Niger : les menaces se multiplient contre la presse

Depuis quelques temps, les journalistes nigériens vivent dans la tourmente. Leur vie et leur intégrité physique et morale sont gravement menacées. C’est ainsi que le mardi 8 janvier 2008, aux environs de 23h30, circulant à bord de son véhicule dans le quartier Koubia à Niamey, le Directeur Général de la radio privée R&M, M. Abdou Mahamane dit Jeannot, tomba sur une mine anti-char. L’engin de mort disséminé par des mains criminelles explosa. Transporté d’urgence à l’hôpital national, notre confrère décéda peu de temps après. Une fois de plus, un citoyen innocent vient de faire les frais des mines anti-char, qui ne cessent depuis quelques mois d’endeuiller des familles nigériennes.

Pendant que les journalistes continuent encore de porter le deuil de la disparition du Directeur Général de la radio R&M, le 10 janvier 2008, un agent de police en poste à Agadez proféra des menaces à deux confrères de la radio privée Sahara FM, MM. Ben Issoufou Mohamed et Moussa Inné en ces termes : « vous êtes des hypocrites et des complices ; je vous souhaite le même sort que votre confrère qui a sauté sur une mine à Niamey ». En effet, ce jour-là, nos deux confrères s’étaient rendus au commissariat de police d’Agadez pour vérifier une information. Au regard de la nature des pouvoirs conférés aux agents des Forces de défense et de sécurité, en raison de la mise en garde dans la région d’Agadez, de tels propos constituent une menace grave à l’intégrité physique des journalistes dans l’exercice de leur métier. Une telle menace est inacceptable.

Par ailleurs, les organisations socioprofessionnelles du secteur des médias s’insurgent contre les menaces proférées, le 8 janvier 2008,  par Mme Fati Salha, une militante du MNSD Nassara, contre M. Abdoul Karim Hassoumi Gourouza,  Rédacteur en chef de la radio privée Bonferey, en ces termes : « les jeunes du MNSD tapent » .  Cette militante zélée accuse notre confrère d’avoir fourni au journal le Républicain l’enregistrement du meeting tenu par le président du MNSD-Nassara, le 30 décembre 2007, à la Maison de la Culture Diado Sékou de Niamey.

Face à tous ces actes graves, qui menacent fondamentalement la liberté d’informer des journalistes, les organisations socioprofessionnelles du secteur des médias :

  1. Condamnent vigoureusement la dissémination des mines anti-char, ayant occasionné la mort du Directeur Général de la radio R&M et d’autres citoyens innocents ;
  2. Exigent des autorités nigériennes l’ouverture d’une enquête pour identifier les criminels et les châtier conformément aux lois de la République ;
  3. Présentent leurs condoléances à la famille de Abdou Mahamane et au personnel de la radio R&M
  4. Dénoncent et condamnent les menaces et intimidations des journalistes dans l’exercice de leur métier ;
  5. Encouragent les victimes à saisir les tribunaux pour que justice leur soit rendue ;
  6. Appellent l’ensemble des journalistes à la solidarité et à la mobilisation pour faire échec aux velléités des prédateurs de la liberté de la presse tapis dans certains partis politiques et institutions publiques.

 

Fait à Niamey, le 11 Janvier 2008

Ont signé :

-          Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme (RJDH);

-          Réseau des Journalistes pour les questions de Sécurité et Paix (RJSP) ;

-          Syndicat des Travailleurs de la Presse Privée (SYNTRAPREP)

-          Association Nigérienne des Editeurs de la Presse Indépendante (ANEPI) ;

-          Association des Radios et Télévisions Indépendantes (ARTI) ;

-          Union des Journalistes Privés Nigériens (UJPN) ;

-          Association Nigérienne pour la Protection du Journalisme (ANPJ) 



13/01/2008
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