Russie : Un projet de loi pour museler Internet
"Aujourd'hui, sur Internet, on peut
trouver de tout : de la pornographie pédophile, des sites vantant le
terrorisme, des appels à l'extrémisme, des cas de diffamation. Un tel flux
d'informations doit être régulé juridiquement", assure le sénateur de la
république de Tchouvachie, sur la Volga, Vladimir Sloutsker, cité par Kommersant.
Avec d'autres membres du Conseil de la Fédération - la Chambre haute du
Parlement russe -, des ministères de l'Intérieur et de la Justice, et du Forum
Civil - un organe consultatif issu de la société civile -, il est l'un des
initiateurs d'un projet d'amendement visant à placer les sites Internet russes
les plus visités sous le coup de la "loi sur les médias".
Les sites qui reçoivent au moins 1 000 visiteurs par jour devront
obligatoirement être enregistrés en tant que médias, "y compris les blogs,
les forums et les chats". En outre, ce plan, intitulé "régulation
juridique d'Internet", stipule qu'un média ne pourra rapporter une
information que si elle est issue d'un autre média dûment enregistré. Selon les
auteurs du projet, ce projet de loi vise à lutter contre les "journalistes
malveillants" qui citent d'autres sources pour diffuser des propos
diffamatoires.
D'après les experts des médias cités par le journal libéral moscovite, cette
nouvelle tentative de museler Internet en Russie est vouée à l'échec. Pour
Anton Nocik, fondateur de nombreux sites russes d'information comme Gazeta.ru,
Lenta.ru et Vesti.ru, il n'y a pas de méthode unifiée de mesure de
la fréquentation.
Igor Iakobenko, secrétaire général de l'Union des journalistes de la Fédération
de Russie, souligne pour sa part que la fréquentation des sites est fluctuante.
Par ailleurs, il observe que les journaux ont le droit de se référer à
n'importe quelle source mais sont responsables de leurs propos. Kommersant
rappelle que le sénateur Sloutsker et sa femme avaient fait l'objet sur
Internet d'accusations de complicité dans une affaire de meurtre.