Obama, Clinton et les autres veulent tout changer

Pour séduire les électeurs du New Hampshire et d'ailleurs, tous les candidats à la présidence n'ont que le mot "changement" à la bouche. Une manie dont s'amuse l'hebdomadaire The Nation.

Changement, changement, changement ! Le mot est désormais utilisé avec une unanimité stupéfiante. On pourrait penser que c'est ce mot et non tel ou tel candidat qui a remporté les primaires de l'Iowa et du New Hampshire.
Barack Obama, qui a annoncé après sa victoire dans l'Iowa que "le temps du changement était ‘venu'", est bien entendu le prince du changement. Mais les autres candidats se sont mis tout d'un coup à prononcer à leur tour le mot magique aussi souvent que possible. Et "le changement" semble aujourd'hui la clé de tout avenir politique. Dans le discours prononcé après l'annonce des résultats de l'Iowa, John Edwards a déclaré que le vainqueur, ce n'était pas vraiment Barack Obama, mais le "changement", qui avait l'avait emporté sur le "statu quo". Bref, Edwards n'a pas été vaincu par Obama : il partage avec lui la victoire sur le statu quo. Quant à Hillary Clinton, elle a déclaré, après avoir remercié les autres candidats : "Ensemble, nous avons mis en avant la nécessité du changement." Plus tard, dans le New Hampshire, elle a affirmé que son sexe même représentait le changement : "Je pense que je suis un agent du changement. J'incarne le changement. Je pense qu'avoir pour la première fois une femme à la présidence des Etats-Unis est un énorme changement."

La contagion a immédiatement gagné le Parti républicain. Mitt Romney, qui surfe sur toutes les modes politiques, semble presque participer à un jeu qui consiste à purger la langue anglaise de tout autre mot que celui-là. Lors du grand débat organisé dans le New Hampshire, il a par exemple sorti : "Je peux vous dire : 'Non seulement je peux parler de changement avec vous, mais je l'ai vécu.' Dans le secteur privé pendant vingt-cinq ans, j'ai apporté le changement à toute une série de sociétés. Pendant les Jeux olympiques, on a eu des problèmes : j'ai apporté du changement. Dans le Massachusetts, j'ai apporté du changement. Je l'ai fait. J'ai changé les choses."

Hillary Clinton a fait encore mieux en disant, lors du débat démocrate : "Je veux faire des changements, mais j'ai déjà fait des changements. Je continuerai à faire des changements. Je ne me contente pas de promettre des changements. Je propose trente-cinq ans de changements."
On voit en outre apparaître une nouvelle espèce animale, les "électeurs du changement". Selon ABC News, 51 % de ceux-ci préfèrent Obama.
Même George Bush est entré dans la danse, il est vrai par l'intermédiaire de Tony Frato, son porte-parole, qui a déclaré de façon plutôt cryptique : "Ça fait du bien de voir du changement dans ce boulot."

Jonathan Schell

The Nation



08/01/2008
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