Bénéwendé quand même !
L'homme à la barbichette n'est pas le prototype du politique burkinabè. Dans ce pays et en politique il faut être un "énarque" des mouvements politiques qui régentent ce pays depuis les premiers moments de l'Indépendance. Il y a deux écoles politiques qui légitiment les ambitions en politique dans notre pays. Il y a l'école des combattants pour l'indépendance, dont la plus illustre reste le RDA et l'école des patriotes révolutionnaires enfantée par le mouvement étudiant. Dans cette seconde école, dont les cadres gèrent les affaires du pays depuis le coup d'Etat du CSP1 en 1982, il y a le courant du PAI, anciens communistes aux convictions passablement ramollies par la gestion des affaires et les courants radicaux dont les emblématiques MONAPOL et le NCOL 21 nés en 1978 de divergences idéologiques (maoïstes contre staliniens). Il y a une troisième école, la plus importante mais dont personne ne parle : l'armée. C'est elle qui a toujours eu la réalité du pouvoir politique par la faute des politiciens. Et ce n'est pas prêt de changer.
Quand on n'est pas sécrété par l'une de ces familles, on est forcément suspect. Bénéwendé en souffre, lui qui n'est pas un pur produit du MONAPOL encore moins du NCOL. A l'université de Ouagadougou, et pendant les quatre années glorieuses de la révolution sankariste, il a fait allégeance à l'ULCR de Valère Somé (celui-ci raconte que Bénéwendé a pleuré de joie quand il a été admis), ce qui lui a permis de briguer le poste de délégué CDR de l'université de Ouagadougou. Mais ce n'est pas suffisant pour être adoubé membre de la "nomenclature".
Le nouveau chef de file de l'opposition burkinabè est donc un prototype nouveau de politiciens burkinabè. Entré en politique par effraction, on ne lui prédisait pas un tel succès. Première participation aux législatives en 2002, son UNIR/MS ravit la palme aux aristocrates du sankarisme. A sa première présidentielle en 2005, il cloue au pilori son professeur Laurent Bado en se classant deuxième après l'homme des "80% à hauteur d'homme". Aux législatives de 2007, son parti confirme son encrage dans l'opposition avec quatre députés, alors que dans l'ensemble tous les autres partis de l'opposition ont régressé. L'UNDD a même disparu, momentanément sûrement, de l'assemblée nationale. La désignation de Bénéwendé comme chef de l'opposition n'est pas imméritée, loin s'en faut. Mais ce n'est pas une promotion qui va le réconcilier avec ses ennemis intimes. Bénéwendé, le mal aimé de la classe politique est pour l'instant le choix du peuple. Ce serait bête que ces ennemis irréductibles ne se surpassent pas pour s'élever au dessus de leur subjectivisme forcément "petit". NAB 1 Le Conseil pour le Salut du peuple né du coup d'Etat contre le colonel Saye Zerbo