Le MBDHP dénonce une " insécurité pernicieuse "
Le Mouvement Burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples (MBDHP) dénonce les meurtres commis à Gaoua. Le 15 juillet dernier, l'organisation nationale des droits de l'homme a animé une conférence de presse à son siège à Ouagadougou.
Dans sa déclaration liminaire, le président Chryzogone Zougmoré a d'abord salué les récentes " actions salutaires de composantes de nos forces de sécurité dans des arrestations de bandits, des démantèlements de réseaux de trafiquants ". Le président ajoutait que " ces actions fort saluées sont la preuve que nos forces de sécurité lorsqu'elles le veulent, malgré le peu de moyens généralement, peuvent assurer la sécurité du citoyen ". Mais le reste de la déclaration n'est pas reluisant pour les forces de sécurité. Le président du MBDHP qui avait à ses côtés le président de la section du Mouvement à Gaoua se dit inquiet et choqué des récentes et récurrentes dérives qui sont le fait de composantes de forces de sécurité. Et pour illustrer ses propos, il cite nommément deux cas de disparition. Il s'agit de la mort suspecte de Ignace Ouédraogo et de Lamine Ouédraogo respectivement les 19 et 21 avril 2010.
Ces deux personnes, selon le MBDHP étaient en garde à vue respectivement au Service Régional de Police Judiciaire (SRPJ) de Wemtenga et à la gendarmerie de Baskuy avant de perdre la vie dans des conditions jusqu'ici non élucidées. La famille de Lamine aurait découvert des traces de sévices pendant la toilette du corps du défunt. Ces cas sont légions au SRPJ de Wemtenga, a déclaré avec insistance le président Zougmoré. Concernant les cas d' " assassinats de Arnaud Somé, de Boureima Sié Kambou et de Etienne Da ", survenu à Gaoua, le MBDHP s'indigne de ces actes et de la version officielle rapportée pour justifier ce crime. Le mouvement ne croit pas que les deux personnes appréhendées (Yassia Nacanabo et Arnaud Somé) étaient en possession de drogue.
Le MBDHP réfute également la thèse selon laquelle Arnaud Somé se serait fracturé le crâne en tombant dans un ravin. Selon le président, le MBDHP n'est nullement opposé à la lutte contre le grand banditisme. Cependant, il soutient fermement que " dans un Etat de droit, la lutte contre le banditisme doit se mener dans la légalité ". Par conséquent, " les pratiques barbares de tortures et de disparitions forcées doivent être proscrites et punies ". Le cas du SRPJ de Wemtenga a fait l'objet d'une attention particulière pour les conférenciers qui ont demandé " le démantèlement pur et simple du SRPJ qui, au regard des traitements cruels, inhumains et dégradants infligés à certains détenus qui y séjournent, s'apparente beaucoup plus à un centre de torture ".
Ce service selon le MBDHP opère au su des autorités qui accordent protection à des commanditaires et auteurs de mauvais traitements infligés aux détenus qui y transitent. Le MBDHP constate que la lutte contre l'insécurité constitue un prétexte idéal pour toutes sortes de dérives. La section de Gaoua du MBDHP a produit un rapport public sur les événements de Gaoua et une enquête en cours sous la direction du MBDHP devrait bientôt dévoiler au grand jour les dessous de cette affaire. Boukari Ouoba