Un séisme appelé Somita
La société minière nie toute responsabilité, pendant ce temps, les populations vivent dans la hantise,
"J'étais en train de monter une table à accoucher avec d'autres personnes quand des morceaux de peinture du mur tombaient tout juste à côté de nous. Plus grave, des fissures sont apparues par la suite sur les côtés de la salle.", témoigne l'infirmier chef de poste du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Taparko. C'était le 1er juin 2009. Il n'est pas le seul à déplorer ces fissures. Au niveau de l'école, des salles de classes et les maisons des enseignants sont également touchées. Dans Bori, le quartier nord du village, presque toutes les maisons sont atteintes par ce que les populations ont appelé le séisme, le tremblement de terre de Taparko. Des fissures béantes fendent les côtés des bâtisses. Dans le village, tout le monde a une idée sur l'origine de ces fissures. C'est la société minière qui est mise en cause. Elle recourt souvent à la technique de tirs communément appelée dynamitages pour briser les roches. Elle est pratiquée rarement, mais quand cela arrive, les habitants du village affirment ressentir les secousses chez eux. Surtout les maisons du quartier proche de la mine. Le dernier tir qui a fait du bruit date de juin passé. L'infirmier chef de poste du CSPS a adressé une lettre de protestation à la direction de la société minière. Celle-ci a envoyé ses agents constater les dégâts. Un expert interne a fait des analyses et a conclu qu'il n'y a pas de cause à effet entre les tirs réalisés par la mine et les fissures apparues sur les maisons. En clair, la société n'est en rien responsable de la situation. Elle met plutôt en cause la construction des maisons. Pour Sayouba Savadogo, chef du service Environnement de la société minière, les gens construisent mal leurs maisons. Elles sont sans fondement solide. "Ils posent directement les briques en banco comme fondement", déclare-t-il. C'est cela qui expliquerait toutes les fissures constatées. La société affirme détenir des cassettes de film de ces maisons avant les tirs. "Nous avons tenu à faire ces vidéos car on était conscient qu'un jour, le problème allait se poser. Si vous voyez les images, vous allez comprendre que les maisons étaient déjà défaillantes", assure M. Ouédraogo. Pour les victimes, ce discours des responsables de la mine est tout simplement révoltant. Selon le conseiller du village, Makido Torodo, les fissures constatées ces dernières années sont sans commune mesure avec celles d'avant. "Depuis toujours, nous construisons nos maisons avec du banco, mais elles tenaient longtemps", note-il. Ne se sentant pas responsable des dégâts, la société exclut toute éventualité de procéder à la réparation des maisons endommagées. Pourtant, il semble qu'avant les tirs, elle charge des gens dans le village pour alerter les habitants pour qu'ils prennent des précautions nécessaires. "Nous n'avons jamais été avertis par ces gens. Nous constatons seulement les dégâts", déclare le directeur de l'école, Noël Somé. C'est l'inquiétude qui prédomine à l'école. On ne sait pas à quel moment le danger peut arriver, avec les centaines d'élèves qui sont dans des salles déjà fissurées. Idrissa Barry