Inceste : l’Autriche craint pour son image
Le
chancelier Alfred Gusenbauer a affirmé, le 1er mai, que son pays "ne
serait pas l'otage d'un seul criminel". Pour faire oublier Josef Fritzl,
l'homme qui a séquestré et violé sa fille pendant vingt-quatre ans, les
autorités envisagent une campagne de publicité internationale. Mais est-ce
vraiment utile ?
La
grande coalition autrichienne n'a pas l'habitude de se mettre d'accord. Mais la
cruauté de l'affaire d'Amstetten ne laissait pas d'autre choix aux partenaires
gouvernementaux que celui de se rapprocher. Car l'image et la réputation de
l'Autriche se trouveraient menacées par cette affaire, qui n'est pourtant qu'un
cas isolé. Dès lors, les autorités promettent de lancer une campagne d'image
dans le monde entier, comme l'ont annoncé le chancelier et le vice-chancelier
devant les journalistes.
Il est vrai que les médias internationaux ont fait entrer dans de nombreuses
têtes l'image d'un pays dans lequel les gens ont l'habitude de détourner les
yeux et où les oubliettes n'ont rien d'exceptionnel. Mais cette image va
disparaître d'ici quelques jours, voire quelques semaines. Et le fait de
rappeler au monde avec une campagne de grande envergure que nous, les
Autrichiens, ne sommes pas tous méchants, ne nous apporte pas grand-chose. Et
une telle campagne pourrait même se révéler contre-productive, étant donné que
beaucoup de gens vont alors se rappeler de "l'autre Autrichien". Il
ne faut pas non plus penser que beaucoup de touristes vont renoncer à venir. Y
a-t-il - ou y a-t-il eu - un Autrichien qui ait renoncé à se rendre
en Belgique à cause de l'horrible criminel Dutroux ?
Les campagnes d'image de ce genre sont coûteuses, et il serait largement
préférable d'investir cet argent dans la construction d'institutions de
bienfaisance. Et il y a, en ce moment, suffisamment d'autres occasions (le
Championnat d'Europe de football est sur le point de commencer !) pour
présenter de manière plus discrète le pays sous un jour positif, loin de ce
drame incestueux marginal.
Gerhard Bitzan
Die
Presse