Coup d'Etat au Niger : Heureusement que nos militaires sont là !
Avec le cas du Niger, le principe des coups d'Etat salvateurs est plus que jamais à l'ordre du jour. Par principe, la communauté internationale a condamné le putsch de Salou Djibo, mais pas plus. J'ai rencontré Ibn Chambas, le président de la Commission de la CEDEAO, à la sortie du bureau exigu du nouvel homme fort de Niamey. J'ai lu sur son visage une félicité qu'il avait du mal à cacher. Le cherchait-il d'ailleurs ? Puisqu'il n'a pas craint de s'interroger à haute voix sur ce que devenaient les nombreux "tazarchistes" qui poussaient Tandja à la radicalisation. Oui, un coup de feu et ils se sont volatilisés. Le plus zélé d'entre eux, le converti de la 25e heure, un certain Nouhou Arzika, qui s'était autoproclamé "soldat de la refondation", a complètement disparu de la circulation. La direction politique du MNSD, l'ex parti majoritaire, a bien donné une conférence de presse le lendemain du coup de force pour "prendre acte" de la nouvelle situation, mais point de Nouhou Arzika. A Niamey, ces anciens ennemis croient savoir qu'il serait l'homme politique qui aurait passé la journée nichée, comme un oiseau, dans les fourrées d'un Nimier. Pour lui donc ainsi que la horde des "sentinelles de la 6e République", le glas a sonné. De façon éhontée, cette clique avait abreuvé les Nigériens d'inepties, comme "le président est au dessus de la constitution". Ils ont poussé le Niger dans les abîmes de l'autocratie et sont aujourd'hui introuvables. C'est le propre des personnes liges. Il faut se souvenir de cette phrase dite par Thomas Sankara : "La tragédie des peuples révèle de grands hommes. Mais ce sont toujours des médiocres qui en sont la cause".
Sous réserve des égarements possibles, dus à la complexité même de la gestion du pouvoir, l'armée nigérienne vient de muscler l'estime dont elle jouit auprès des Nigériens. Quand même ! Il fallait voir Tandja du haut de sa superbe narguer les Nigériens qui l'ont fait président, mépriser ses homologues qui ont l'outrecuidance de lui conseiller la prudence et ignorer totalement la communauté internationale qui pourvoit le Niger en subsides, comme une majorité des pays africains. Le grand ennemi de Tandja, c'est son orgueil, n'avait eu cesse de prévenir Hama Amadou, son ex-Premier ministre. Cet orgueil démesuré a été hypertrophié par les courtisans qui ne pensaient qu'à leur ventre et à leur bas ventre.
Dans chacun de nos pays, il y a plusieurs dizaines de Nouhou Arzika. Ces gens sans scrupules qui poussent nos pays dans l'abîme. Ces personnes ne devraient pas pouvoir s'en tirer à bon compte quand sonne le glas. Ils sont dans bien des cas autant responsables des dérives que le premier responsable lui-même. Pour en revenir à notre pays, qui sont ceux qui, depuis deux ans maintenant, argumentent et justifient le bien fondé de la révision de l'article 37 de la constitution ? Un certain Mahama Sawadogo s'est donné la mission de justifier la suppression de la limitation des mandats présidentiels dans notre pays. Il vient de bénéficier d'un renfort de poids, celui du président de l'Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré, himself, qui vient de décréter que la limitation des mandats présidentiels est anticonstitutionnelle.
Mahama Sawadogo nous propose le référendum pour solutionner définitivement la question. C'est une bonne proposition si la consultation est vraiment honnête et transparente.
Mais c'est bon quand même que l'armée apparaisse comme un rempart de la démocratie. C'est une arme dissuasive qui doit en permanence rappeler aux apprentis sorciers qu'ils ne sont pas indispensables à leurs concitoyens. Tandja a été balayé et le Niger ne s'est pas effondré pour autant. Bien au contraire. NAB