Blaise est-il la mascotte de la nation ?

Depuis un certain temps, l'image du président est utilisée pour illustrer les affiches de certaines manifestations à Ouagadougou. Sur des panneaux géants, le président apparaît avec son plus beau sourire, pour vendre l'événement. La trouvaille n'est peut-être pas mauvaise en soi tant le président se laisse regarder en image. Mais c'est quand même le président de la république. Il incarne l'Etat et sa personne est sacrée. Alors faut-il l'exposer sur les panneaux juste pour rehausser l'intérêt d'une manifestation ? La question a sûrement été débattue et ses conseillers en communication ont du juger qu'il y avait des avantages à le faire.
N'empêche que cette exposition fait suite à une série qui peut donner matière à interrogation. Est-ce que la campagne présidentielle aurait-elle déjà commencé ? Ou est-ce une dérive d'un vieux pouvoir qui ne sait plus quoi faire d'intéressant ? Il y a de petits faits qui pourraient laisser croire que Blaise Compaoré succombe perceptiblement au culte de la personnalité. Lors des cérémonies officielles, l'espace qu'il occupe est maintenant particulièrement drapé. Un immense tapis balise l'espace présidentiel et l'isole complètement des autres convives. Jusque là, la seule marque distinctive était son fauteuil mais il était sur le même espace que les autres. Maintenant, il participe à la même manifestation avec les autres, mais depuis un autre monde. Exactement comme le faisait les nobles de l'Ancien Régime dans les chapelles construites dans leur château fort.
Le dispositif protocolaire instruit mieux que tout autre chose sur l'état d'esprit d'un pouvoir. Celui de Blaise Compaoré a amorcé la phase d'isolement. Le pouvoir en soi déjà confine à la solitude, les marques protocolaires l'amoindrissent ou l'accentuent. On se rend compte effectivement que le président n'a plus autour de lui que des collaborateurs dévoués et non plus des compagnons des premiers moments de la vie. Ceux qui l'on connu quand il ne pouvait pas donner 100 000 f cfa à un visiteur.
Le président amorce visiblement un nouveau cycle de son règne. Il a atteint aujourd'hui une envergure internationale que bien de ses pairs lui envieraient. La gestion de cette nouvelle stature peut facilement déraper et on pourrait aboutir aux travers que les règnes de la nature ont connus sur le continent. L'ennemi principal d'un pouvoir, surtout quand il est aussi absolu, c'est le temps. Les courtisans sont enclins à expliquer autrement les choses. Mais le pouvoir politique ce n'est pas le vin. Il ne se bonifie pas avec le temps. Il se frelate. C'est la loi de la nature et personne n'y échappe.
Blaise Compaoré avait réussi jusque là à ne pas succomber aux travers du pouvoir. Le temps est-il entrain d'avoir raison de son bon jugement ? Ou est-ce les courtisans qui le débordent ? On nous a rapporté une scène à l'occasion de la cérémonie officielle d'ouverture du forum mondial sur le développement durable que Ouagadougou a abrité en octobre. Très tôt le matin, sous l'instigation de l'organisateur en chef de la cérémonie, Salif Sawadogo deux banderoles sont déployées. La première traduisait le message de la FEDAP/BC aux participants au forum et la seconde qui était signée la fondation Blaise Compaoré s'adressait aux mêmes participants. Les banderoles ont été déployées tôt le matin. Et puis arrive entre temps l'intendant du palais qui ordonne qu'on enlève ces banderoles. L'équipe à Salif Sawadogo s'est exécutée sans broncher. Il est possible donc que dans l'entourage immédiat, il y ait une compétition de zèles qui n'est pas toujours dans l'intérêt du président
La récente trouvaille d'exposer la photo du président pour donner du poids aux manifestations, sauf si elle annonce les propagandes électorales, n'est pas de bon goût. Le président garant du pays, c'est assez suffisant pour rendre la destination Burkina attrayante. Parce que si ça se poursuit on verra bientôt le président sur les prospectus des maisons de tourisme. Si à cause de lui les gens peuvent être attirés dans notre pays, pourquoi les opérateurs du tourisme n'en profiteraient pas. Si c'est notre principal attrait autant que tout le monde en profite. Le BBDA pourrait demander des droits d'auteur pour la fondation du président. Comme on dit la plus belle femme ne peut donner que ce qu'elle a. NAB



18/12/2009
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