Grève de 72h : les syndicats enclenchent la grève
Les centrales syndicales
du Burkina, CGT-B - CNTB - CSB - FO/UNSL - ONSL - USTB et les syndicats
autonomes : SAIB - SATB-SAMAE-SATEB- SNEAB -SYNATEB -SYNATIC
SYNTAS-SYNTRAPOST - SYNAPAGER-SYNATIPB
SYNATRAD-SYSFMAB- SYNATEL-UGMB à travers cette lettre adressée au ministre du
Travail et de la Sécurité sociale maintiennent leur mot d'ordre de grève qui
court en principe du 13 au 15 mai 2008.
Monsieur le Ministre,
Les organisations
syndicales signataires du préavis de grève du 13 au 15 mai 2008, réunies ce
jour 9 mai 2008 à la Bourse du Travail de Ouagadougou, ont examiné avec une
grande attention votre correspondance n° 2008-77/MTSS/CAB en date du 8 mai qui
évoque les efforts fournis par le gouvernement et par conséquent nous demande
de suspendre notre mot d'ordre de grève.
Comme suite à cette
correspondance, nous avons l'honneur de vous faire part des observations ci-
après :
* Concernant les
augmentations de salaires, nous continuons de penser que celles-ci, au regard
de la baisse drastique du pouvoir d'achat des travailleurs, consécutive à la
flambée générale des prix sont aujourd'hui incontournables. Le niveau de
l'inflation impose aujourd'hui un relèvement conséquent des salaires pour
permettre aux travailleurs aussi bien du public, du parapublic que du privé de
survivre. Concernant particulièrement l'augmentation des salaires du privé,
nous estimons que nonobstant la mise en place du comité mixte paritaire
Syndicats/Patronat, l'Etat a un rôle régalien à assumer.
* Sur la baisse des prix,
nous relevons que les mesures adoptées par le gouvernement ne visaient pas,
comme vous le dites, à "soulager les populations d'une augmentation encore
plus grande" mais à entraîner une baisse des prix des produits de première
nécessité. Or, le constat qui s'impose est que les prix n'ont nullement baissé.
Bien au contraire, les prix des produits visés ont continué à grimper et
atteignent aujourd'hui des niveaux insupportables pour tout travailleur
honnête.
Par ailleurs, nous pensons
qu'il est malheureux de fermer les yeux sur la réalité pour aller fonder la
pertinence des mesures sur le fait "qu'elles ont été adoptées par la suite
par d'autres pays même plus nantis."
* Sur la réduction des
taxes, nous notons que vous faites cas de mesures intéressantes comme la
réduction des tranches et du taux de l'IUTS, I'institution d'une taxe
spécifique sur les opérations bancaires. Malheureusement, il s'agit de mesures
en vue prévues par "le document de stratégie de réforme fiscale". Or,
le mouvement syndical a une expérience amère des promesses et même des
engagements que prennent les gouvernements de la IVe République.
. Sur le relèvement des
premières tranches de l'ONEA et de la SONABEL, nous relevons que c'est la seule
revendication qui a reçu une réponse satisfaisante, particulièrement en ce qui
concerne l'électricité, même si nous jugeons la date de prise d'effet assez
éloignée.
* Sur l'application
immédiate des points d'accord issus des dernières négociations, nous rappelons
que suite aux réponses communiquées par le gouvernement à la veille de la grève
des 8 et 9 avril derniers, nous avions, dans notre réponse écrite, indiqué que
si le gouvernement estime que tous les points d'accords issus des négociations
Gouvernement/Syndicats de novembre 2007 sont soit déjà appliqués, soit en cours
d'application, il n'y a pas de raison qu'on attende mai 2008 pour en faire
l'évaluation. C'est dire que nous sommes disposés à rencontrer le gouvernement
à tout moment pour procéder à l'évaluation de la mise en oeuvre de ces points
d'accord issus des négociations de novembre 2007.
* Enfin, sur l'examen diligent de la plate-forme d'action de la Coalition, nous
prenons note que "certains points de cette plate-forme font déjà l'objet
d'un examen". Cependant, ce qui nous préoccupe, ce sont les résultats de
cet examen, lequel doit porter sur l'ensemble des points.
Monsieur le Ministre,
comme vous pouvez le constater, hormis le point portant sur le relèvement des
premières tranches de l'ONEA et de la SONABEL, les autres points de notre
plate-forme n'ont pas reçu de réponse satisfaisante, à même de justifier une
suspension de notre mot d'ordre de grève. Aussi avons-nous le regret de vous
informer que, tout en restant ouverts au dialogue constructif, nous maintenons
notre mot d'ordre de grève pour les 13, 14 et 15 mai 2008.
Pour terminer, Monsieur le
Ministre, nous aimerions attirer votre attention sur des pratiques récurrentes
du gouvernement qui ne sont nullement favorables au dialogue social. Il s'agit
de la tendance à attendre la veille des grèves pour engager des discussions
avec les syndicats d'une part, et d'autre part des tentatives de dénigrement
des grèves avec notamment la proclamation de taux de participation dérisoires
et des félicitations adressées aux non grévistes.
Veuillez croire, Monsieur
le Ministre, en l'expression de notre détermination à exiger du gouvernement
des réponses plus satisfaisantes aux préoccupations du monde du travail.
Ouagadougou, le 9 mai 2008
Ont signé:
Pour les Centrales syndicales :
Le président du mois
Jean Mathias LILIOU
Secrétaire Général de la CSB
Pour les Syndicats Autonomes :
Le Président du mois
Victor S. HIEN
Secrétaire Général du SYNTAS