Sergent Naon Babou et la magnanimité du chef de l'Etat
Naon Babou à comparu devant un tribunal militaire au motif qu'il voulait, de mèche avec d'autres militaires, fomenter un putsch. Après un procès qui a révélé un malaise dans la grande muette, du fait des frustrations accumulées, Naon et certains de ses compagnons ont été condamnés à des peines de prison ferme. Les autres ont depuis lors bénéficié d'une grâce du chef de l'Etat.
L'ex-sergent Naon Babou croupit toujours en prison. En octobre, il aura 5 ans dans la geôle de Nioko. Pour avoir tenté de conspirer contre la sûreté de l'Etat, selon le tribunal militaire, il avait en octobre 2004 écopé d'une peine de 6 ans d'emprisonnement ferme. Avec d'autres compagnons d'arme, ils ont tous été conduits à
Depuis son inculpation jusqu'à sa condamnation, il n'a plus eu de solde. Alors qu'il a une femme et 6 enfants dont la plupart vont à l'école. L'année passée, dit-il, c'est l'aumônier de la MACO qui s'est battu pour trouver un parrainage à ses enfants. C'est ce qui leur a permis d'aller à l'école. Deux d'entre eux ont été confiés à un de ses frères à l'intérieur du pays, mais cette année, ils ont manifesté le désir de revenir à Ouagadougou. C'est son épouse Aya Naon née Guel qui lui apporte la nourriture en prison. Le déplacement, indique Aya, n'est pas facile : "Je ne suis qu'une ménagère. Avant je vendais de l'eau, ces temps-ci ça ne marche plus. Alors qu'il faut se déplacer avec un engin."
Elle reconnaît également les difficultés de la gestion familiale en absence du chef de famille. "Les enfants sont éduqués par la femme et l'homme. Quand un des deux n'est pas à côté, c'est la croix et la bannière." Elle se rend, malgré les difficiles conditions de déplacement, 3 fois par semaine à la MACO auprès de son époux pour le réconforter moralement et lui faire le point de la situation en famille. L'hivernage est une période propice pour le paludisme et les enfants ne tardent pas à tomber malade. Madame Naon a des soucis. " Il y a des moments où les enfants sont malades. Bien que les gens nous viennent en aide, on ne peut pas passer le temps à les importuner ", assure-t-elle. Souvent, elle est obligée de faire face à la situation fâcheuse et garder son mal en patience. Le petit Basile Naon, le dernier de la famille qui a souvent l'opportunité de suivre sa maman pour ses visites en prison, a dit à son père de revenir à la maison. Autrement, il prendra ses effets pour le rejoindre à
Le capitaine Bayoulou et le caporal Bassana qui ont écopé, à peu de chose près, de la même peine que Naon Babou, ont été libérés par une grâce présidentielle. Naon et Ouali dont les avocats avaient convaincu de retirer les pourvois en cassation pour bénéficier de la magnanimité du président du Faso le 30 mars 2005 ont été floués. Ouali a pu se sauver. Naon semble être le seul à trinquer. Pourquoi ne peut-il pas bénéficier des largesses du président ? D'aucun pensent que l'affaire Norbert Zongo dont on accuse la famille présidentielle y est pour quelque chose. Dans ce cas, le président du Faso est injuste. Cet acharnement a un fort relent de règlement de compte. L'affaire Zongo hante toujours le sommeil de ceux qui ont mis Naon en tôle. M.N.Z.