Italie: Il fait de moins en moins bon d’être étranger
Un Italien d'origine burkinabè a été battu à mort dimanche 14 septembre à l'aube par les propriétaires d'un café du centre-ville de Milan, qui l'accusaient d'avoir volé des biscuits. Injures racistes, coups de barre de fer : la mort d'Abdoul Salam Guiebre, 19 ans, a ravivé le débat sur le climat d'hostilité croissante envers les étrangers qui sévit actuellement en Italie.
"A présent, on peut s'attendre à ce que le passage à tabac, accompagné de cris racistes des agresseurs, alimente chez les gens des sentiments opposés", note l'éditorialiste Gad Lerner dans La Repubblica : d'une part, "notre choc face à la propagation de la maladie sociale contagieuse qu'est la haine xénophobe" et de l'autre, "la mauvaise humeur diffuse de ceux qui nous accuseront de transformer un zozo en martyr dans le seul but d'ignorer que les 'vraies victimes', ce sont les citoyens menacés par une criminalité ethniquement bien reconnaissable. Ce deuxième groupe réunit ces vastes secteurs de la population qui se trouvent soulagés depuis que, pour la première fois, un gouvernement italien indique les coupables non plus comme des individus isolés mais comme des catégories qu'il faut éliminer."
"Le pauvre 'Abba' Guibre, avec sa citoyenneté italienne, incarne une variable non prévue par le sens commun dominant", ajoute l'éditorialiste. "Chaque jour, on apprend des incidents violents qui se vérifient sur les chantiers du travail au noir, dans les rues où l'on mendie et où prospère la petite délinquance, voire envers les autres religions. Toujours plus fréquentes, ces tensions pourraient dégénérer en des conflits métropolitains sur fond ethnique. L'Italie est en train d'atteindre le seuil d'alerte, et elle n'y est pas préparée."