Dédougou : Le goudron de Blaise arrive

En 1991, Blaise Compaoré faisait la promesse aux Dédougoulais qu'il allait goudronner la route qui relie Dédougou à Koudougou. Il lui a fallu vingt ans pour réunir les 40 milliards de francs cfa ( le chiffre est de Tertius Zongo) nécessaires pour bitumer le petit tronçon de 130 km.

Le 29 mai, l'entreprise EBOMAF, adjudicatrice des travaux de bitumage, a fait les choses en grand pour marquer le lancement officiel. C'était en tout cas une démonstration de force qui a vu EBOMAF aligner un arsenal impressionnant.
Une démonstration de force qui n'est pas loin de ressembler à une réponse au scepticisme qui avait fini par gagner les populations de Dédougou. Témoignage de cette décontenance, le gouverneur a dit qu'il s'était imposé lui-même une autocensure. Il ne voulait plus en parler, parce que sûrement, personne ne le croyait encore. Ces derniers temps, le sujet irritait même les populations comme le montrent les tracts virulents qui circulaient dans la ville.
Le lancement officiel devrait s'accompagner du début effectif des travaux, a rassuré le Premier ministre Tertius Zongo. Ce ne sera pas comme à Dori, chez les cousins des Bwaba. La route Dori-Terra a pris plusieurs années pour démarrer, alors que les travaux avaient été lancés en fanfare avec la caution morale du même Premier ministre. A la question : "est-ce que les Bobo auront-ils plus de chance que leurs cousins de Dori ?", Tertius a répondu : "mais vous n'avez pas vu comment je les ai chauffé ?". Effectivement, renseignement pris, les travaux à Dori ont commencé. Cette fois, explique Tertius Zongo, les dispositions ont été prises pour que les travaux ne tardent pas à démarrer. Tant mieux alors pour les gens de Dédougou qui devraient montrer bientôt leur reconnaissance infinie à celui qui leur aura permis d'avoir le goudron. La campagne présidentielle, c'est pour bientôt. Même si à Dédougou, elle avait déjà commencé avec la grande mobilisation de la FEDAP/BC représentée pour l'occasion par sa flamboyante icône "Maman Alizeta Gando", saluée comme il se doit par une banderole spéciale.

C'est la fin d'un absurde paradoxe !

Dédougou sera enfin relié à la capitale par le goudron. Une situation des plus absurde. Le Burkina Faso qui est structurellement affamé avait négligé d'aménager la route qui le conduit à son grenier. Les chiffres parlent d'elles mêmes, pour toutes les céréales, qui constituent l'aliment de base des Burkinabè, la région du Mouhoun est première. Pour le sorgho, le mil, le riz et le maïs, Dédougou produit a lui seul presque les 1/5e des besoins du pays. Le gouverneur a traduit cette réalité en expliquant que la région subvenait à ses besoins plus de 15 fois. Avec la réalisation de ce goudron, ce sera la réparation de cette situation absurde.
La nature elle-même semble s'être révoltée, puisque à la veille du lancement des travaux, le pont sur le Karouka, réalisé depuis la période coloniale, a cédé définitivement sous le poids d'un camion remorque, lourdement chargé de maïs, comme par hasard. C'est comme si la nature aussi s'insurgeait contre ce paradoxe. Maintenant que ce pont a cédé, la route devient définitivement impraticable, surtout avec la saison des pluies qui s'installe. Les nombreux invités venus de Ouagadougou, pour le lancement des travaux, ont dû emprunter des voies de contournement en passant soit par Bobo-Dioulasso et par Gassan.
Pour les habitants de Dédougou, venir à Ouagadougou va se compliquer encore davantage. Si les promesses ne sont pas trahies, leurs calvaires devraient durer encore 30 mois.
En 2013, si Dieu prête vie à chacun, les Dédougoulais devraient venir à Ouagadougou moins poussiéreux. En attendant, ils ont trois saisons de pluies à traverser et le calvaire de la poussière à endurer.

Une route de qualité

Sur le papier, la route Koudougou Dédougou est de qualité supérieure à celle de Dori et de Kongoussi. Le bitumage prévu est en bicouche pour la chaussée et en mono couche pour les accotements. La largeur de la chaussée est de 7m en rase campagne et de 8 mètres en agglomération. Les travaux permettront de réaliser trois ouvrages d'art importants dont un sur le Mouhoun (PK 50+575) et l'autre sur le Karouka (PK 101+590) où le pont est actuellement cassé.
Le coût de la route est différemment estimé. Sur les documents officiels, on parle de 32 milliards de francs cfa, décomposé comme suit : BADEA 4 milliards, BID 8 milliards, OFID 4 milliards, KFDA 6 milliards, FSD 6 milliards et le Burkina 4 milliards. Ce qui donne un total de 32 milliards de Francs CFA. Le Premier ministre, dans l'interview à la presse qui a suivie le lancement des travaux, a estimé le coût global à 40 milliards. Outre la route à bitumer, l'entreprise EBOMAF devrait réaliser des clôtures pour des écoles et des centres de santé dans les villages et les villes traversés.
En outre, l'entreprise devrait planter environ 5000 arbres, pour remédier les impacts sur l'environnement. Newton Ahmed Barry



16/06/2010
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