Suspension du maire de Boulmiougou L'inspection d'Etat mise en branle
Le maire de l'arrondissement de Boulmiougou, Séraphine Ouédraogo a été suspendue de ses fonctions pour une période de trois mois sur décision du ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité. Le communiqué publié le 6 mai indique que le ministère a pris cette mesure en attendant qu'une enquête soit faite sur les lotissements dans cet arrondissement. L'édile de Boulmiougou a été entendue dans la matinée du vendredi 6 mai au ministère de l'Administration territoriale suite aux multiples plaintes enregistrées dans son arrondissement sur les questions de lotissements. Séraphine Ouédraogo à qui on a demandé de s'expliquer sur les raisons de la grogne incessante n'a pas convaincu ses interlocuteurs. Au niveau de l'arrondissement, sur les lotissements en cours, le nombre de parcelles disponibles est en deça de celui des résidents. Le ministre Jérôme Bougouma a demandé au maire de Boulmiougou de faire des propositions face à cette situation. Pour elle, il faut autoriser la mairie à faire un nouveau lotissement. Une proposition inappropriée face à la situation. D'abord, les lotissements sont suspendus sur décision du gouvernement le 28 avril dernier et puis, l'arrondissement de Boulmiougou n'a plus de terre à lotir. Pour le ministère, Séraphine a ouvert plusieurs fronts à la fois sur les lotissements, ce qui est manifestement intenable. C'est le 1er adjoint au maire, Johanny Ouédraogo qui devait assurer l'intérim. Mais c'est sans compter avec la population qui rejette aussi le nouveau maire. Pour les contestataires, ce n'est pas la solution. " Le problème, c'est que Séraphine vaut mieux que son adjoint", explique un des leaders du mouvement. Pour le faire savoir, le samedi 7 mai, ils ont encore manifesté pour réclamer le départ de Johanny Ouédraogo qu'on accuse d'avoir fait pire que Séraphine dans la gestion des parcelles. Les populations prévoient de marcher encore ce jeudi 12 mai malgré les appels des autorités à la patience pour faire partir aussi le remplaçant de Séraphine. Selon les informations, le ministère pourrait accéder à cette exigence sans pour autant tordre le cou aux textes. Une mission d'inspection devrait faire la lumière sur les différents lotissements de l'arrondissement et les responsabilités seront situées en vue de prendre des sanctions en cas de manquements. Le maire et son adjoint pourraient être révoqués purement et simplement si les inspecteurs révèlent des fautes graves. Le jeudi 5 mai, la veille de l'éviction de Séraphine, c'est de façon coordonnée que les populations des différents secteurs concernés sont venues se joindre à celles de Zongo pour marcher sur la mairie dans le but de réclamer leurs parcelles. Ils ont mis des barrages sur la nationale N°1 devant la mairie durant plusieurs heures et c'est à partir de ce moment que certains ont commencé dans la foulée à réclamer purement et simplement le départ du maire de l'arrondissement. La gendarmerie qui s'est déployée sur les lieux a préféré négocier avec les manifestants surexcités qui voulaient s'en prendre aux locaux. Après d'âpres négociations, le commandant de Brigade, Boukary Drabo et ses hommes ont réussi à éviter le pire. On l'a même vu ramasser les gros cailloux avec les manifestants sur la voie avec un sourire amusant pour les encourager à lever les barrages. Ce n'est pas la première fois que la mairie de Boulmiougou fait face à une contestation de la population concernée par les lotissements. Depuis plusieurs mois, les résidents de la zone 17 du village de Zongo organisent régulièrement des manifestations pour exiger de la mairie leurs parcelles. Les deux parties étaient parvenues à un accord suite à une rencontre que le maire a organisé avec les intéressés. Malheureusement, les promesses n'ont pu être concrétisées. Les querelles politiques ont pris le pas sur l'intérêt général de la population. Le jour où la commission s'est rendue dans la zone concernée pour régler les problèmes, certains adversaires politiques ont organisé une contre manifestation pour empêcher le travail. Conséquence, le problème de la zone 17 n'a pas été réglé et la tension n'a pas baissé. Mieux organisés que les autres secteurs, les leaders de la contestation de la zone 17 ont réussi à fédérer avec eux tous les autres déflatés des lotissements de l'arrondissement. La mairie divisée en son sein par des clans politiques n'a pas pu apporter des solutions aux problèmes des populations qui refusaient désormais de patienter. Ce qui a fait grandir le mouvement de contestation. A l'interne, le clan opposé à celui du maire a tenté d'évincer ce dernier avec une motion. Le projet avait échoué parce que les initiateurs n'ont pas pu avoir la majorité des conseillers. La situation de crise que vit le pays a certainement joué dans la suspension du maire. Les autorités qui ne veulent plus voir le moindre foyer de tension ont adressé une note à toutes les autorités administratives et politiques locales à travers le ministère de l'Administration pour que tous les conflits sociaux soient réglés, faute de quoi, l'administration centrale prendrait ses responsabilités. Séraphine Ouédraogo est la première à se voir appliquer cette mesure. Le maire de Boulmiougou était fragilisée depuis la mutinerie des militaires les 14 et 15 avril derniers. Les militaires ont visité sa cour et ont emporté des biens, mais elle était absente. Elle avait pris des précautions, et depuis les sévices subies par Simon Compaoré, le maire de Boulmiougou ne dormait plus chez elle. Elle avait aussi pris des mesures pour mettre ses enfants en lieu sûr. Ce qui se passe à Boulmiougou pourrait faire tâche d'huile. Moussa Zongo