Une supercherie démocratique L'alternance
Une bonne démocratie, dit-on, c'est celle qui permet l'alternance de manière stricte. Cela veut dire que là où il n'y ait point ce mouvement alternatif permanent entre les différentes forces ou les différents hommes politiques, aucun pouvoir surtout démocratique n'est viable. Il y a ici une idée essentiellement erronée qui transparaît sur la raison d'exister de tout pouvoir : l'objectif d'un bon pouvoir, pensons-nous, c'est celui de trouver des clés pour le bonheur du peuple, de diriger sagement et justement, et non de varier les dirigeants. Malheureusement l'Occident démocratique conçoit que cette poursuite de bonheur populaire est impossible sans alternance. Cela n'est nullement prouvé ! De plus, cela démontre qu'en Occident, on est persuadé qu'aucun homme ne peut durablement garder un cap honnête, et droit dans l'exercice de la gestion de l'Etat. Cette conviction est une preuve que la base morale qui devrait guider les dirigeants du départ à la fin n'a jamais existé. L'alternance devient l'arme pour interdire aux dirigeants de gruger indéfiniment le peuple. La preuve que l'axiome de base de l'alternance au pouvoir n'est pas la seule garantie de réalisation du bonheur populaire est donnée par l'histoire elle-même ! Et toute l'histoire de l'humanité le démontre. Il y a eu partout dans le monde, Europe comprise, de très bons dirigeants parmi les rois, les empereurs et même les " dictateurs1 " grecs. L'alternance ne détient donc nullement le monopole de la réalisation du bonheur populaire. En y regardant de plus près, l'Occident, à travers son exigence absolue d'alternance démocratique, confond l'ombre et la proie. Est-ce par ignorance totale ou par pur calcul ? Voilà la vraie question ! Mais les erreurs peuvent parfois révéler des intentions inattendues ! Et pour le cas dont nous parlons, la vraie raison de l'alternance obligatoire, c'est probablement l'accord tacite entre les élites occidentales, pour se partager constamment le pouvoir en se basant sur une des tares des masses : la versatilité. En effet, on sait que les peuples sont dans leur ensemble comme les enfants : ils pensent toujours trouver mieux ailleurs. Or, cette disposition est favorisée par la multiplication des partis politiques, fondée sur des idéologies diverses, que l'on peut fabriquer à l'infini. De cette manière, à la moindre difficulté, comme les enfants, les masses populaires croient qu'avec les autres, les choses iraient mieux ! Cela permet à tout le monde de goûter au pouvoir. C'est la raison pour laquelle, il n'existe pratiquement pas d'idéologie qui n'ait point accéder démocratiquement au pouvoir en Occident. Il suffit pour cela, de tenir suffisamment longtemps pour que les masses, se disent qu'avec vous, elles auront gain de cause. Cela a permis à des régimes comme celui d'Adolf Hitler, fondé sur le racisme, la xénophobie, la violence aveugle, d'accéder démocratiquement au pouvoir ! De plus, tous les Occidentaux savent que "l'usure du pouvoir" ajoutée à la versatilité populaire empêche souvent la mise en œuvre de vraies solutions aux problèmes qui se posent à la société. Que de dirigeants des pays démocratiques ont été obligés d'abandonner de bonnes initiatives orientées dans le sens du bien public, parce qu'elles sont simplement impopulaires ! De cette manière, les objectifs de plaire deviennent plus essentiels que ceux de satisfaire. C'est vraiment le monde qui marche sur la tête !
Ce qui précède nous incite donc à la réflexion. Mais une vérité élémentaire doit être dite pour que les arguments ci-dessus gardent leur rigueur. L'alternance doit toujours être respectée lorsqu'elle figure dans les textes fondamentaux d'un Etat. C'est une question élémentaire de principe et d'honnêteté ! Si l'on veut faire autre chose, comme par exemple revenir à un pouvoir où l'alternance n'est plus nécessaire, il faut le concevoir et le bâtir honnêtement dans les textes de base, après les balises nécessaires en amont. Tout autre comportement n'est que pur banditisme de grand chemin !
1 - Dans la Rome antique, un dictateur était un magistrat suprême investi, en cas de crise grave, de tous les pouvoirs politiques et militaires pour six mois au maximum. C'est donc dire que celui-ci était de fait plutôt un sauveur qu'un tyran. Bétéo D. Nébié