Vallée du Sourou : le riz manque, la tomate pourrit
Dans la vallée du Sourou, tantôt la production vivrière est en surplus et pourrit, tantôt elle est déficitaire du fait du manque d'eau. Dans les deux cas, la désolation est le lot des paysans. L'espoir de ces derniers : une probable souveraineté alimentaire instaurée par le gouvernement.
Il y a pénurie de riz dans la zone rizicole de la vallée du Sourou, située à
"Il n'y a pas de riz ici. La production de la saison dernière a été écoulée par les paysans.", prévient Roland Ilboudo, DMV (Directeur de la mise en valeur) à l'Autorité de mise en valeur de la vallée du Sourou (AMVS). Puis de renchérir : "Cette année, la récolte est mauvaise". En effet, dans cette vallée rizicole, les rizières mises en valeur sont rares. La principale cause : le manque d'eau dans le fleuve Sourou. Ce cours d'eau, selon Roland Ilboudo, est alimenté par le fleuve Mouhoun alors que celui-ci est presqu'à sec. Outre cette première situation, les riziculteurs, par la voix de Tiékoura Zalla, vice-président de la Coopérative agricole de Niassan (Cani), reprochent à l'AMVS d'avoir "fermé les vannes distribuant l'eau". A ce propos, Roland Ilboudo soutient que la gestion des vannes incombe à la Direction régionale de l'agriculture. "L'AMVS ne gère pas les vannes d'eau et les paysans le savent", renchérit-il. Pour clarifier la situation sur cette gestion des vannes, Roland Ilboudo a déclaré que le vendredi 16 mai 2008, le responsable de la Direction régionale de l'agriculture, les paysans et lui se sont rencontrés pour en discuter. Il est ressorti de cette réunion la volonté des paysans de voir l'AMVS gérer les vannes d'eau, étant donné qu'elle connaît les réalités et les besoins des paysans en matière d'eau. Pour l'heure, les différentes parties attendent que cette doléance soit transmise aux autorités compétentes. En 2005 également, le problème de gestion d'eau et de vannes s'est posé. Il a engendré une perte pour les riziculteurs : "Nous avons perdu 35 millions", soutient Tiékoura Zalla. S'agissant des pertes de cette année 2008, les évaluations n'ayant pas été encore faites, ni Roland Ilboudo ni Tiékoura Zalla ne sont en mesure d'estimer le montant des dommages.
Dans les rizières, on ne rit plus
Malgré cette situation de crise, Roland Ilboudo assure que sa structure fait de son mieux pour "sauver le riz" actuellement cultivé. Pour ce faire, les paysans ont reçu des motopompes devant leur permettre d'aspirer l'eau. Ces dernières ne sont d'aucune utilité du fait que le fleuve Sourou est presqu'à sec. Aussi, les rizières, vastes étendues à perte de vue, sont parsemées d'herbes jaunâtres. Les quelques paysans téméraires qui ont osé mettre en valeur leurs champs ont des plants ressemblant à du gazon. Ils ne possèdent aucun grain de riz. Et les riziculteurs se retrouvent endettés et incapables de rembourser les crédits contractés. "Ma préoccupation actuelle, c'est de savoir comment rembourser les
Avant la pénurie qui sévit dans la vallée du Sourou, le sac de
Dans la vallée du Sourou, en campagne humide,
Mauvais état des routes
Les années précédentes, lorsque le riz était produit en abondance dans la vallée du Sourou, seulement une petite quantité était étuvée par les femmes, "le reste était emmagasiné, puis acheté à vil prix (
Outre la difficulté d'écoulement du riz, il y a celle de la pré-transformation. La localité de Niassa ne dispose pas d'une décortiqueuse. Les paysans se rendent à Bobo-Dioulasso pour décortiquer le riz. Toutefois, depuis quelques mois, une unité de décorticage, auparavant en panne, vient d'être réparée par un particulier à Gouran, village situé à une dizaine de kilomètres de Niassa. Mais malheureusement, il n'y a plus de riz à décortiquer et cela à cause de la mauvaise saison.
Face à toutes ces embûches, nombreux sont les producteurs qui ont abandonné la riziculture pour la culture de la tomate. Et là également, peine perdue. Le problème d'écoulement et le manque d'acheteurs ont fait pourrir la presque quasi-totalité de la production. "L'an dernier, nous avons écoulé toutes nos productions et nous avons réalisé un chiffre d'affaire de 180 millions. Espérant qu'il en soit ainsi cette année, nous avons doublé les superficies de culture. Malheureusement, nous n'avons pas eu de clients. Presque la quasi-totalité de notre production a pourri", souligne Karim Seri, maire de Di et cultivateur de tomate. Mais au dernier jour de la campagne, c'est-à-dire le 17 mai 2008, des acheteurs ghanéens sont apparus. Ils ont racheté les caisses de
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