FEDAP/CDP : la course à l'opinion a commencé
Les deux coépouses du régime font leur marché de l'opinion. La FEDAP a-t-elle à
peine annoncé 150 tonnes de maïs que le CDP se signale aussi avec un "
petit " 14 tonnes. Les deux ne jouent pas apparemment dans la même
catégorie, mais au moins, les populations se souviendront que chacun a pensé à
elles au moment difficile de la soudure. Le marquage politique semble avoir bel
et bien démarré entre ces deux caïmans de la globosphère Compaoré.
C'est un
confrère qui avait ironisé sur cette compétition sourdine qui a de plus en plus
de mal à se cacher entre la FEDAP/BC, l'organisation apolitique née pour
soutenir un homme politique et le CDP totalement politique qui ne vit que pour
le même homme. Les deux organisations avaient au même moment tenu chacune une
réunion à son siège. Constat du confrère. Du côté du CDP, il y avait beaucoup
plus de mobylettes, tandis que de l'autre côté, à la FEDAP/PC, c'était la foire
à la plus belle bagnole. C'était à qui conduirait la plus rutilante. Dans les
résultats aussi, la différence est nette. Au moment où la FEDAP propose 150
tonnes de maïs à distribuer, le CDP caracole avec 15 petites tonnes. Comme on
le voit, ce n'est plus le CDP qui a la palme des feuilles. L'époque de
"mouille ni kam youa…" de Simon Compaoré est en train de passer de
mode. Ou du moins la fortune est en train de changer de camp.
Un des soutiens de la FEDAP/BC, Barro Djanguinaba, pour ne pas le nommer, a
instruit ses partisans de faire mieux pour la nouvelle organisation qu'ils ne
le faisaient jusque-là pour le CDP. On s'imagine que tous les autres opérateurs
économiques importants ont donné la même consigne. Alors, au CDP actuellement,
le menu, c'est "chiens enragés". Les principaux opérateurs
économiques et même les non principaux, chacun préfère pisser au bassinet de la
FEDAP/BC que de continuer à alimenter le panier percé du CDP.
Le coup de massue de la révocation brutale de Salif Diallo du gouvernement, en
mars dernier, et l'espèce de chasse à ses partisans qui semble s'être
enclenchée dans l'administration et dans certaines institutions qui comptent de
la place n'est pas faite pour arranger les affaires du CDP.
Dans un environnement de rareté (des finances), ses responsables et ses
quelques affidés refusent de se laisser conduire à l'abattoir sans se débattre.
Ils essayent donc, comme ils peuvent, de donner le change à ce machin qui n'a
pas encore décidé de prendre sa couleur définitive. Comme les temps changent
donc ! Il y a peu, c'est lui le CDP qui cristallisait toutes les rancoeurs des
grèves la dalle de l'opposition. Maintenant, il semble bien que la puissance
financière est en train de lui faire de l'infidélité.
Il ne lui reste plus que l'occupation administrative et politique. Mais pour
combien de temps encore ? Il y a deux échéances qui sont attendues avec hantise
au CDP. Le remaniement gouvernemental à venir. Si les pronostics s'avèrent
exacts, les plus estampillés "CDP" devraient faire place nette aux
têtes de turc "FEDAPISTES". Au même moment, dans les sphères
stratégiques de l'Etat et de l'administration, le toilettage aura été accompli.
Si comme il se chuchote de plus en plus à haute voix, si le secrétaire général
du ministère de l'Administration territoriale a été dégommé pour avoir osé une
remarque sur le statut juridique exact d'une association comme la FEDAP/BC,
alors c'est un avertissement sans frais pour la cohorte des partisans.
La bataille à fleuret moucheté entre le CDP et la FEDAP va se poursuivre, même
si les partisans du CDP sont de plus en plus nombreux à ne plus croire à un
avenir dans le parti. Beaucoup d'ailleurs commencent à se faire très discrets,
quand ils ne cherchent pas toutes les occasions pour faire allégeance.
Ce mois d'août ne sera pas de tout repos. Contrairement aux années antérieures,
il y a fort à parier que peu de ministres et de responsables importants
s'éloigneront de Ouagadougou ou de la Turquie où le président est supposé
déposer ses pénates dès la semaine prochaine. Si le président a consenti de
laisser chacun aller en vacances avant le remaniement, ce n'est pas sûr qu'il
rende service à leurs nerfs. L'incertitude ne dispose pas à de vacances
paisibles. C'est pourquoi du reste, nous avions titré la semaine dernière, à
propos de ce remaniement, qu'il s'agissait en vérité de "vacances
soucieuses".
En définitive, la bonne leçon dans ce bras de fer FEDAP/CDP qui voit le second
en perte de vitesse, c'est que dans la vie là, rien n'est immuable. NAB