Inondations : Service minimum pour les sinistrés " villageois "
Le nombre de sinistres augmente chaque jour à l'intérieur du pays. Au moins cinq régions sont touchées par les inondations. A la date du 18 aout, les chiffres officiels présentaient au niveau national 105 804 personnes affectées depuis le début de la présente saison pluvieuse. Des pluies diluviennes qui ont également provoqué au moins 18 pertes en vie humaine. Le bilan n'est pas exhaustif. Depuis le 23 juillet dernier, les populations du Centre-Nord et une bonne partie de l'Est connaissent des pluies presque quotidiennement. Le gouvernement et ses partenaires font le bilan du 1er septembre 2009 à Ouagadougou. Dans les provinces, les nouveaux sinistrés se comptent encore par milliers. Depuis juillet, les pluies se succèdent et de nouvelles localités sont encore sous les eaux. Le 3 septembre dernier, c'est une partie de la région du Centre-Sud qui était inondée. A Tiebelé, deux personnes ont perdu la vie ce jour-là. Les régions les plus touchées demeurent le Centre-Nord et l'Est qui vivent l'une des pires catastrophes de leur histoire. Ces deux régions à elles seules enregistrent 84 855 sinistrés sur les 100 000 recensés sur le territoire national entre début juillet et la mi-août. Les nombreux sinistrés ont été accueillis provisoirement dans les rares bâtiments publics qui existent dans les localités. Pratiquement, toutes les écoles des zones touchées sont actuellement occupées et pourtant la rentrée approche. Il faut libérer les bâtiments si on veut que les cours démarrent comme prévu dès le début octobre. Le gouvernement et ses partenaires ont envoyé des tentes sur certains sites pour reloger les sinistrés. Beaucoup de sinistrés qui y vivent se plaignent. Les pluies se succèdent pratiquement tous les jours. Les tentes installées n'ont pas résisté à l'eau et au vent. De nombreuses tentes ont été vite balayées seulement quelques jours après l'installation. Dans certaines localités, surtout au Centre-Nord, les sinistrés sont obligés de revenir dans les écoles qu'ils avaient quittées pour rejoindre les tentes. Mais les autorités ne veulent plus d'eux dans les écoles. Certains, grâce à la solidarité, ont trouvé refuge dans certaines familles moins touchées qui ont accepté de les accueillir pour un bout de temps. Ceux qui sont restés dans les écoles ont jusqu'au 10 septembre pour quitter les lieux. D'autres tentent sont arrivées pour permettre la libération totale des classes. Le Centre-Nord a reçu dernièrement 307 tentes pour ses cinq communes inondées. Un nombre trop insuffisant selon une autorité locale. La région enregistre quelques 63 000 sinistrés avec plus de 6 700 ménages touchés. Le problème, c'est que les sinistrés ne veulent pas aller sous les tentes. Les grosses pluies se poursuivent dans la région et vivre dans une tente, c'est rester carrément dehors selon certains sinistrés. D'autres problèmes n'ont pas tardé à apparaitre sur les sites d'accueil. Les agents de santé qui ont fait le tour dans les différentes localités ont diagnostiqué certaines maladies au niveau des enfants et des femmes enceintes. Malgré la distribution des moustiquaires par les partenaires, les conditions de vie dans les tentes ont favorisé l'apparition du paludisme chez certains sinistrés vulnérables. Certains enfants souffrent également de maladies diarrhéiques et de dermatose. Avec les pluies persistantes, pas mal de localités restent inaccessibles. A Coalla dans la région de l'Est, les cinquante tentes envoyées par le gouvernement aux sinistrés sont bloquées à Manni. La commune de Coalla n'a pas les moyens pour acheminer les tentes aux destinataires. L'eau a encore monté dans la Faga, le cours d'eau local qui traverse la commune. Ce qui complique davantage la situation. Les écoles, les logements d'enseignants sont toujours occupés par les sinistrés. Certains logements d'enseignants ont été transformés en boutique. Le directeur du collège qui était parti en vacances est revenu trouver son logement occupé. Il a dû repartir en attendant que les sinistrés qui y logent trouvent un autre point de chute. Autre difficulté et pas des moindres, c'est la nourriture des sinistrés sur les sites. Le gouvernement et quelques partenaires ont envoyé des vivres sur les sites. Malheureusement, les besoins dépassent largement les dons. Les familles se débrouillent comme elles peuvent. La faim commence à se faire sentir selon certains acteurs sur place et les risques de malnutrition chez les enfants existent sérieusement. Mais ce qui inquiète le plus selon le représentant d'une ONG dans le Centre-Nord, c'est surtout l'avenir. Si les prévisions indiquent une bonne saison cette année dans l'ensemble, certaines régions sinistrées risquent de connaitre de sérieux problèmes. Au Centre-Nord où 72 villages sont déclarés sinistrés, la saison est presque compromise. Certaines familles sinistrées ont dû semer trois fois. Les deux premiers semis ont été emportés par les eaux. Depuis le 22 juillet, les sinistrés n'ont pas eu de répit. Il y a seulement quelques semaines, des familles ont encore semé pour la troisième. Des semis qui sont pour le moment au stade embryonnaire. Selon les techniciens, les intéressés n'auront pas grand-chose. Ces semis ont encore besoin au moins de deux mois de pluie. Ce qui n'est pas évident. La saison tire vers sa fin. Beaucoup de ces familles savent qu'elles n'ont pratiquement rien à espérer cette année. Elles croisent donc tout simplement les doigts et attendent. Pourtant, certaines personnes dans la région qui ont eu la chance d'avoir les semences améliorées et qui ont semé depuis le mois de juin ont déjà commencé les récoltes. Moussa Zongo