Plus de 2 millions d'enfants dans les rues du Faso?
Il faut toujours savoir, pour une journaliste, de qui on tient certaines informations, la question « d'où l'on parle » ne vaut pas seulement pour soi, mais aussi pour nos informateurs, alors j'ai eu dans mes correspondantes, ce mail que je vous donne. Ma correspondante est une assistante sociale, de ces organisations et personnes qui avaient alerté sur Braudeau, l'irresresponsable de l'arche de Zoé. Elle connaît bien que les milieux caritatifs qui s'emballent. Elle travaille dans les associations pour vérifier les vocations à l'adoption et auditionne les candidats. Ce qui est original dans l'action de personnes comme elle, c'est qu'elles situent leur action pour tenter de persuader les parents candidats à comprendre qu'ils adoptent pour eux, par désir égoïste, légitime ou pas, la question est très complexe et la réponse plus encore,et pas pour l'enfant puisque pour celui-ci son "bonheur" ou ce qu'il en reste, est chez lui, dans une structure dont le coût est certes important mais moindre que l'adoption et que c'est ces structures sur place et les gens qui s'y consacrent qui doivent être aidées moralement, financièrement, et en appuis divers -formation par exemple- (je pense aux orphelinats prisons de Russie actuellement qui sont justement ce contre quoi on doit lutter si on a le bien des enfants en vue). Cela permet à certaines personnes qui, pour suivre le discours misérabiliste ambiant, sont tenter d'adopter « pour l'enfant » et finissent par aider des structures nationales en parrainant un enfant qui ainsi reste dans son pays, où il peut encore se socialiser heureusement car d'une part il est aidé et d'autre part n'est pas coupé de sa parenté quand il lui en reste. Dans le récit qui va suivre, j’intègre (Ramata) des commentaires aux remarques de ma correspondante.
Lors d'une réunion le 27 octobre 2007 à La chapelle Montligeon dans le cadre d'une assemblée générale d'une association permettant l'adoption en Afrique, la Ministre de l'action sociale et de la solidarité nationale du Burkina Faso, Pascaline Tamini, est venue parler devant une assemblée de personnes qui consacrent partie de leurs revenus et temps à diverses actions humanitaires autant en France qu'à l'étranger et beaucoup d'entre elles sont impliquées dans des actions diverses au Burkina, le pays le plus aidé par la Région Normandie. Par la force des choses, de la région et de l'action caritative, beaucoup de ces personnes sont croyantes et de diverses obédiences, travaillent cependant au-delà de leurs clivages religieux. Pendant son discours, la Ministre a affirmé qu'il y avait de 2 à 3 millions d'enfants abandonnés dans les rues des villes du Burkina. Son discours me semblait être une improvisation.
La Ministre parlait manifestement d'enfants, de jeunes enfants de moins de 12 ans. Je rappelle qu'au Darfour actuellement l'effectif des « enfants » de moins de 18 ans est de 800 000 parmi les réfugiés. On comprend que le public ait été effaré d'une situation burkinabè où le nombre des victimes recensées soit 4 à 5 fois plus, alors je pense quelle aurait été plus médiatisée que le Darfour !
Ce que je n'ai pas aimé dans ces dires se sont les mélanges de genres avec des propos allant dans tous les sens. Ce qui m'agace dans les discours confus c'est qu'ils empêchent l'autre d'élaborer et de penser... ce qui me parait être de la manipulation... anonyme Ses dires étaient soit religieux avec des références à Dieu ce qui, je l'ai vécu comme cela, culpabilisait un maximum l'auditoire, pourtant déjà super acquis à la cause. Les personnes présentes sont toutes très investies dans plein d'actions pour aider comme ils peuvent le Burkina et je trouve qu'elles sont respectables, certaines sont d'ailleurs tout à fait en dehors d'une démarche chrétienne et sont dans une vrai aide humaine (et pas humanitaire, adjectif qui perd de son sens, justement à cause de personnes qui sont pas clairs dans leurs objectifs). Beaucoup de ces personnes agissent après une adoption par "reconnaissance", terme noble pour moi (car justement en dehors de toute obligation), et par respect du pays d'origine de leur enfant.
Elle savait apparemment tous des objectifs de Dieu… Je l'envie). Mais s'est bien garder de nous énoncer les siens.
Elle a énormément parler de "L'universalité de l'homme"......et des 2 millions (ou 3 maintenant j'ai un doute, mais c'était dans ces normes) des enfants dans la rue, et qui fallait pas les oublier ... (On fait ce qu'on peut Madame!!!) de l'illettrisme (70% selon ses dires). Ce qu'elle nous demandait de comprendre alors que l'on disait rien par rapport à çà et que c'est urgent, voir obligatoire d'aider, de partager (on fait toujours ce qu'on peut Madame..) les richesses du monde… Mais là encore elle n'a rien dit de ce que elle et les associations qu'elle supervise, font.
Bref. Elle allait dans tous les sens et je n'ai sans doute pas tout compris mais j'ai surtout était très mal à l'aise qu'elle rende responsable l'univers entier de l'état actuel du Burkina, de l'utilisation (instrumentalisation diraient certains) de Dieu et de nous faire la leçon...
in fine, j'aurais aimé que la ministre parle concrètement de ce qu'elle et son ministère font pour son pays au lieu de conseiller la planète sur ce qu'elle doit faire pour le Burkina. Ou alors, c'était tellement subliminal ou en filigrane que je n'ai pas entendu !!!
Il est vrai qu en arrière-plan, je ne pouvais pas m'empêcher d'entendre la petite voix de Saratta sur le Burkina....et la grosse voix de Bernard sur l'Afrique!!! Deux voix auxquelles j'aurais la faiblesse d'accorder du crédit...
Bon je m'arrête mais elle m'a bien énervée la ministre.