Madame la ministre et moi

Madame la ministre et moi

 

Pierre-Claver ILBOUDO

 

Collection « encres noires »

 

"Madame la ministre et moi" est l'histoire d'un journaliste révolté par la manière dont son pays est gouverné. Il décide de militer pour l'avènement d'une démocratie véritable. Il rejoint donc un mouvement d'avant-garde. Par bonheur, les responsables du pays décident d'associer les mouvements progressistes à la gestion des affaires de l'Etat.

   C'est ainsi que le journaliste devient ministre. Le petit journaliste anonyme qui toute sa vie durant a analysé la situation du pays avec une rare sagacité et stigmatisé les errements du régime croit naïvement qu'il tient enfin l'occasion d'oeuvrer à l'avènement d'une société plus juste et plus compatissante.

 

    "Madame la ministre et moi" est le roman de l'impuissance et de la perte des illusions.

 

Extrait

Madame Zon avait moins de cinq ans d'ancienneté quand la Révolution éclata. Elle eut l'intelligence ou l'opportunisme, les avis divergent, de se jeter à corps perdu dans la Révolution en créant très tôt un comité de défense de la Révolution au sein du service de la presse écrite. À l'époque, notre directeur était un des tous premiers journalistes du pays. C'était un vieil homme fripé qui n'avait pas tardé à être rattrapé et dépassé par la Révolution. Ce n'est pas qu'il n'avait pas lutté pour suivre la "marche radieuse" de la Révolution. Il avait d'abord levé timidement le poing quand les membres du Comité de défense de la Révolution criaient les slogans au début des réunions, puis percevant la nécessité de faire plus, il avait lancé le poing plus haut, mais c'était trop tard. Un beau jour on apprit en écoutant le compte-rendu du conseil des ministres que madame Zon avait été nommée directrice du service de la presse écrite.

   Le communiqué avait gardé un silence méprisant sur le sort réservé à l'ancien directeur. Seulement, après la lecture du compte-rendu par le porte-parole du gouvernement, un commentateur à la dent dure et au verbe enflammé s'était emparé du micro et avait commenté la décision du conseil des ministres. Il s'en était pris violemment à "certains directeurs et autres chefs de service", les accusant de "passéisme", de "situationnisme" et de "fractionnisme". Tous les auditeurs s'étaient rués sur leurs dictionnaires. Le vocabulaire révolutionnaire national venait de s'enrichir de trois nouveaux termes. La semaine d'avant, des fonctionnaires avaient été licenciés sommairement pour "éthylisme notoire et absentéisme chronique".

Pour tout contact : p.ilboudo@afdb.org



08/01/2008
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