La Toussaint ; me souvenir de mes proches décédés
Mercredi 1er novembre. C'est la Toussaint. La pensée en direction des morts. Je suis musulmane. Je pense à la mort parce que je vis. Et je construis ma mort tout comme j'entretiens ma vie. A la fête des Morts, j'ai pensé à mes morts. Car j'en ai. Mes morts ne sont pas morts. Ils sont dans mes pensées. Ils sont dans mon enfance. Ils sont dans mes souvenirs. Mes morts ne sont pas morts.
Ma grand-mère Fatimata est décédée il y a 6 ans de cela. C'est ma maman. J'ai passé une grande partie de mon enfance avec elle. Pour moi, elle était ma mère. Elle est ma mère. Personne ne m'a jamais dis qu'elle était ma grand-mère. Qu'elle est adorable, cette vieille mémé.
Ma tante Mariam, la soeur ainée à ma mère. Le premier enfant à ma grand-mère. Elle est morte de maladie. Je ne sais quoi. Je ne l'ai pas trop connue. Mais les quelques fois que je l'ai rencontrée, nous avions discuté de tout et de rien. A plus de cinquante ans; elle continuait à faire encore des enfants. A sa mort, elle a laissé un bébé d'à peine 5 mois. Ce dernier n'a pas survécu.
A Michel. Michel Congo. Ce camarade de classe. Sauvagement assassiné. Je ne sais pourquoi et comment. A Michel, dans la fleur de l'âge. Travailleur et intelligent. Mignon. Jamais mort ne m'a tant traumatisée.
Rania, la fille à mon oncle Adama. Le petit-frère à ma mère. Que je l'aimais beaucoup cette petite. Elle était le soleil. La lumière de la joie. La jovialité personnalisée. Dépanocytaire. Elle est morte d'une crise.
Je me souviens encore de ses crises. Nuitamment, je la mettais au dos. Morte de sommeil, je voulais m'endormir, mais impossible. Rania gigotait à tout instant. Elle avait mal. Moi, j'avais sommeil. Et je me devais d'être en forme pour le lendemain. Je me devais d'aller d'abord au cours et en suite au journal.
Enfin, la vie est ce qu'elle est. Les Mandingues appellent le cimétière : Labamso. En français, la maison dans laquelle tous nous finirons. Et je sais bien que seul mon corps y demeurera.