Faso cite Hugo Chavez : "Comme je l'ai toujours dit, cette Révolution a deux piliers : le peuple et les forces armées. Il y a deux ans (NDLR : l'interview a été réalisé en 2004) quand on disait que le Venezuela allait connaître la même destinée que celle de Chili en 1973, nous avons dit que la Révolution d'Allende était une révolution désarmée et que notre Révolution était pacifique mais non désarmé " L'auteur conclut qu' "au Burkina, l'assassinat de Sankara signait la fin de la Révolution. Au Venezuela , Chavez personnifie de plus en plus la révolution qu'il dirige, comme Sankara le faisait à son époque. C'est donc en réalité deux débats qui méritent d'être approfondis à la lumière de ces deux Révolutions, la place de l'armée dans un processus révolutionnaire, et la place et le rôle de son leader." MNZ
Toutes ces charges n'ont pas produits les effets escomptés et Blaise Compaoré, dans sa première adresse à la nation, le 19 octobre, a été contraint de tempérer les dénigrements. Il dit de Sankara qu'il était un révolutionnaire qui s'est trompé et qu'il mérite une sépulture digne de son rang. Mais cela n'a pas empêché le regretté Albert Salfo Balima, l'auteur de Légendes et Histoires des Peuples du Burkina Faso, livre préfacé par Blaise Compaoré, d'arguer que dès le 5 août, juste quelques heures après la prise du pouvoir, le capitaine Blaise Compaoré arrivé au Conseil de l'Entente, le siège du CNR, est fouillé par Askia Vincent Sigué. Pour l'auteur, cela était un mauvais signe. Mais les contradictions des organisations membres du CNR n'ont pas arrangé les choses. Avant la formation du premier gouvernement, le Parti Africain de l'Indépendance (PAI) et l'Union des luttes communiste reconstruite (ULCR) s'étripent pour des postes ministériels. Le PAI ne fera d'ailleurs qu'une année dans le gouvernement et dans les instances du CNR. En moins d'une année, le PAI, parti emblématique du mouvement communiste burkinabè, est exclu et ses responsables humiliés. Ces derniers ne pardonneront jamais à Sankara, en témoigne le livre de Adama Touré, Une vie de militant. Entre temps ont rejoint le CNR, le Groupe des communistes burkinabè (GCB), l'Union des communistes burkinabè (UCB), l'Organisation militaire révolutionnaire (OMR) et les orthodoxes de l'ULCR qui ont ressuscité l'ULC. Ces nouveaux extrémistes du marxisme exacerbent la crise. Le CNR fait la cour au Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV) qui refuse. Mais certains militants de ce parti sont débauchés. Ces nouveaux convertis, selon Valère Somé, intensifient la crise et occasionne une méfiance terrible entre Sankara et Blaise. Valère cite les frères Palm. Dans son livre intitulé Thomas Sankara, Espoir assassiné, Valère dit ceci : "Thomas Sankara avait mis son ami Blaise Compaoré en garde sur le fait que, Palm par ses intrigues, pouvait semer la zizanie entre nous. Nous faisons alors le point et étions parvenu à éviter la rupture du fait des manigances dudit capitaine. Ce dernier, selon toujours Valère, était d'ailleurs venu m'alerter sur un prétendu projet d'homicide dirigé contre ma personne et dont le Président du Faso aurait été l'instigateur. C'était au mois de juin 1985. " La crise est au paroxysme et le Président Sankara s'en ouvre à un de ses amis de longue date, le malien Lancina Sidibé. Dans la tristesse, soutient Bruno Jaffré dans son ouvrage1, le Président et son ami malien qu'il a connu à Madagascar pendant ses études "verse des larmes". Le Président du CNR, pour beaucoup d'observateurs, a été victime d'un complot extérieur mais la guéguerre entre organisations de gauche empêtrées dans des conflits dogmatiques a aggravé la crise au sein de l'instance dirigeante de la révolution. Blaise Compaoré en habile manœuvrier en a tiré profit. Quant à l'armée, elle n'était pas en mesure de servir de rempart à la révolution comme au Venezuela, il y a quelques années. Bruno Jaffré comparant ce pays au Burkina Faso cite Hugo Chavez : "Comme je l'ai toujours dit, cette Révolution a deux piliers : le peuple et les forces armées. Il y a deux ans (NDLR : l'interview a été réalisé en 2004) quand on disait que le Venezuela allait connaître la même destinée que celle de Chili en 1973, nous avons dit que la Révolution d'Allende était une révolution désarmée et que notre Révolution était pacifique mais non désarmé " L'auteur conclut qu' "au Burkina, l'assassinat de Sankara signait la fin de la Révolution. Au Venezuela , Chavez personnifie de plus en plus la révolution qu'il dirige, comme Sankara le faisait à son époque. C'est donc en réalité deux débats qui méritent d'être approfondis à la lumière de ces deux Révolutions, la place de l'armée dans un processus révolutionnaire, et la place et le rôle de son leader." MNZ