Résurgence de l'anti-français ?

Depuis Sékou Touré, la France semble être le bouc émissaire des maux de la Guinée. Avec les derniers événements, cette rancune est réapparue. Les responsables de la junte accusent Paris d'avoir instrumenté l'aide de camp de Dadis pour un coup d'Etat.

A Conakry, la situation est, chaque jour, un peu plus incertaine. Si officiellement, c'est le général Sekouba Konaté qui assure l'intérim, dans les faits, c'est le capitaine Claude Pivy et ses hommes qui sont les vrais maîtres des lieux. Ce sont eux qui dirigent la chasse à Toumba et à ses hommes avec toutes les dérives qu'autorise une telle situation.
Au moment où nous écrivions ces lignes, Toumba demeurait introuvable et les populations guinéennes, malgré la forte récompense, ne semblaient vouloir collaborer avec la junte. C'est dans ce climat que le porte parole de la junte a porté des accusations contre "l'ancien colonisateur" qui aurait, selon lui, encouragé l'aide de camp à perpétrer un coup d'Etat en assassinant le président auto proclamé, Dadis Camara. Le porte parole promet des aveux à la télévision. Ça promet donc des déballages comme au temps de Sekou Touré.
Et si tout ça était en fait lié à l'état de santé de Dadis Camara ? Les déclarations officielles se sont révélées jusque là des mensonges. Et pour reprendre le chroniqueur du Lynx, un confrère guinéen : "les autorités nous disent que Dadis est parti "débout" au Maroc. Mais s'il est en si bonne santé, on se demande bien pourquoi il est parti…". Une autre source qui a été contacté par nos confrères de Jeune Afrique est plutôt méfiante : "ne vous fiez pas aux versions officielles (…) Dadis était inconscient quand il a été emmené à l'infirmerie du camp Samory Touré (…) Il est arrivé dans un état comateux au Maroc".
La situation actuelle de Dadis ne permet pas de faire mentir ces témoignages. Opéré depuis bientôt une semaine, il n'avait toujours pas recouvré la parole. Le ministre guinéen des Affaires étrangères, Cécé Loua, a affirmé, mardi 8 décembre, qu'il avait parlé au président, mais il était incapable de dire ce qu'ils s'étaient dit.
Il est presque certain, en recoupant les informations, que Dadis n'est plus en situation de présider le pays. On peut considérer les propos de Ibn Chambas, le président de la Commission de la CEDEAO, qui a affirmé que "Dadis n'est pas la solution, mais le problème", comme une sorte de voie de faite qui incite à constater et à appuyer l'intérim actuellement à l'œuvre à Conakry. Le général Sekouba semble faire l'unanimité des partenaires de la Guinée, même s'il n'a pas la maîtrise totale de la situation à l'intérieur.
Dans cette situation d'incertitude, les partisans de Dadis allument des contre feux pour tenir les opinions en haleine. Outre la France, c'est Ibn Chambas qui est accusé d'avoir proposé de faire du lobbying pour le chef de la junte contre la rondelette somme de 300 000 dollars. C'est le porte parle du CNDD, Idrissa Cheriff, qui fait ses révélations, après que le président de la Commission de la CEDEAO a dit qu'il fallait intensifier la pression sur le CNDD et son président pour le pousser à la sortie.
Il y a donc une situation de désordre qui s'installe à Conakry, que la CEDEAO, malgré la vacance de pouvoir actuelle - ( Yar Adoua malade et Chambas sur le départ)- ne devrait pas laisser faire. Il faut sans doute fermer la parenthèse de Dadis et ouvrir la phase de CNDD II, qui reprendrait les proclamations premières de CNDDI. NAB



18/12/2009
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