A balles réelles contre les internes, ménaces contre les journalistes

Dans l'après-midi du lundi 27 octobre 2008, le Centre hospitalier universitaire Yalgado- Ouédraogo de Ouagadougou a été le théâtre d'assauts de forces de l'ordre contre les étudiants en médecine réclamant des indemnités de stage.

Je dis bien assauts, car c'est toujours à arme inégale que les deux camps s'affrontent si affrontement il ya. Pire, les forces de l'ordre ont utilisé des balles rebelles contre les étudiants. «Notre interlocuteur –un étudiant- nous présente un de ses camarades qui a une main ensanglantée, avec un impact de projectile dans la paume. Est-ce vraiment l'impact d'une balle réelle ? Sur la question, un groupe de policiers sur le pied de guerre, nous ont répondu tout de go par l'affirmative» rapporte le journaliste des Editions Le Pays. Et pire, ces forces de l'ordre veulent ''se faire encore les journalistes'' puisque sans sourciller, ils ont osé demander à celui du journal Lepays s'il voulait également recevoir une balle. Le cas Norbert Zongo est toujours pendant et c'est verser de l'huile sur le feu de que de proférer de tels propos à l'endroit d'un homme muni de plume. C'est indigne d'une structure republicaine; c'est indécent pour un gouvernement celébrant ces 21 ans de renaissances démocratiques. C'est manquer aux principes élémentaires de l'exercice de la profession et ouvertement et vertement provoquer les organisations et associations de journalistes.

Un peu de décence pour les malades

Même malgré les preuves tangibles, infalsifiables et saignantes (pendant ce temps, des étudiants, une dizaine, geignaient dans les couloirs du service de traumatologie. Certains portaient de multiples pansements rapporte le journaliste des Editions Lepays), le responsable de l'Hôpital Yalgado, le Dr Lansandé Bangagné a nié l'utilisation d'armes à feu avec balles réelles. «Ce n'est que du gaz lacrymogène qui a été utilisé». Ce mensonge me rappelle bien celui de juin dernier lorsque les Forces de l'ordre sont intervenues à l'université de Ouagadougou en utilisant des balles réelles. Le responsable l'établissement et le ministère avaient niés l'usage d'arme à feu malgré les meurtrissures à balles reçues par les étudiants et autres douilles ramassées sur le campus.

Rien qu'en s'en tenir au propos du directeur de l'hôpital Yalgado. En mon sens, je pense qu'il est indécent que cette direction laisse entrer et tirer des gaz lacrymogènes à l'intérieur de l'hôpital, si c'en est vraiment un. Pour moi, un centre hospitalier, digne de ce nom est un refuge pour les corps fragiles ou fragilisés par la maladie. De ce fait, pour le respect, le bien-être et la sécurité des malades, des accompagnants, du matériel et du personnel soignant, un quelconque corps (forces de l'ordre, gaz lacrymogène) n'y a pas sa place.

 

Pacificateur ailleurs, bourreau chez lui

 

Un paradoxe sur notre terre. Blaise Compaoré, sensé être un faiseur de paix au niveau international est un piètre négociateur au niveau national. Contre pot de terre, il utilise pot de fer. Il est temps qu'il inculque à ces subordonnés, agissant et réagissant pour lui faire plaisir de se mettre à l'école de la négociation. Car aussi bien cet assaut que celui de juin dénonce le manque du sens de la négociation chez les différents responsables. Il faudra que tous, également les étudiants apprennent à négocier au lieu d'engager un bras de fer. Car à force d'user et d'abuser de la violence, l'on mettra ce pays à feu et à sang !

Le peuple veut du bonheur donné par le bâton de pèlerin de la paix de Blaise Compaoré. Les Burkinabè ont droit au bonheur. Il est temps que le rêve que vivent les autres peuples soit Burkinabè.

Toutefois, cet droit au bonheur doit obliger le peuple burkinabè à se battre, à dénoncer, à s'offusquer, à condamner, à réprimander, à exiger des explications sur les actions, les réactions du gouvernement. Cette implication lui permettra de se remettre en cause, de se corriger et d'avancer. Mais encore une fois, le peuple se tait sur la situation de ses enfants brimés, sauvagement réprimés et pourchassés comme des voleurs, battus au sang. Pourquoi donc cette attitude ? Son indifférence, le peuple tente de l'expliquer quelquefois par le fait qu'il est fatigué de la vie dure et sa cherté, de la corruption ; qu'il veut vivre tranquillement sans ennuis. Mais, il oublie, une chose, on vit tranquille lorsqu'on a lutté pour obtenir et garantir quelque chose.

Dans l'un de mes billets ou posts, j'écrivais ceci : « D'ailleurs, faut-il toujours attendre que les dictateurs et leurs lignages nous oppressent à leurs guises, nous malmènent, puis décident, quand ils le veulent de quitter la scène mais pas la cour ?

Mais où est le peuple Burkinabè ? Que fait-il pour s'approprier sa politique ?

 

Certes, de plus en plus de Burkinabè crient au renouveau, au changement, en somme à la renaissance, pas à celle démocratique prônée par Blaise Compaoré depuis plus de 20 ans, mais au changement interne. Et je me dis que cela est beau, cela est bien. Mais lorsque l'on veut détrôner un despote, il faut que l'on s'assure que le trône du despote érigé en nous même est bien détruit.

 

Pourquoi ? Parce que si ce trône demeure toujours dans notre cœur, si ce trône sanglant existe toujours dans nos pensées, dans celles des Burkinabè qui se disent libres et fiers, ce despote, ce tyran, ce dictateur, donner lui le nom que vous voulez, règnera toujours. La tyrannie de cet Etre indésiré existera à jamais en nous.  Alors pour qu'il ait un changement réel du Burkina, il faut que nous l'acceptions d'abord dans notre cœur. Il faut que nous vivions ce renouveau à travers notre pensée, par nos actes et nos propos. Et d'une seule voix. Comme un seul ETRE, nous ferons BOUGER les montagnes comme l'Himalaya».

Ramata



31/10/2008
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