Le Prix CNN m'a donné des ailes !
Dans mon pays, le Burkina Faso, autrefois les homosexuels étaient considérés comme des chiens. Aujourd'hui, au moins, ils sont tolérés. Certes, je leur avais consacré un article. Mais l'octroi du Prix CNN et sa forte médiatisation ont beaucoup aidé. Du coup, je me suis découvert une nouvelle vocation : repartir sur les bancs à l'Université pour apprendre encore et encore afin de témoigner encore mieux. Et de continuer à donner et diffuser une image plus juste de la journaliste burkinabè
et africaine : battante et perpétuant l'excellence.
«Big, big bravo pour ton Prix que tu viens de recevoir à Maputo au Mozambique. Tu es devenue l'étoile du journalisme burkinabè et notre fierté», m'a lancé, une lectrice burkinabè du nom de Rose Somda. Depuis, le prix Cnn multichoice m'a offert plusieurs occasions de recevoir la reconnaissance de la population burkinabè, africaine et de mes paires.
L'Association des Professionnelles Africaines de la communication (APAC-Burkina) a initié une conférence de presse le 9 août 2006 pour présenter le trophée. La Télévision nationale du Burkina (Tnb) m'a fait l'insigne honneur de me consacrer une ½ heure d'émission, animée par l'une des journalistes vedettes. Très lu sur le continent africain, le magazine Amina No 437 du 1er septembre m'a affichée à sa Une. Tant et si bien que ma modeste personne semble être à l'origine de quelques vocations. « Suite à la lecture de votre entretien dans le journal Amina, j'avoue que vous m'avez communiqué votre passion pour le journalisme. Je suis en classe de première et j'aimerai être journaliste comme vous. Comment faire pour le devenir ? ». Ce message m'est parvenu le 04 octobre 2006 par SMS à Ouagadougou depuis le Tchad. Visiblement, la nouvelle, largement médiatisée a parcouru les quarte coins du continent. Et je suis tellement heureuse et fière de participer à la naissance de nouvelles graines, à l'émergence d'une pépinière de journalistes africains compétents.
Par ailleurs, le sujet évoqué par mon article – justement primé par le prix CNN, disponible sur http://www.evenement-bf.net/pages/dossier_1_64.htm ou http://www.cnpress-zongo.net/evenementbf/pages/dossier_1_64.htm - commence à faire l'objet de discussions ouvertes et sereines dans mon pays. Avant, au Burkina Faso, être homosexuel, c'était être moins qu'un animal, c'était subir une damnation, vivre en marge de la société. Aujourd'hui au moins, les choses bougent, lentement, mais elles bougent. Et je ne suis plus l'objet des réactions violentes allant jusqu'à des menaces physiques contre ma petite personne.
On le voit, l'attribution de cette récompense internationale a donc permis de provoquer un débat de société sur l'homosexualité au Burkina Faso. Et je suis ravie d'avoir modestement participé à ce changement de comportement, à cette nouvelle tolérance. Certains me considèrent comme une personne ressource en matière des droits des minorités. Aussi, il m'arrive de répondre à de nombreuses sollicitations en provenance des médias et de certaines chancelleries (USA, Allemagne), pour aborder le sujet.
Au delà de ces bonnes nouvelles, l'octroi du prix Cnn Multichoice Afrique m' permis de vivre cinq jours exceptionnels à Maputo au Mozambique, la ville de Samora Machel. Le voyage m'a permis de tâter les pulsations du monde journalistique. De côtoyer les meilleurs du monde des médias africains et mondiaux. De nouer et de maintenir des contacts. Pour moi, ce prix est un geste d'humanité. C'est un contrat pour l'excellence. Toute chose qui galvanise et pousse à mieux faire. Et moi, je veux être la MEILLEURE. C'est d'ailleurs pourquoi, je suis reconnaissante à l'Ambassade américaine de mon pays qui soutient ma candidature à la bourse d'étude Fulbright. Imaginez donc : une petite Sahélienne au pays de l'Oncle Sam. Elle est pas belle la vie ? Si. Grâce au CNN awards, elle devient merveilleuse pour moi.
Confraternellement Ramata Soré
Ramata_sore@yahoo.fr