Affaire Newton Ahmed Barry

Dossier : MEDIAS
"Je devais être assassiné à Lomé"

Par Newton Ahmed Barry

Les " journaleux braconniers " ont décidé que c'était fini de mon honneur. Après Sidwaya, L'Hebdo a pris le relais en tentant de déverser des vomissures sur mon compte dans des histoires montées de toutes pièces. Sans même avoir pris le minimum de précaution. Mais était-ce vraiment la peine ? C'était la grande occasion pour mettre fin au " mythe " Newton Ahmed Barry. On a donc décidé de me braconner par tous les moyens. D'abord à Lomé, qui devait être le théâtre de ma mise à mort physique, et ensuite chez moi même au Burkina Faso où des plumitifs étaient déjà pré positionnés pour déverser sur mon compte des torrents de saletés pour montrer qu'en réalité, je n'étais qu'un personnage vil (le mot délinquant et dealer sont contenus dans les écrits). Ceux qui ont monté ce plan ont oublié que j'étais avec ma femme et mes enfants. A moins que le scénario prévu était d'aller jusqu'à leur mise à mort. Avec des histoires de la sorte, il n'était pas question de laisser des témoins.

Je dois d'entrée de jeu dire que je ne connais pas le Bénin. Je n'y suis jamais allé pour quoi que ce soit, et surtout pas pour des vacances. Je ne connais pas de journaliste béninois avec qui j'aurai fait affaire et surtout pas une affaire de voiture. Donc, comme on le voit, sur toute la ligne, c'est du faux.
Par contre, et cela le ministre Philippe Savadogo qui a servi cette histoire à son journal Sidwaya et ensuite aux braconniers de L'Hebdo savait que c'était faux, puisque Germain Nama, mon Directeur de Publication, qui l'a saisi des problèmes que j'avais à Lomé, avait eu le retour d'information indiquant que les officiels togolais leur avaient dit que c'était "une affaire entre amis". Mais de quoi s'agit-il au juste ?
Comme chaque année, à la même période, j'ai l'habitude d'envoyer ma famille en vacances à Lomé. Depuis 2003 que nous allions en vacances, nous ne sommes allés dans aucun autre pays en dehors du Togo. Le 18 août dernier donc, malgré nos calendriers chargés, mon épouse et moi décidons d'envoyer quand même les enfants en vacances. Après une nuit au village à Gnangdin (à 15 km de Bittou), nous franchissons très tôt la frontière et prenons la route de Lomé. Nous arrivons vers 18 heures et regagnons notre hôtel, le même que nous fréquentons depuis 2003. A Lomé donc, nous avons, pour ainsi dire, nos habitudes.
Le lendemain de notre arrivée, le dimanche 19, je suis à la piscine avec les enfants vers 17h quand deux personnes se présentent à moi. Ils me saluent et demandent si j'étais Newton Ahmed Barry. Je leur réponds que oui !
Ils me disent qu'ils sont des Renseignements Généraux et de bien vouloir les suivre. Je leur demande s'ils ont un mandat. Ils me disent non ! Je leur demande s'ils ne se trompent pas de personne, car moi je suis un étranger et je suis là avec ma famille pour les vacances. Une des personnes répète mon nom et me demande si c'est pas moi ? Je lui réponds qu'il s'agit bien de moi.

Un enlèvement musclé à l'hôtel
Je leur demande alors si je peux voir leur carte professionnelle ? Ils se regardent, hésitent et un d'eux finit par sortir sa carte qu'il me présente furtivement. J'ai juste le temps de lire " Gardien de la Paix ". Je fais remarquer alors à mes interlocuteurs que Renseignements Généraux et Gardien de la paix, cela fait deux. Et que du peu de chose que je connais de la police, un Gardien de la paix n'est pas un OPJ (Officier de police judiciaire). Or, pour procéder à une interpellation, il faut être un officier de police. J'ajoute, " mais c'est possible qu'au Togo, il en soit autrement".
C'est pourquoi, je voudrais leur demander si quelqu'un au sein de l'hôtel peut attester qu'ils sont de la sécurité togolaise. Ils me répondent que le directeur de l'hôtel les connaît. Je dis qu'à cela ne tienne, allons alors voir celui-ci. Mais je leur demande juste le temps d'accompagner les enfants à leur mère qui est restée dans sa chambre. Alors que je conduisais les enfants en chambre et que les deux individus m'escortaient, nous rencontrons le directeur de l'hôtel. Je lui demande alors s'il connaît les deux messieurs qui m'accompagnent ? Il les regarde un instant et répond : "Non ! Je ne les connais pas". Je lui rétorque que pourtant, ces messieurs qui disent qu'ils sont des Renseignements Généraux affirment qu'ils sont connus de vous. Le directeur prend encore le temps de les observer, et maintient qu'il ne les connaît pas. Un des messieurs reprend en disant qu'ils sont plutôt connus des réceptionnistes avec qui ils ont l'habitude de venir chercher les fiches clients. Le directeur fait appeler le réceptionniste du jour. Ce dernier arrive et dit que lui aussi ne connaît pas les deux individus.
Ils commencent alors à montrer des signes de nervosité et menacent d'utiliser la force, si je ne veux pas les suivre. J'avais mon téléphone portable en main, un des individus menace de le retirer si je veux m'en servir. Je leur fais alors deux propositions, en gardant toujours mon calme. Je leur demande de remettre leur carte professionnelle, pour que mon épouse relève leur identité complète. Ensuite qu'ils disent où ils doivent me conduire et qu'ils me permettent de les suivre avec ma voiture. Ils refusent toutes ces propositions et m'embarquent de force dans une voiture, qui n'était en réalité qu'un taxi. Au Togo, c'est à l'immatriculation que l'on reconnaît les taxis. Les gens de l'hôtel signalent à mon épouse que j'ai été embarqué dans un taxi et non dans une voiture de police. Elle instruit mon neveu qui était avec nous à Lomé, de prendre rapidement la voiture et de les suivre.

Course poursuite dans la ville

Quand mes ravisseurs ont vu que nous étions suivis, ils se sont mis à accélérer et à slalomer entre les voitures. Mon neveu qui connaît assez bien Lomé, et conduit relativement bien, a tout fait pour les coller au pare-chocs. Après plus de deux heures de course poursuite et voyant qu'ils n'allaient pas semer le petit, mes ravisseurs se parlent en kabyais, passent un coup de fil et finalement, reprennent une autre direction. Quelques instant après, nous sommes devant le commissariat central de Lomé. Mes ravisseurs me débarquent et juste le temps de parler à une policière de faction et ils disparaissent.
Je reste un temps avec la policière qui me conduit pour interrogatoire. Je lui dis que je ne répondrai à aucune question, si on ne me signifie pas ce pour quoi on a procédé à mon enlèvement. Je dis bien enlèvement et non interpellation. Elle ne me répond pas et me demande d'enlever mes chaussures, d'enlever ma ceinture…. Elle m'arrache mon bracelet et ma montre et me conduit directement au cachot. Une de ces cellules sans lumière où sont entassés hommes et femmes, sur environ quatre mètres carrés. Une odeur de fin de monde s'y dégage puisque les détenus font leur besoin à même un petit récipient posé dans un coin. Lequel récipient était plein et se déversait par terre… J'ai dénombré sur ce petit espace 18 détenus, dont deux femmes.
Quelques instants après un policier revient et me demande si je suis près maintenant à répondre aux questions. Je lui répète la même chose. Je ne dirai pas un mot tant qu'on ne m'a pas dit ce pourquoi j'ai été enlevé. L'officier me rit au nez et dit ceci : " Chez vous, vous brûlez les journalistes. Ici, nous on fait mieux. Vous allez voir ".
Quand le policier s'en retourne, je commence à observer ceux qui m'entourent pour évaluer sa menace. Parce qu'il n'est pas impossible qu'il me fasse massacrer par les colosses qui étaient assis impassibles dans cet environnement indescriptible.
Entre-temps, mon neveu qui m'avait suivi, téléphone à mon épouse et lui indique où on m'avait conduit. Mais déjà, au niveau de l'hôtel, le directeur avait alerté la Ligue togolaise des droits de l'homme, mon épouse avait réussi à joindre Germain Nama qui avait aussi alerté nos autorités, sur ce qui était en train de m'arriver au Togo. Sidwaya, pour l'accabler, dit que le Directeur de publication du journaliste n'a pas dit aux autorités ce pourquoi j'avais été arrêté. Mais qui savait jusqu'à cet instant pourquoi j'avais été enlevé ? A l'hôtel, on a dit à mon épouse que si ce sont les Renseignements Généraux qui m'ont enlevé, il faut aller à leur siège, non loin de Lomé II. Mais la pauvre ne connaît pas Lomé. Quand mon neveu lui téléphone pour lui dire que j'étais au commissariat central, l'épouse du directeur de l'hôtel met sa propre voiture à sa disposition pour l'y conduire.

La scène au commissariat…

Toutes les alertes commencent à porter leur fruit et progressivement le commissariat central se remplit de monde. Un avocat commis d'office par RSF (Reporters sans frontières), section Paris, arrive immédiatement sur les lieux. Le correspondant de RFI (Radio France Internationale) arrive lui également et avec lui, d'autres confrères togolais informés par Sherif Sy, président de la SEP*. L'officier de police vient donc me sortir de la sinistre cellule et me conduit dans une salle où sont entreposés bancs et quelques bureaux. Mon épouse était déjà là. Et qui je vois d'autre ? Mon "djatigui" à Lomé, Lucien Messan, le Directeur de publication de Combat du peuple. Le seul ami que tout le monde me connaît au Togo. Je viens m'asseoir à côté de mon épouse qui me souffle à l'oreille qu'elle a fait l'accolade à Lucien, mais qu'il pue l'alcool. Dans l'état où j'étais, moi j'étais plutôt heureux de le revoir, puisque depuis mon arrivée la veille, je le cherchais en vain. Ce qui était totalement inhabituel dans nos rapports depuis 2002 que nous nous connaissons.
Et puis l'officier de police, qui est visiblement harcelé au téléphone sur l'affaire par ses supérieurs, donne la parole à Lucien Messan, mon "djatigui" qui, sans hésiter, annonce que c'est lui qui m'a fait enlever. Mon épouse qui était assise à côte de moi n'a pas le temps d'entendre la suite et s'évanouit.
Moi je peux juste demander mécaniquement à Lucien Messan si c'était vraiment lui qui m'a fait enlever. Il répond : "c'est moi !". Je lui demande mais pourquoi ? Dans un premier temps, il refuse de dire quoi que ce soit. Mon avocat, Maître Atto, lui fait remarquer qu'il n'est pas possible qu'il ne dise rien. Et l'interpelle de la sorte : "c'est votre ami, n'est-ce pas ?" "Oui !", répond Lucien. "Vous le faites enlever dans ces conditions et vous dites que vous ne direz rien ? Ce n'est pas possible", rétorque l'avocat. Lucien Messan s'énerve et commence à crier et lance à l'avocat que ce n'est pas une affaire d'avocat. Ce qu'entendant, le sang de l'avocat a fait un tour. Maître Atto est un défenseur des droits de l'homme et à notamment beaucoup défendu le même Lucien Messan, quand il était un journaliste engagé contre le régime de Eyadema. Maître Atto fait partie de ceux qui ont pu arracher au Togo, le droit pour un interpellé d'être assisté par un avocat, dès le commissariat de police. Ce qui est une grande avancée par rapport à la situation au Burkina Faso, où le prévenu ne peut-être assisté que devant le juge d'instruction. Dans les procédures, c'est déjà à la gendarmerie ou à la police que les affaires sont scellées. Bref, au Togo donc, sur cette question, les défenseurs des droits humains ont fait un formidable travail.
Revenons donc à Lucien Messan. Devant mon insistance et celle de mon avocat, il finit par expliquer qu'il m'a fait arrêter à cause de la BMW. Je lui demande laquelle ? Il me répond : "Celle que je t'ai vendue". Je lui rétorque : "Mais Lucien, il n'y a pas de contentieux autour de cette voiture". Effectivement, il n'y a pas de contentieux sur la voiture.

L'histoire de la BMW

En mai 2006, alors que je me rendais au village, ma voiture prend feu au niveau de Koupèla, dans un garage, pendant que le mécanicien s'affairait pour arranger la pompe à essence. On ne sait comment, dans ses manipulations, il a mis le feu à la voiture. Le mécanicien lui-même qui était couvert d'essence brûle dans l'incendie comme une torche. Quand ses camarades arrivent finalement à éteindre le feu sur lui, il était totalement brûlé. Nous le transportons d'urgence à l'hôpital de Koupèla. Malgré le préjudice subi, je me sentis obligé d'aider le jeune mécanicien en détresse. J'ai honoré les premières ordonnances et j'ai laissé un peu d'argent pour faire face à l'évacuation.
Je me retrouvais donc subitement sans voiture. L'assurance m'a dit qu'elle ne prenait pas l'incendie en compte puisque je n'étais pas assuré contre l'incendie. Le garage n'a pas d'assurance et ne peut pas, non plus, me rembourser ma voiture.
C'est en ce moment que j'ai appelé mon ami et grand frère Lucien pour expliquer ma situation. En effet, depuis que j'ai connu Lucien Messan, en Allemagne au cours d'un voyage d'étude en 2002, nous sommes devenus les meilleurs amis du monde. Toute ma famille, jusqu'à ma mère, connaît Lucien Messan. Idem pour moi aussi, je connais toute sa famille. Notre amitié est connue de tous. Quand je vais à Lomé, sans les enfants, j'habite chez Lucien. Je n'habite à l'hôtel que lorsque je suis avec les enfants. C'est une décision que j'ai prise dès le début, même si elle n'avait pas toujours plu à Lucien. Mais je lui avais expliqué pourquoi. Quand il vient à Ouaga également, nous sommes ensemble. Quand il est là, je n'ai pratiquement plus de programme à moi. Malgré la grande différence d'âge, Lucien Messan a la soixantaine passée, moi j'en ai quarante trois, nous étions vraiment des amis et j'admirais le fait que Lucien Messan, caractère soupe au lait prononcé, était quand même un homme de conviction. Nous n'étions pas toujours d'accord, sur les aspects politiques, mais nous avions l'un pour l'autre un mutuel et profond respect. Du moins, c'était en tout cas ce que moi je croyais.
Donc naturellement, quand ma voiture brûle en mai 2006, je l'appelle et le lui explique. Il me dit : "Barry, j'ai deux voitures que je n'utilise pas. Viens prendre celle que tu veux." Je lui dis effectivement s'il pouvait me céder la BWM dont il ne cesse de me venter les mérites. Il me dit spontanément : "Vient prendre". Je lui dit : "Non Lucien. Je ne veux pas que tu me la donnes. Je veux que tu me la vendes". Il répond en riant et me dit que je suis trop compliqué. Il me redit ce qu'il me répète tout le temps : "Pour moi Barry, entre nous, l'argent n'est rien. Notre amitié est plus importante que l'argent. Et tu sais je ne suis pas à un million près…". J'insiste toujours pour que la voiture me soit vendue. Nous finissons par nous entendre sur trois millions f cfa. C'est une BMW de 12 ans environ, même si elle parait en bon état.
Je le préviens cependant, que je n'ai pas la totalité de la somme. S'il est d'accord, je peux lui faire une avance de 1 million 5 cent mille et qu'il me dise quand est-ce que je paie le reste de l'argent. Ces échanges, nous les avons eus au téléphone. Lucien me répond qu'il ne faut pas que je me foute de lui. Entre lui et moi, il ne peut pas se poser des questions d'argent. Si j'ai l'avance, de venir prendre la voiture.
Nous avions à la maison une autre vieille voiture de ma femme, une Audi. Je demande à mon neveu de la bricoler pour voir si elle peut nous conduire à Lomé. C'est ce qu'il fit. Arrivé à Lomé, je verse le million et demi à Lucien, argent que nous avons du reste dépensé ensemble, puisque nous sommes allés faire des emplettes pour la soirée à son village. Nous étions si occupés à nos retrouvailles que nous n'avons pas engagé les formalités pour les papiers de la voiture. J'avais dit à Lucien que je ne voulais pas durer, parce que je m'étais beaucoup absenté ces derniers temps et il fallait que je sois plus présent au journal. Qu'à cela ne tienne, Lucien m'écrit juste une attestation de vente. Effectivement, je prends la route et je rentre à Ouaga avec la BWM. Pour s'assurer que mécaniquement tout va bien, Lucien m'accompagne jusqu'à "Zongo", à la sortie de Lomé. Nous sommes en mai 2006.
Je négocie avec Lucien, pour que son mécanicien accepte retaper la Audi, dans laquelle nous sommes venus et qu'il faut refaire complètement. Le mécanicien me fait un devis d'environ 2 millions. Cette voiture était dans le garage de Lucien, jusqu'à notre dernier séjour.
Et comme peut l'attester l'historique des appels de mon portable, Lucien, comme d'habitude, a été régulièrement informé des préparatifs du voyage et lorsque nous avons fini les formalités à la frontière Cinkansé Togo, je l'ai encore appelé pour lui dire que nous étions en route et que si tout va bien, nous serons à Lomé vers 18 heures. Une fois à Lomé, j'ai immédiatement rappelé Lucien. Mais curieusement, il était devenu subitement injoignable. Comment on peut avoir à l'esprit de gruger quelqu'un et le tenir informé de son arrivée ? Quand j'explique cela à la petite assistance au Commissariat Central de Lomé, tout le monde est médusé.
Evidemment, les braconniers de L'Hebdo, dans leur ignominie maladive, racontent que nous avions l'habitude de passer nos vacances au Bénin et que pour gruger notre créancier, nous avons changé de destination. Suprême calomnie. Comme je le dis, je ne connais pas le Bénin et je n'y ai jamais passé des vacances.
Je répète qu'entre Lucien et moi, il n'y a jamais eu une affaire d'argent. Il ne m'a pas réclamé ses sous et mieux, s'il y a dette, chacun de nous doit à l'autre. Lucien le sait bien. Mon éducation à moi m'empêche de parler de certaines choses qui se sont passées entre amis. Je ne suis pas riche, mais pour mes amis, je peux faire plus qu'une vieille voiture…Je dis ces choses là sous le contrôle de ceux qui me connaissent bien.
Mais malgré tout, j'avais budgétisé la somme de 700 000 F Cfa que j'avais fait déposer sur mon compte ECOBANK, pour justement diminuer ma créance vis-à-vis de Lucien.
Alors, en quoi cette affaire peut-elle me valoir d'abord un enlèvement crapuleux et ensuite un tel braconnage dans la presse ?

Lucien n'est qu'un instrument
Mais je comprends. Lucien n'a été qu'un instrument dans cette affaire. Ceux qui l'ont orchestré et planifié sont bel et bien à Ouaga. Je ne veux nullement faire dans le pathos. C'est la triste réalité. Pourquoi inventer un récit aussi invraisemblable, alors que la réalité est toute simple. Pourquoi se donner tant de mal à inventer une épopée qui n'a jamais existée ? Je devais être assassiné à Lomé et la justification est simple. " Newton Ahmed Barry que tout le monde respecte ne serait en réalité qu'un vulgaire bandit. Voilà qu'il est allé voler une voiture au Bénin, a fui par le Togo. C'est en tentant de l'arrêter que les policiers togolais l'ont tué." Une simple histoire de délinquance, comme l'a si bien écrit " le journal de tous les Burkinabè ", Sidwaya.
Il faut tout de même rappeler la chronologie des écrits :
l'affaire a eu lieu dimanche 19 août à 17 heures. Je suis resté seulement quelques heures au commissariat…
Deux jours après, Sidwaya écrit son récit en soulignant que je suis écroué à Lomé. Quand l'écrit paraissait, à Sidwaya, on savait la stricte vérité. Mais la décision était déjà prise de raconter le récit invraisemblable. Pourquoi ?
Les braconniers de L'Hebdo, eux, ont attendu une bonne dizaine de jours après pour réarranger l'histoire. Avec L'hebdo, on a conservé le Bénin, mais on ne sait plus comment j'ai traversé. Il insinue alors que j'aurai pour ce faire passé un deal. Et la boucle est bouclée. Je suis un bandit et un dealer.
Bref ! Ce dont je suis coupable, c'est d'avoir fait appel à un ami, alors que je traversais une mauvaise passe. Une sollicitation qui ne m'a pas porté bonheur sur toute la ligne. D'abord, la voiture s'est révélée une mauvaise affaire, elle est tout le temps au garage. Actuellement, son joint de culasse a brûlé. Il me faut donc un nouveau moteur. Ensuite elle servit de prétexte pour que l'on passe par un proche pour me liquider physiquement d'abord avec l'enlèvement de Lomé et ensuite moralement par les invraisemblables histoires que les braconniers de la presse ont cru pouvoir en tirer pour " tuer le mythe " que je parais à leurs yeux. Moi personnellement, je ne me suis jamais représenté comme tel. Mais il faut vraiment que la chose ait été bien planifiée. Parce qu'on ne peut pas mentir comme cela de façon éhontée. Fabriquer des histoires rocambolesques sur le compte d'une personne sans même se soucier de la vraisemblance. Germain Nama qui a eu le directeur de Sidwaya lui explique que ce n'est pas vrai ce qu'il a écrit. Mais ce dernier persiste.
C'est comme au temps de la PRAVDA en Union Soviétique. Sur les opposants, on fabrique des histoires invraisemblables qui servent à justifier leur mort. Je serai mort à Lomé ce 19 août, c'est cette version qui aurait été servie. Ma famille allait être aussi massacrée pour ne pas laisser de témoin. Pour l'instant, je suis en vie…pour le reste, c'est Dieu qui décide.


" SEP (Société des Editeurs de la Presse écrite)


On veut braconner mon honneur


On racole sur tout. Le fait de me présenter comme un bandit dealer ne suffit pas. Il faut en apporter la preuve. Mon train de vie. Je n'ai jamais parlé de moi, mais je suis hélas contraint de le faire. Je m'excuse par avance auprès de ceux-là que certains aspects de mes propos pourraient choquer.
C'est au début des années 1980 que nous sommes arrivés sur le campus, Zéphirin Poda (Directeur de publication de L'Hebdo) et moi. Lui d'une année mon devancier. Mais nous étions dans le même département d'Histoire et d'Archéologie. Alors que lui était un excité politique, chantant d'abord que le CNR et son président Thomas Sankara étaient infaillibles et éternels, puis ensuite que Blaise Compaoré qui l'a éliminé avait eu raison, nous, nous avions, tout en croyant profondément en la Révolution et en son président, une approche plus lucide des choses.
Mais déjà, Zéphirin Poda n'était qu'une alouette criant aussi fort que possible pour après aller à la permanence CDR de l'UO négocier des suppléments de tickets RU (Restaurent universitaire) pour tenir le mois. Sur le campus, alors que Zéphirin Poda attendait la bourse d'installation et le trousseau pour souscrire au prêt moto au CENOU, moi je suis arrivé au Campus avec ma mobylette. Mes parents me l'avaient achetée. Mais ce n'est pas au Campus que j'ai connu une mobylette. Je parle sous le contrôle de mes promotionnaires de l'école primaire de Sanogo (dans le département de Garango). Depuis le Cours élémentaire (CE), je partais à l'école avec ma mobylette. En raison du soutien familial, j'ai pu changer de mobylette chaque année durant mon cursus universitaire. Tandis que Zéphirin Poda a terminé avec la même mobylette, qu'il a acheté en première année. Mais je n'ai jamais fait dans l'ostentation. Je n'ai pas été éduqué dans ce sens. Devenu grand, je n'ai pas changé. Même si entre temps, mon père décédé, je suis devenu le gestionnaire des biens de la famille. Mais en disant cela, je n'ai aucun mérite particulier. Personne ne choisit ses parents. Ce que je dis là aussi est vérifiable à Gnangdin, à Pagou et à Bittou même.
Mais sur le plan personnel, la différence entre Zéphérin Poda et moi, c'est qu'à Poda, on a tout donné en récompense pour service rendu politiquement, alors que ce que je suis devenu, je le dois à Dieu et à lui seul. Voici pour cela nos parcours professionnels :
En 1990, je passe le concours de l'école de journalisme. Sur les candidats des neuf (09) pays africains francophones qui ont postulé cette année pour le CIERRO, je suis admis major de tous. Deux ans après, je finis la formation major.
Quant à Poda Zéphirin, qui n'a jamais rien réussi par lui-même, c'est en récompense politique qu'on lui offre une place au CESTI de Dakar. Naturellement, il en reviendra sans diplôme. Je ne suis même pas sûr qu'à l'heure actuelle, il a pu obtenir un quelconque diplôme de journalisme. Revenu sans diplôme, ses obligés politiques l'ont, dans un premier temps, casé à la mairie où il n'a pas fallu longtemps pour qu'il indispose Simon Compaoré. Et puis entre-temps, l'affaire David Ouédraogo et quelque temps après celle de Norbert Zongo lui donnent encore du travail. Le seul qu'il sait faire. Les ragots. On créa donc L'Hebdo et on le mit à la tête.
Pour la création de L'Evénement, c'est une SARL en bonne et due forme que nous avons montée. Nous sommes quatre à le faire, pour un capital de 1000 000 F cfa, totalement libéré au Cabinet de Maître Sankara. Les textes sont là. Les actionnaires aussi. Il s'agit de Bamas Stanislas, du vieux Basile, de Germain Nama et de moi-même.
Entre L'Evénement et L'Hebdo, ce n'est pas seulement une différence de ligne éditoriale. C'est totalement une différence d'éthique. L'Evénement s'est mis entièrement au service des valeurs humaines et sociales les plus nobles, tandis que L'Hebdo ne sait rien faire d'autre que les calomnies les plus viles. La mission de ce canard, c'était d'abord de pourfendre le Collectif contre l'impunité, puis ses leaders et aujourd'hui, toute personne qui refuse la compromission.
L'Evénement s'est résolument mis du côté des faibles et des pauvres. C'est pourquoi justement, nous sommes obligés de parcourir tout le Burkina Faso, pour venir en aide aux personnes bafouées dans leurs droits. Dans ces conditions, il est impossible d'avoir une voiture qui tienne longtemps. Ce qui nous contraint d'en changer au moins tous les trois ans. Une " au revoir la France " qui arrive déjà chez nous vieille de dix ans ne peut pas tenir plus de deux ans dans l'état actuel de nos routes.
Mais franchement, si c'est pour une voiture de 12 ans, c'est l'âge de la voiture que m'a cédée mon ami Lucien, que l'on doit s'inquiéter de mon niveau de vie. Je dois dire, il faut vraiment le faire. Car au lieu de s'inquiéter, il faut même me plaindre.
La création de L'Evénement n'a rien apporté de plus à Germain et à moi que nous n'avions déjà acquis. Ce journal n'est donc pas une rente de situation, mais bien pire. Comme nous avons fait les choses dans les règles de l'art, personnel et journalistes déclarés, pigistes décemment payés, pour un journal qui a peu de publicité, les fins de mois sont très difficiles. L'Evénement verse à Germain et à moi chacun 150 000 F Cfa ( cent cinquante mille francs CFA) par mois. Si nous exigeons plus, le numéro suivant ne paraîtra pas. Mais c'est un sacrifice et nous sommes obligés de faire autre chose pour vivre et faire vivre nos familles. La rentrée scolaire s'annonce. Le journal n'est pas capable de nous faire même des prêts scolaires. Depuis que j'ai quitté la Fonction publique, je n'ai plus de revenu autre que celui que me procure quelques consultations.
Je ne vis pas donc ostentatoirement. La maison familiale que j'ai à Ouaga, je l'ai construite quand j'étais encore au service militaire. C'est un bien commun à mon épouse et moi. Nous avons commencé avec nos économies et puis nous avons demandé un prêt bancaire pour la terminer. Cela est vérifiable auprès de mon ami Dr Mathias Somé, qui m'a présenté au PDG de la BIB, de mon témoin de mariage Baba Hama (Délégué général du FESPACO), qui a accepté être notre caution, malgré l'hypothèque que la banque prenait sur la maison en construction.
Ma ferme à Gnangdin est érigée sur le fonds que mon père m'a légué. J'ai imaginé cette ferme pour qu'elle s'auto suffise dès le départ et pour servir de ferme école à tous mes parents qui sont obligés aujourd'hui, devant la rareté de la ressource terre, de changer leur façon de faire l'élevage. Ceux qui sont venus voir la ferme ont vu l'évolution des choses. De la première case (conservée) que j'ai construite, en passant par la première maison en tôle améliorée, jusqu'aux constructions actuelles en pierre taillée.
Je l'ai fait progressivement à mesure que le retour sur investissement le permettait. Parfois quand c'était financièrement indiqué, je demandais un prêt bancaire.
La construction de la ferme est aussi un véritable challenge pour moi. Je ne l'ai pas fait parce que j'avais de l'argent. Mais je l'ai fait et progressivement parce que je crois qu'elle est utile. C'est la même chose avec la construction avec les matériaux locaux et notamment avec les pierres taillées. Je pense que nous avons la possibilité de retenir nos frères sur place et leur éviter les affres de l'émigration. Nous qui avons eu la chance d'aller à l'école avons une double responsabilité vis-à-vis des nôtres et de notre pays. Tout ce que je fais, je n'ai pas attendu un quelconque poste administratif ou politique pour le faire.
C'est sûr que si j'avais voulu être égoïste, j'aurai pu m'acheter une bonne voiture sans courir le risque de me faire humilier par un ami. Mais malgré cela, je ne regrette rien. Cette épreuve m'a permis de connaître un peu plus l'homme. Je remercie tous ceux, très nombreux, qui m'ont apporté, d'une façon ou d'une autre, leur soutien et leur amitié. Les Burkinabè ne sont pas dupes. C'est possible qu'après cet enlèvement raté, on veille récidiver d'une façon ou d'une autre. Moi je ne connais que Dieu.
Mais ce n'est pas la première fois que l'on recherche des choses à me reprocher. Quand en décembre 1998, immédiatement après l'assassinat de Norbert Zongo, j'écris : "Si l'Etat n'est pas coupable, il est responsable", tout de suite la machine s'est mise en branle pour voir si je n'avais pas détourné de l'argent à mon poste de directeur de la communication de la Deuxième Chambre. On n'a rien trouvé. Et fâché de n'avoir rien trouvé du tout, on avait voulu monter en épingle les perdiems qui m'avaient été servis pour une visite officielle au Sénat en France. Après, ils se sont rendus compte, les mêmes qui s'acharnent toujours sur moi, qu'il était difficile de retenir cela contre moi. Les perdiems m'avaient été régulièrement servis. Et je n'ai eu droit qu'à mes perdiems et rien d'autre. Et puis, on alla voir du côté de l'Assemblée nationale, si pour l'émission "Ces lois de l'Assemblée…" que j'animais, je n'avais pas reçu un budget ou une dotation que j'aurai mal gérée ou cachée. Là-bas aussi, très vite, nos fins limiers se sont rendus à l'évidence, il n'y avait rien. On leur a même dit que pour réaliser cette émission, j'utilisais ma propre voiture et mon carburant. Pour cette émission qui a été primée meilleure émission de la TNB en janvier 1997, je n'ai jamais rien reçu de l'Assemblée nationale. Pas même une goutte d'essence.
Comme on le voit, l'acharnement est continuel. On me suit dans mes moindres faits et gestes espérant trouver le moyen de me réduire.
Seul Dieu sait de quoi demain est fait. Je suis conscient de ma faiblesse d'humain. C'est pourquoi, je prie chaque jour pour que le Tout Puissant me préserve de la dérive et de fausses tentations. Comme disent nos sages, "l'homme n'est pas dix". Il est neuf". Je ne suis qu'un homme. Une fois de plus, je m'excuse auprès de ceux que certains aspects de ce récit ont pu choquer.

NAB



25/10/2007
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