Un directeur incarcéré pour "incitation aux troubles à l'ordre public"

(RSF/IFEX) - Reporters sans frontières demande la libération de Faustin Bambou, directeur de l'hebdomadaire privé "Les Collines de l'Oubangui", arrêté le 11 janvier 2008 et inculpé le 15 janvier d'"incitation aux troubles à l'ordre public" et "soulèvement contre les institutions du pays", suite à la parution d'un article accusant deux ministres de détournements de fonds.

"Incarcérer un journaliste en contournant abusivement la loi sur la presse est un procédé pervers, dont les autorités centrafricaines font malheureusement un usage répété. Jeter Faustin Bambou en cellule n'est ni une réponse adaptée à une éventuelle diffamation ni un geste politique intelligent. Lorsque la République centrafricaine a décidé d'abolir les peines de prison pour les délits de presse, elle s'engageait à respecter un principe, désormais ouvertement bafoué: les professionnels des médias ne doivent pas être sanctionnés par la privation de leur liberté", a déclaré l'organisation.

Faustin Bambou a été placé en état d'arrestation le 11 janvier dans la matinée par la Section de recherche et d'investigation de la gendarmerie centrafricaine, après avoir été "invité" par téléphone par le procureur de la République. Ce dernier, qui s'est autosaisi de l'affaire, l'a interrogé sur un article intitule "Areva: Bozizé en colère!", accusant deux ministres d'avoir perçu indûment 7 milliards de francs CFA (10,5 millions d'euros) du groupe français Areva, qui a récemment investi dans le gisement d'uranium de Bakouma (Sud-Est). Le procureur estime que cet article a prolongé la grève générale des fonctionnaires, exigeant depuis le 2 janvier le paiement de plusieurs mois d'arriérés de salaires.

Les ministres mis en cause, qui ont saisi le Haut Conseil de la communication (HCC), l'organe de régulation des médias centrafricains, n'ont pas porté plainte. Les tentatives de médiation de Reporters sans frontières, visant à requalifier les accusations portées contre le journaliste, n'ont pas connu de suites favorables. Le journaliste a été formellement inculpé et placé sous mandat de dépôt le 15 janvier.

Le parlement centrafricain de transition avait, le 25 novembre 2004, supprimé la loi prévoyant des peines de prison ferme pour l'ensemble des délits de presse. Malgré tout, Michel Alkhaly-Ngady, président du syndicat de la presse écrite et directeur de publication du journal "Temps nouveaux", avait effectué deux mois de prison, début 2007, pour une prétendue "obstruction à la loi et aux institutions de la République". Selon les autorités, le journaliste avait encouragé le directeur de publication de l'hebdomadaire "Le Centrafricain", sanctionné par le HCC pour une série d'articles estimés "dangereux", à ne pas respecter la décision de l'organe de régulation des médias (consulter les alertes de l'IFEX des 3 et 2 avril et 14 mars 2007).

Source : http://www.ifex.org/fr/content/view/full/89835/



22/01/2008
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