Royaume-Uni : les conservateurs en quête d'un modèle


 Après avoir remporté la mairie de Londres, Boris Johnson apparaît comme l'homme providentiel. Son action à la tête de la capitale pourrait servir de laboratoire pour son parti jusqu'aux prochaines élections législatives. Une approche défendue par le très conservateur Daily Telegraph.

 Alors que les travaillistes commencent à prendre la mesure de leur défaite, certains se raccrochent à un espoir. Maintenant que l'attention de l'opinion publique est fixée sur les conservateurs, ces derniers ne vont plus pouvoir masquer leurs insuffisances. C'est en tout cas le message qu'a adressé dimanche le Premier ministre, Gordon Brown, en reconnaissant que les conservateurs avaient su vendre leur programme, mais qu'une fois que les électeurs y regarderaient de plus près ils seraient moins attirés. Les tories (conservateurs) sont bel et bien de retour. De nombreux Britanniques, encore réticents il y a peu, sont maintenant prêts à soutenir l'opposition. Reste que le Premier ministre n'a peut-être pas tort lorsqu'il affirme que les électeurs se sont servis de ces élections locales comme d'un référendum pour ou contre le gouvernement actuel, et que ces résultats ne révèlent pas un vote d'adhésion. C'est une chose que de désavouer les travaillistes, c'en est une autre que d'activement leur préférer les conservateurs.

La confirmation de cette victoire se jouera donc sur deux points. D'abord, il s'agira pour David Cameron, le leader conservateur, de convaincre qu'il ne fera pas la politique du Labour même de manière plus compétente, et qu'il fera moins intervenir l'Etat. Ensuite, les conservateurs devront faire la preuve de leur capacité à gouverner. Sur ce point, c'est essentiellement l'attitude de Boris Johnson, le nouveau maire de Londres, leur représentant le plus puissant et le plus en vue, qui sera déterminante.Ce dernier n'a d'ailleurs pas perdu de temps pour exposer son programme. Il s'occupera de la petite délinquance, il s'attaquera aussi à la bureaucratie de la mairie, autrement dit il prépare une vague de licenciements. Il prévoit enfin de demander leur avis aux habitants concernés par un éventuel élargissement du péage urbain vers l'Ouest. Bref, rien de particulièrement exotique ou irréaliste. Mais, appliqués au niveau national, ces principes offrent aux conservateurs une formule gagnante : tolérance zéro pour les délinquants, plan de rigueur et participation locale.

David Cameron se rapproche peu à peu de cette ligne. Lui aussi condamne les actes d'incivilité qui, sans être délictueux, sont particulièrement anxiogènes. Lui aussi veut faire des économies, même si son engagement sur ce point semble compromis par son désir d'égaler les conservateurs au niveau budgétaire. Plus qu'aucun de ses prédécesseurs, il s'est dit déterminé à poursuivre le processus de décentralisation. Mais les électeurs savent que ce ne sont là que des mots. Les Britanniques vont maintenant vouloir vérifier si les conservateurs tiennent leurs engagements dans la seule région d'importance qu'ils contrôlent à présent : le Grand Londres. Le sort des conservateurs dépend également du troisième parti national, les démocrates libéraux. Ces derniers continuent de migrer vers le Nord après avoir reculé face aux conservateurs dans le Sud et gagné du terrain au détriment des travaillistes dans le Nord. Si le vote antitravailliste se reporte en masse sur le Parti conservateur, Nick Clegg, le leader des LibDem se retrouvera hors course, aussi injuste que cela soit. Mais si les électeurs de centre droit votent pour les LibDem dans le Nord, David Cameron aura le plus grand mal à obtenir une majorité à la Chambre des communes, même avec une majorité de voix.

Nous saurons bientôt lequel de ces scénarios est le plus probable. Les travaillistes sont sous pression pour la prochaine élection partielle de Crewe et Nantwich dans le nord-ouest du pays. Les tories ont toujours disposé d'une large avance sur les démocrates libéraux dans la région, mais ceux-ci ont l'art de créer la surprise et cela fait un quart de siècle que les conservateurs n'ont pas remporté une élection partielle. Ce siège sera sûrement le plus disputé du Parlement.
edito
The Daily Telegraph



06/05/2008
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