Obama fait chuter Clinton
En choisissant le démocrate Barack Obama et le républicain Mike Huckabee, les électeurs de l'Iowa ont souligné leur désir de changement. Un choix qui augure de profonds bouleversements dans le monde politique américain.
L'establishment des Partis démocrate et républicain et leurs candidats respectifs à la présidence, la sénatrice Hillary Rodham Clinton et l'ancien gouverneur Mitt Romney, ont essuyé jeudi 3 janvier un camouflet dans l'Iowa. Ils se retrouvent sérieusement ébranlés par deux nouveaux venus sur la scène politique nationale, qui l'ont nettement emporté en brandissant l'étendard de l'insurrection et du changement.
Les vainqueurs dans l'Iowa, le sénateur Barack Obama pour les démocrates et l'ancien gouverneur Mike Huckabee pour les républicains, sont aussi éloignés que possible de toute forme de statu quo. L'un, entré au Sénat il y a à peine trois ans, est le fils d'un agriculteur kenyan et d'une mère blanche du Kansas. L'autre est un ancien pasteur baptiste, surtout connu jusqu'à présent pour avoir perdu près de 50 kilos et s'être attaqué au problème de l'obésité chez l'enfant. Les deux gagnants ont fait voler en éclats l'aura de force et de confiance que Clinton et Romney s'efforçaient de cultiver depuis des mois, et les deux partis se retrouvent plongés dans l'incertitude avant leurs conventions de l'été 2008.
La défaite de Hillary Clinton a été particulièrement cinglante. Durant toute l'année 2007, sa stratégie a essentiellement consisté à se présenter comme la candidate sans rivaux. Les citoyens de l'Iowa ont fait voler cette idée en éclats. Ces dernières semaines, elle a tenté de convaincre les électeurs qu'un nouveau gouvernement Clinton pouvait être synonyme de changement, discours qui n'a manifestement pas séduit l'Iowa. Il ne fait aucun doute que Clinton et Romney disposent des fonds, de l'appareil et des légions de partisans nécessaires pour rester dans la course à la nomination et redresser le cap de leur campagne. Mais, face à la piètre performance de Mme Clinton, on peut une fois encore se demander si elle peut être élue et si les électeurs indépendants – qui, dans l'Iowa, ont été deux fois plus nombreux à soutenir Obama – se laisseront un jour convaincre par Hillary.
Mitt Romney, qui a dépensé six fois plus que Mike Huckabee pour sa campagne télévisée dans l'Iowa, devra relever un défi autrement plus difficile lors des primaires du New Hampshire, où il affrontera des rivaux bien décidés à creuser l'écart. Tous les candidats se préparent maintenant pour les primaires de mardi, dont Hillary Clinton a voulu faire le point d'orgue de sa campagne et auxquelles son mari avait décroché la seconde place lors de sa campagne de 1992. "Si Hillary ne bat pas Obama dans le New Hampshire, ce sera lui le prochain candidat démocrate à la présidentielle", explique Robert Shrum, conseiller démocrate et ancien responsable de la campagne de John Kerry en 2004. Autre déconvenue pour Mme Clinton, Obama est parvenu à lui subtiliser une bonne partie de son électorat féminin, et l'influence politique des baby-boomers s'est considérablement réduite dans l'Iowa. Selon un sondage mené à l'entrée des bureaux de vote, la moitié des démocrates de moins de 45 ans ont déclaré que Barack Obama était leur favori.
Dans le même temps, le fait qu'autant de démocrates de l'Iowa votent pour un Africain-Américain constitue une grande première. Voilà qui est particulièrement encourageant pour Obama. L'approbation de sa candidature par des militants démocrates et indépendants, dans un Etat majoritairement rural et blanc, porte à croire qu'il a les moyens de construire une vaste coalition multiraciale pour entrer à la Maison-Blanche.
Patrick Healy
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