USA : Les régimes, c'est passé de mode

Dans un pays où 66 % des adultes sont en surpoids ou obèses, de plus en plus d'Américains ne font plus la chasse à leurs rondeurs.

Quand il s'agit de régimes, les Américains mettent le paquet. Ils achètent des millions de livres, regardent des émissions de télévision, sont obsédés par les célébrités et leur poids de bébé. Cependant, on constate que le nombre de personnes au régime – 28 % des femmes et 16 % des hommes entre janvier 2007 et février 2008 – est le plus bas depuis vingt ans. "Nous avons de moins en moins envie de perdre du poids", affirme Harry Balzer, auteur du Rapport annuel sur les schémas alimentaires des Etats-Unis.

Cette étude, pour laquelle on a demandé à 5 000 Américains de tenir pendant deux semaines un journal quotidien de leurs habitudes alimentaires, révèle que, en dépit du taux élevé d'obésité aux Etats-Unis, il y a de moins en moins de gens qui souhaitent maigrir ou qui considèrent l'excès de poids comme peu séduisant. En 1985, 55 % des personnes interrogées étaient "tout à fait d'accord" avec l'affirmation selon laquelle "les gens qui ne sont pas en surpoids ont l'air beaucoup plus séduisants". Elles sont désormais 25 % à penser la même chose.

Les régimes étaient jadis pratiquement un passe-temps national. En 1990, le même rapport révélait que 39 % des femmes et 29 % des hommes étaient au régime. Harry Balzer pense que faire un régime est tout simplement trop difficile. Kelly D. Brownell, qui dirige le Centre Rudd pour la politique alimentaire et l'obésité, à l'université Yale, confirme cet avis. Les régimes sont "notoirement inefficaces" et nombre de personnes en surpoids ont peut-être tout simplement abandonné l'idée d'en suivre un, explique-t-elle. Le Dr Sasha Stiles, directrice médicale du Centre de consultation sur l'obésité, invoque d'autres raisons pour expliquer la diminution des régimes. "Beaucoup de gens se disent qu'ils n'ont pas assez d'argent à consacrer à un régime, ou alors qu'ils préfèrent essayer la chirurgie", assure-t-elle.

Certains affirment aussi que les gens font moins de régimes parce qu'il n'y en a pas de nouveau qui les intéresse. The South Beach Diet, le best-seller des livres de régime de 2004, s'était vendu à 2,4 millions d'exemplaires. Le champion 2007, You : On a Diet, du Dr Mehmet Oz, n'a atteint que 706 000 exemplaires. En 2008, le best-seller Eat This Not That ! ne s'est vendu pour le moment qu'à 552 000 exemplaires. "L'un des vrais défis auxquels est confronté le secteur du livre de régime c'est – surprise – de trouver de nouveaux régimes", explique Sarah Nelson, de Publisher Weekly, le magazine de l'édition. Après avoir apparemment épuisé tous les types de régime imaginables, le secteur teste une nouvelle piste et se concentre moins sur le régime que sur l'individu. En dehors de Victoria Beckham, tout le monde en a assez des régimes, estime J. Eric Oliver, professeur de sciences politiques à l'université de Chicago et auteur de <i>Fat Politics : The Real Story behind America's Obesity Epidemic</i>.

"Je me demande si le marché n'est pas saturé. Il y a des gens qui avaient envie de faire un régime et qui ont essayé le South Beach et qui ont essayé la méthode Atkins. Certains ont réussi, mais ils ont peut-être repris le poids qu'ils avaient perdu. Nous sommes peut-être arrivés à un point où l'on attend le nouveau livre miracle. Un spécialiste du marketing un peu futé va peut-être se dire que c'est le moment de frapper", ajoute-t-il. Mais il va falloir d'abord convaincre les personnes en surpoids qu'elles sont en surpoids. D'après Dawn Jackson Blatner, diététicienne et porte-parole de l'Association des diététiciens américains, un grand nombre de personnes en surpoids ne se considèrent pas comme telles. Selon l'enquête 2003-2004 sur la santé et l'alimentation nationales, 66 % des adultes vivant aux Etats-Unis sont pourtant en surpoids ou obèses. "Quand deux personnes sur trois sont en surpoids, les gens ont du mal à déterminer s'ils sont en surpoids", explique Dawn Jackson Blatner. Quoi qu'il en soit, la diminution des régimes annonce peut-être une nouvelle ère dans l'amincissement, une ère où l'on ne comptera plus, ne pèsera plus et ne mesurera plus.

Beth Teitell


26/09/2008
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