L'opposition proclame la déroute de Mugabe
Au
lendemain des élections générales du 29 mars, l'opposition au régime du
président Robert Mugabe revendique une ample victoire. Les résultats officiels
se font attendre.
Au
Zimbabwe, l'opposition crie victoire et affirme que son candidat, Morgan
Tsvangirai, aurait "massacré" l'Union nationale africaine du
Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF), le parti du président Robert Mugabe.
Enfreignant une interdiction gouvernementale, le parti du Mouvement pour le
changement démocratique (MDC) a devancé l'annonce officielle des résultats et
rendu publics les chiffres de plusieurs bureaux de vote donnant Tsvangirai
vainqueur contre l'homme qui dirige le pays depuis vingt-huit ans, y compris
dans son fief du Mashonaland.
"Nous avons gagné ces élections", a déclaré Tendai Biti, secrétaire
général du MDC. "Les résultats qui nous parviennent montrent que nous les
avons écrasés dans nos bastions et que Mugabe est en déroute dans ses fiefs
traditionnels. Il ne peut pas se dire vainqueur, sauf s'il y a fraude. Il a
perdu ces élections."
La commission électorale n'a pas encore publié les résultats officiels, mais le
MDC a indiqué que, selon les déclarations des bureaux de vote et les
informations transmises par ses observateurs, Tsvangirai arriverait en tête
dans toutes les circonscriptions dont on connaissait les résultats samedi soir.
La province du Mashonaland affichait l'écart le plus significatif entre les
candidats, avec 88 % pour Tsvangirai contre 12 % pour Mugabe. Même dans les
zones rurales, généralement acquises au président Mugabe, Tsvangirai a
rassemblé deux fois plus de voix que son rival, a déclaré le MDC.
A Harare, le candidat d'opposition a réuni trois fois plus de suffrages que le
président. On ignorait dans quelle mesure ces chiffres étaient représentatifs
des résultats nationaux, mais, selon Biti, l'opposition dispose d'une large
avance et la tendance est "irréversible". Le MDC a décidé de publier
ces chiffres avant la commission électorale, afin d'éviter toute tentative de
fraude lors de la collecte des chiffres par le gouvernement, a indiqué le
parti, qui soupçonne Mugabe d'avoir truqué les élections de 2002, où il avait
été réélu à une courte majorité.
"Nous ne faisons pas confiance à la commission électorale. Elle n'est pas
indépendante. Nous avons déjà fait l'erreur en 2002 de ne pas proclamer notre
victoire", poursuit Biti. "S'ils ne donnent pas les mêmes chiffres,
nous les contesterons."
Le MDC a proclamé sa victoire après avoir dénoncé des irrégularités dans le
déroulement du vote. Les observateurs électoraux se sont dits préoccupés par le
nombre de personnes n'ayant pu voter en raison d'erreurs sur les listes
électorales.
Répondant à l'appel de l'opposition, des milliers de Zimbabwéens avaient dormi
devant les bureaux de vote et attendu de longues heures avant leur ouverture
afin de garantir un fort niveau de participation et contrer toute tentative de
fraude du gouvernement. Le Herald, un quotidien appartenant à l'Etat,
avait publié un sondage donnant le président Mugabe gagnant avec 57 % des
suffrages, un score suffisant pour ne pas avoir à organiser un second tour.
Selon l'opposition, ce sondage n'est qu'une indication de l'ampleur de la
fraude prévue par le gouvernement.