Qu'elle peut être belle, la démocratie !
Comme au moment de son élection, ce sont des millions de personnes qui ont tenu à assister à l'investiture de Obama. Un engouement inédit dans l'histoire des investitures présidentielles aux Etats-Unis.
C'est fait ! Obama est désormais aux manettes aux Etats-Unis. Les premières actions semblent montrer qu'il tiendra parole sur les sujets emblématiques. Guantánamo sera effectivement fermé et sur le Moyen orient, sa première décision ne laisse pas entrevoir qu'il va " s'aligner " sur la bienveillance aveugle à Israël. Ce sont là les débuts d'une politique qui est tellement ambitieuse qu'elle ne manquera pas de décevoir. Il faut s'y attendre inévitablement. Pour l'instant pourquoi jouer les rabat joie ?
Considérons les bonnes perspectives qui se dessinent. La première des choses, c'est que Obama veut faire l'exact contraire de son prédécesseur Bush qui s'en va avec une chaussure à la figure et plus d'un millier de morts à Gaza sur la conscience. Il ne fait aucun doute que l'on aurait économisé des centaines de vie à Gaza, si l'administration Bush l'avait voulu. C'est le contraire qui s'est produit. Le trio Tzipi Livini, Barak et Olmert a reçu le feu vert d'aller aussi loin que possible pour en finir avec le HAMAS.
Le dessein était relativement simple : profiter de l'inter règne pour prendre une avance significative sur les Palestiniens. Réduire les capacités militaires du HAMAS et imposer le FATAH et Mahmoud ABBAS comme l'unique interlocuteur des Israéliens. En quelque sorte autoriser Israël à se choisir les Palestiniens qui lui plaisent.
La violence de l'attaque de l'armée israélienne n'avait pour autre objectif que d'emmener les Palestiniens, notamment ceux de Gaza, à regretter leur choix politique et finalement à s'en remettre au FATAH qui est l'interlocuteur acceptable aux yeux d'Israël. L'objectif a-t-il été atteint ? Du point de vue militaire, le HAMAS a connu des pertes immenses aussi bien en logistique qu'en hommes. Mais sur ces deux aspects, le HAMAS est une hydre à multiples têtes. Pour recruter les soldats et les Kamikazes, il y a un vivier inépuisable qui est à sa disposition. La violence de la dernière guerre et le nombre incalculable de morts qu'elle a occasionné, n'a fait que le renforcer. Israël a certainement commis là une derrière faute politique qui ne lui profitera en rien. Parce que le HAMAS, même militairement diminué, n'a rien perdu de son emprise sur les Gazaouis. Il faut quand même remarquer une chose. Malgré la violence des bombardements, on n'a pas vu des foules fuir Gaza qui compte quand même un million et demi d'habitants. C'est-à-dire un territoire comme le quartier Gounghin qui accueillerait toute la population de Ouagadougou.
En d'autres circonstances et ailleurs on aurait vu des foules fuyant Gaza pour d'autres contrées de la Palestine plus sauves. Or on n'a rien vu de tout cela. Est-ce parce que le HAMAS ne l'a pas voulu? C'est possible. Mais on a entendu des Gazaouis interviewés dire qu'ils ne voulaient en rien quitter leur maison. Il y a chez ces peuples là (Palestiniens comme Israéliens du reste) une détermination que la peur de la mort ne peut ébranler.
L'attaque israélienne sur Gaza, va incontestablement lui revenir en face comme un boomerang. Gaza a été totalement détruit, le HAMAS n'a pas été pour autant anéanti. Et ce que les médias du monde entier montrent ce sont les excès de l'armée israélienne qui finissent par indisposer même les soutiens les plus inconditionnels de l'Etat hébreu (voir encadré). Ce qui a fait dire à Obama, dans sa première sortie sur le conflit que si les roquettes du HAMAS étaient inacceptables, cette espèce de ghetto, "sans avenir", dans lequel sont enfermés les Palestiniens depuis longtemps est aussi inacceptable.
Diplomatiquement donc, Israël n'a pas pris un avantage significatif sur le HAMAS et son poulain putatif, le FATAH et son président ABBAS s'en sortent plutôt totalement décrédibilisés. Israël n'aura d'autre choix que de discuter avec le HAMAS. Ce à quoi il s'y refusait jusqu'à présent. Tout ce désastre pour en arriver là ? Et puis, il n'est pas sûr que l'Etat hébreu soit en situation plus favorable pour discuter et arracher des concessions aux Palestiniens. Après les massacres de Gaza, c'est plutôt lui qui va se retrouver dans une situation moralement inconfortable avec les enquêtes actuellement en cours.
La nouvelle situation née de cette guerre aveugle à Gaza ne peut pas être à l'avantage de Israël. L'avènement de Obama aux Etats-Unis ne va pas non plus, du moins dans l'immédiat, jouer en faveur de l'Etat hébreu.
La nouvelle administration américaine qui veut s'attirer la bonne faveur des Etats, jusque là exécrés par Washington, va dans un premier temps chercher à être à équidistance des protagonistes. Ce faisant évidemment Israël sera le grand perdant.
Jusque-là, Washington s'alignait automatiquement sur ses thèses. A contrario, le HAMAS va se retrouver dans une situation nouvelle, plus confortable. Il sort de son isolement international dans une posture de martyr. En prime. Dans les négociations qui vont s'ouvrir, le HAMAS arrive en interlocuteur incontournable. Israël sera incontestablement gêné, aux entournures, par les violations des droits humains inacceptables à Gaza.
L'arrivée de Obama et la façon dont il a embrayé donne de réels espoirs qu'un monde moins troublé est à portée de main. Les mouvements extrémistes islamistes vont s'en douter s'engouffrer dans la brèche. Mais il restera toujours une violence incompressible à travers le monde. Il est même possible que l'extrémisme change de bord. Il y a deux raisons potentielles à cela.
D'abord un Noir à la Maison Blanche ça restera une arête dans la gorge des extrémistes d'extrême droite. Ensuite le projet de Obama d'apaiser le monde va se heurter à des lobbys.
Pour l'instant, prenons les choses du côté optimiste. Les Etats-Unis devraient retrouver, sans trop de problème, leur leadership mondial. Et comme il y a toutes les chances que cela se réalise sous Obama, le monde devrait être encore meilleur. Newton Ahmed Barry. http://www.evenement-bf.net/pages/facon_voir_156.htm