Sénégal : Wade inquiète la liberté de la presse
Reporters sans frontières s’inquiète des récents propos de dirigeants sénégalais selon lesquels ils souhaitent renforcer les mesures de censure à l’encontre de la presse indépendante.
"Nous exprimons notre inquiètude suite aux discours tenus par le président Abdoulaye Wade et certains de ses ministres et députés. La répétition de propos virulents à l’encontre des médias indépendants ne peut qu’aggraver le climat d’hostilité qui règne entre la presse et le gouvernement. Nous appellons les autorités sénégalaises à respecter le travail des médias et à laisser faire l’organe de régulation ", a déclaré l’organisation.
Le 26 juillet 2008, au cours du journal télévisé de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS), Farba Senghor, Secrétaire national du Parti démocratique sénégalais (PDS au pouvoir) a appelé ses militants à boycotter les médias soutenant l’opposition. Il a également demandé aux entreprises du secteur public et à l’administration "de suspendre tous les contrats de publicité" avec ces médias.
Par ailleurs, au cours de sa visite à Chicago, à l’occasion de la réunion de l’Association des journalistes noirs des Etats-Unis, le président sénégalais Abdoulaye Wade est revenu sur l’affaire Boubacar Kalbel Dieng et Kamoyho Thioune, deux journalistes agressés par des policiers le 21 juin 2008 au stade Léopold Sédar Senghor de Dakar. Pour le président, ce sont les journalistes qui ont provoqué la rixe. A la question de Rolin Martin, chroniqueur politique pour la chaîne CNN : " Monsieur le Président, est-ce que vous êtes prêts à déclarer solennellement que vous condamnez l’agression des journalistes ?", Abdoulaye Wade a répondu : " Qui est journaliste ? Ce sont des politiciens !" . Il a ajouté que la plupart des journalistes étaient corrompus.
Reporters sans frontières avait déjà dénoncé, dans un communiqué daté du 26 juin 2008, le comportement brutal des forces de l’ordre sénégalaises envers les journalistes. RSF.