Royaume-Uni : les conservateurs en quête d'un modèle
Après avoir remporté la mairie de Londres,
Boris Johnson apparaît comme l'homme providentiel. Son action à la tête de la
capitale pourrait servir de laboratoire pour son parti jusqu'aux prochaines
élections législatives. Une approche défendue par le très conservateur Daily
Telegraph.
La confirmation de cette victoire se jouera donc sur deux points. D'abord, il
s'agira pour David Cameron, le leader conservateur, de convaincre qu'il ne fera
pas la politique du Labour même de manière plus compétente, et qu'il fera moins
intervenir l'Etat. Ensuite, les conservateurs devront faire la preuve de leur
capacité à gouverner. Sur ce point, c'est essentiellement l'attitude de Boris
Johnson, le nouveau maire de Londres, leur représentant le plus puissant et le
plus en vue, qui sera déterminante.Ce dernier n'a d'ailleurs pas perdu de temps
pour exposer son programme. Il s'occupera de la petite délinquance, il
s'attaquera aussi à la bureaucratie de la mairie, autrement dit il prépare une
vague de licenciements. Il prévoit enfin de demander leur avis aux habitants
concernés par un éventuel élargissement du péage urbain vers l'Ouest. Bref,
rien de particulièrement exotique ou irréaliste. Mais, appliqués au niveau
national, ces principes offrent aux conservateurs une formule gagnante :
tolérance zéro pour les délinquants, plan de rigueur et participation locale.
David Cameron se rapproche peu à peu de cette ligne. Lui aussi condamne les
actes d'incivilité qui, sans être délictueux, sont particulièrement anxiogènes.
Lui aussi veut faire des économies, même si son engagement sur ce point semble
compromis par son désir d'égaler les conservateurs au niveau budgétaire. Plus
qu'aucun de ses prédécesseurs, il s'est dit déterminé à poursuivre le processus
de décentralisation. Mais les électeurs savent que ce ne sont là que des mots.
Les Britanniques vont maintenant vouloir vérifier si les conservateurs tiennent
leurs engagements dans la seule région d'importance qu'ils contrôlent à présent
: le Grand Londres. Le sort des conservateurs dépend également du troisième
parti national, les démocrates libéraux. Ces derniers continuent de migrer vers
le Nord après avoir reculé face aux conservateurs dans le Sud et gagné du
terrain au détriment des travaillistes dans le Nord. Si le vote
antitravailliste se reporte en masse sur le Parti conservateur, Nick Clegg, le
leader des LibDem se retrouvera hors course, aussi injuste que cela soit. Mais
si les électeurs de centre droit votent pour les LibDem dans le Nord, David Cameron
aura le plus grand mal à obtenir une majorité à la Chambre des communes, même
avec une majorité de voix.
Nous saurons bientôt lequel de ces scénarios est le plus probable. Les
travaillistes sont sous pression pour la prochaine élection partielle de Crewe
et Nantwich dans le nord-ouest du pays. Les tories ont toujours disposé d'une
large avance sur les démocrates libéraux dans la région, mais ceux-ci ont l'art
de créer la surprise et cela fait un quart de siècle que les conservateurs
n'ont pas remporté une élection partielle. Ce siège sera sûrement le plus
disputé du Parlement.
edito
The
Daily Telegraph