Le premier discours d'Obama après la victoire

Le nouvel élu à la présidence américaine a prononcé un discours, le 4 novembre, devant ses partisans réunis à Chicago. En voici les principaux extraits.

"S'il est ici une seule personne qui doute encore du fait que l'Amérique est un lieu où tout est possible, qui cherche encore à savoir si le rêve des fondateurs de notre pays est toujours vivant, qui s'interroge encore sur la puissance de notre démocratie, cette soirée lui apporte la réponse.

La réponse est donnée par les nombreuses files d'électeurs qui se sont formées autour des écoles et des églises, par les gens qui ont attendu trois ou quatre heures […], parce qu'ils pensaient que cette fois la situation était différente et que leur voix pouvait faire la différence.

C'est la réponse des riches et des pauvres, des démocrates et des républicains, des Noirs, des Blancs, des Latinos, des Asiatiques, des Américains d'origine, des homosexuels, des hétérosexuels, des handicapés et des valides. Les Américains ont adressé un message au monde – nous ne sommes pas un amalgame d'Etats républicains ou démocrates ; nous sommes, et nous serons toujours, les Etats-Unis d'Amérique. […]

Il a fallu longtemps. Mais ce soir, grâce à ce que nous avons accompli aujourd'hui et pendant cette élection, en ce moment historique, le changement est arrivé en Amérique.

Je viens tout juste de recevoir un appel téléphonique courtois de John McCain. Il a bataillé dur et longtemps tout au long de la campagne, et il s'est battu plus durement et plus longtemps encore pour le pays qu'il aime. Il a enduré des sacrifices pour l'Amérique que la plupart d'entre nous ne peuvent même pas imaginer, et nous avons profité des services rendus par ce dirigeant courageux et altruiste. Je le félicite, ainsi que la gouverneure Palin [sa colistière], et je suis impatient de travailler avec eux afin de changer l'avenir de ce pays. […]

Je n'oublierai jamais que cette victoire vous appartient. Je n'ai jamais été considéré comme le candidat le plus prometteur. Nous n'avons pas commencé avec beaucoup de fonds ni d'adhésions. […] Notre campagne a été menée par des hommes et des femmes qui ont puisé dans leurs maigres économies pour donner cinq, dix ou vingt dollars à cette cause. Elle s'est développée grâce aux jeunes qui ont refusé le mythe de l'apathie électorale de leur génération ; grâce à ceux qui ont quitté leur famille en acceptant des boulots moins bien payés et plus fatigants ; grâce à ces personnes moins jeunes qui ont bravé le froid ou la chaleur pour aller frapper aux portes de parfaits inconnus ; grâce aux millions d'Américains qui, volontairement, se sont organisés et ont su prouver que, deux siècles plus tard, un gouvernement du peuple et par le peuple peut exister sur la terre [référence au discours prononcé par Abraham Lincoln en 1863]. Ceci est votre victoire.

Je sais que vous n'avez pas fait tout cela seulement pour gagner une élection et je sais que vous ne l'avez pas fait pour moi. Vous l'avez fait car vous comprenez l'immensité de la tâche qui nous attend. Parce qu'à l'heure où nous célébrons la victoire, ce soir, nous savons que les défis de demain sont les plus importants de notre existence – deux guerres, une planète en péril, la plus grave crise financière depuis un siècle. […]

La route sera longue et le chemin escarpé. Nous n'atteindrons peut-être pas notre but en un an ou même en un mandat, mais le peuple américain y parviendra – je n'ai jamais ressenti autant d'espoir que ce soir quant à cette réussite. […] Il y aura des revers, des faux départs. Nombreux sont ceux qui ne seront pas d'accord avec toutes les décisions que je prendrai en tant que président et nous savons que le gouvernement ne peut résoudre tous les problèmes. Mais je serai toujours honnête avec vous concernant les défis auxquels nous sommes confrontés. Je vous écouterai particulièrement lorsque nous serons en désaccord. […]

A ceux qui nous regardent ce soir au-delà de nos frontières, des Parlements aux palais, en passant par ceux qui sont assemblés autour d'une radio dans les coins oubliés du monde [je dis :] nos histoires sont singulières, mais nous partageons le même destin. […] A ceux qui voudraient détruire le monde [je dis :] nous vous vaincrons. A ceux qui aspirent à la paix et à la sécurité [je dis :] nous vous soutiendrons. […]

Ce soir, je pense à Ann Nixon Cooper, cette femme de 106 ans qui a voté à Atlanta. […] Elle est d'une génération née juste après l'esclavage. A une époque à laquelle quelqu'un comme elle ne pouvait pas voter pour deux raisons : en raison de son sexe et en raison de la couleur de sa peau. Et ce soir, je pense à tout ce qu'elle a vécu au fil d'un siècle en Amérique, le chagrin et l'espoir, la lutte et les avancées ; à toutes les fois où l'on nous a dit que c'était impossible et que les gens ont réagi en suivant cette conviction américaine : oui, nous le pouvons. […]"

Barack Obama



14/11/2008
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