Burkinabè et Ivoiriens ont soutenus la rebellion au Libéria
Derrière les révélations de Prince Johnson, les soutiens burkinabè et ivoirien à la rébellion du Liberia
Sans surprise, les pouvoirs ivoirien et burkinabè,mis en cause par le rebelle libérien dans l'assassinat de l'ancien président burkinabè Thomas Sankara en 1987, ont rejeté ses révélations ce lundi. Une affaire qui met en lumière les soutiens dont ont bénéficié à l'époque les futurs rebelles libériens.
Les réactions se sont multipliées après les révélations réititérées ce week-end auprès des médias de l'ancien chef de guerre libérien Prince Johnson, qui tout comme le 29 août devant la Commission Vérité et réconciliation, s'est une nouvelle fois accusé du meurtre de Thomas Sankara, en octobre 1987. Selon lui, le crime a été commandité par l'actuel chef de l'état burkinabè Blaise Compaoré, avec l'aval de l'ancien président ivoirien, Felix Houphouët-Boigny.
Vingt et un an après cet assassinat, c'est avec suspicion que le gouvernement burkinabè a accueilli les propos de Prince Johnson. Pour le porte-parole de l'exécutif, Philippe Sawadogo, l'aveu tardif de l'ancien chef de guerre n'est que mensonges et affabulations : « Pour moi,ce ne sont pas des accusations avérées… 21 ans avec des aveux basés sur des éléments dignes de fiction, je me dis : qui est derrière ces affabulations ? »
Pour l'entourage de la veuve de Thomas Sankara, les déclarations de Prince Johnson ne font que confirmer la rumeur persistante de l'implication de Blaise Compaoré dans cet assassinat. Et pour Maitre Nkounkou, l'un des avocats français de Mariam Sankara, accuser Prince Johnson de mentir n'est qu'une énième manoeuvre de la part de Ouagadougou : « C’est ce qu’on dit toujours quand on a été plusieurs voleurs… Le 40e n’a pas de parole mais les 39 autres connaissent la vérité... Prince Johnson est bien passé par le Burkina Faso à ce que je sache. Je crois que dans ce dossier, chacun essaie toujours de cracher sur le cadavre de Thomas Sankara et ça c’est inacceptable.»
Et l'avocat précise qu'il pourrait utiliser ce nouveau témoignage devant la justice burkinabè.
Les liaisons dangereuses entre les futurs rebelles libériens, et les pouvoirs ivoirien et burkinabè
Nous sommes au Liberia, fin 1985. Thomas Quiwonkpa est assassiné par les soldats de Samuel Doe. Le jeune général vient d'échouer dans sa tentative de renverser le régime qu'il a contribué à installer 5 ans plus tôt. Pour éviter la purge, des officiers de sa communauté prennent la fuite. Parmi eux, son aide de camp, Prince Johnson.
Les chemins de l'exil les mènent au Burkina Faso où ils retrouvent Charles Taylor, tout juste évadé d'une prison américaine. Là, le petit groupe d'exilés libériens reçoit le soutien du ministre d'état Blaise Compaoré et du président ivoirien Felix Houphouët-Boigny. A l'époque, le Burkina Faso est un refuge pour les révolutionnaires du continent. Quand au chef de l'Etat ivoirien, il n'a toujours pas pardonné à Samuel Doe le meurtre du fils de l'ex-président William Tolbert, Adolphus Tolbert. La politique rejoint ici les affaires familiales : le jeune homme était marié à la filleule d'Houphouët.
Le séjour burkinabè des insurgés libériens prend fin après l'assassinat de Thomas Sankara en octobre 87. Grâce à l'entremise de Blaise Compaoré, Charles Taylor, Prince Johnson et les autres fondateurs du NPFL (Front national patriotique du Liberia) s'envolent pour la Libye pour parfaire leur formation militaire. Deux ans plus tard, à Noël 89, une centaine de rebelles libériens lancent depuis l'ouest ivoirien leur première attaque contre le régime Doe. On retrouvera ensuite dans les rangs du NPFL des dizaines d'instructeurs burkinabè. http://www.rfi.fr/actufr/articles/106/article_74046.asp
RFI