Contre Obama,Hillary Clinton déterre la hache de guerre
Après
ses deux nouveaux revers dans le Wisconsin et à Hawaii, la candidate à
l'investiture démocrate a décidé d'être plus tranchante face à Obama. Son
objectif est d'enrayer l'élan en faveur de son rival.
La
sénatrice Hillary Clinton a lancé, le 20 février, une nouvelle offensive
contre Barack Obama, déclarant platement que son rival dans la course à
l'investiture démocrate n'avait pas la préparation nécessaire pour devenir
"commander in chief" [commandant en chef des armées, l'une des fonctions
du président des Etats-Unis]."Il est temps de revenir à la réalité, d'être
réaliste sur la façon de gagner ces élections et sur les défis que doivent
relever les Etats-Unis", a déclaré la sénatrice de New York devant une
foule de partisans réunis au Hunter College de Manhattan.
Les victoires retentissantes remportées par Obama, mardi 19 février, dans
le Wisconsin et à Hawaii ont conforté l'avance du sénateur de l'Illinois en
nombre de délégués, faisant du même coup des primaires du 4 mars dans
l'Ohio et au Texas des duels décisifs pour Hillary Clinton. Après dix défaites
sans appel, la candidate à l'investiture est désormais derrière Obama, avec
1 262 délégués contre 1 351, selon une estimation d'Associated Press,
et voit diminuer comme peau de chagrin ses chances de ralentir la progression
de son rival dans la course à l'obtention des 2 025 délégués
nécessaires pour s'assurer l'investiture du Parti démocrate. Les 17 points
perdus par Hillary Clinton dans le Wisconsin ont démontré que sa critique
d'Obama (particulièrement virulente pendant les primaires dans cet Etat du
Nord) ne lui avait pas permis de faire basculer davantage d'électeurs dans son
camp.
Mais, au lieu de changer son fusil d'épaule, Hillary Clinton a choisi de
redoubler d'efforts pour décrédibiliser le message de changement de son
concurrent. "L'un d'entre nous est prêt à être commandant en chef. Soyons
réalistes. Soyons réalistes sur ces élections, soyons réalistes sur notre
avenir, soyons réalistes sur ce nous sommes capables de faire ensemble", a-t-elle
déclaré. "Obama a cumulé deux ou trois semaines favorables, mais il a
remporté des Etats où sa victoire était de toute façon attendue. Mais quand les
électeurs de l'Ohio et du Texas auront l'occasion de prendre la mesure du
candidat, sa bonne fortune prendra fin", a prédit la sénatrice de New
York.
Barack Obama a minimisé la dernière attaque en règle d'Hillary Clinton devant
17 000 personnes réunies à Dallas. "Aujourd'hui, la sénatrice
Clinton nous a dit que cette campagne exigeait un choix, et je ne peux
qu'abonder dans son sens. Mais contrairement à ce qu'elle soutient, il ne
s'agit pas de choisir entre des discours et des solutions. Il s'agit de choisir
entre plusieurs politiques, dont une, fondée sur la division et la diversion,
n'a pas fonctionné en Caroline du Sud, n'a pas fonctionné dans le Wisconsin, et
ne fonctionnera pas au Texas."
Lors d'une conférence de presse donnée par téléphone, plusieurs hauts
conseillers d'Hillary Clinton ont annoncé leur volonté de questionner Obama sur
son état de préparation pour la Maison-Blanche. Ils affirment en effet que, si
cette ligne s'est jusque-là montrée inefficace, c'est seulement parce que le
sénateur de l'Illinois a remporté une série de victoires contre sa rivale.
Désormais, a déclaré son principal stratège, Mark Penn, Hillary Clinton sera
plus tranchante pour souligner plus clairement ses différences avec Obama.
"Elle est la seule candidate dans cette campagne qui soit à la fois prête
à devenir commandant en chef et désireuse de mettre fin à la guerre d'Irak en
débutant le retrait des troupes dans les soixante jours [après son élection],
ce qui n'est le cas ni du sénateur Obama ni du sénateur McCain, a déclaré Mark
Penn. Elle est la seule à proposer un vrai projet de gestion de l'économie,
fondé sur la fin des intérêts particuliers et la reconstruction des classes
moyennes." "C'est un choix des plus difficiles, a poursuivi le
conseiller d'Hillary Clinton, et je crois que cela se verra dans le choix qui
va se dessiner au cours des prochaines semaines. La question est : qui est le
plus à même de diriger le pays en cas de crise, et le plus à même de battre le
candidat républicain ?"
Anne
E. Kornblut et Shailagh Murray
The Washington Post