MACO : Thibaut Nana toujours déterminé

 

Thibaut Nana, le patron des "jeunes patriotes révolutionnaires" et du Rassemblement démocratique et populaire (RDP) considéré par le gouvernement comme l'instigateur des violentes manifestations qui ont eu lieu le 28 février à Ouagadougou croupit en prison. Le 22 mars dernier, c'est un Thibaut serein que nous avons vu à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Il décrit sa condition de détention en ces termes : "On me traite comme un prisonnier dangereux sur lequel on doit veiller. Je peux faire 2 ou 3 jours sans sortir dans la cour de la prison. Quand on me rend visite, je n'ai que 2 ou 3 minutes pour m'entretenir avec la personne. "
Malgré ces difficiles conditions de détention, Nana Thibaut ne s'avoue pas vaincu puisqu'il dit avoir les échos des masses depuis sa cellule. " J'ai décrié une situation intenable que le peuple vit, c'est la cherté de la vie. Le gouvernement même l'a du reste reconnu. Si malgré tout ça, on vient m'embastiller, c'est qu'on cherche un bouc émissaire." Pour lui, son jugement, les 7 et 8 mars 2008, a été une parodie de procès parce que dit-il l'on ne l'a pas laissé parler. Son avocat, Me Prospère Farama, avec un collectif d'avocats, tente de le rencontrer. Mais ses geôliers leur ont toujours opposé une fin de non recevoir.
Les présumés coupables des casses qu'on a enfermés à la MACO ne seraient, pour la plupart, que des victimes de la furie des forces de l'ordre. Certains éléments de la police, selon toujours Thibaut, voulaient aux yeux de leurs patrons, montrer qu'ils ont travaillé. La plupart des prétendus casseurs, poursuit-il, sont des fous errants et des enfants de la rue qui ont eu la mal chance d'être dans la trajectoire de la police. Aussi, le conseiller municipal "bagnard" n'est pas loin de penser que son emprisonnement est l'œuvre de certains caciques du conseil municipal de la commune de Ouagadougou. Il pense également que les casses peuvent être commanditées par ceux-là même qu'il soupçonne d'être passés maître dans l'art des agissements du genre. "L'enfant terrible de Samandin" salue la reconnaissance du peuple burkinabè à son égard. Il se dit déterminé à défendre toujours des causes justes. Par ailleurs, il salue les démarches entreprises par certains chefs de partis qui se battent pour qu'on le libère et qu'on libère ceux avec lesquels il partage désormais le bagne de Nioko.
Le 7 mars dernier, lors de leur procès, ils étaient 169 jeunes à la barre pour une audience qui a duré 40 heures. 45 personnes ont été condamnées. Les peines varient entre 24 et 30 mois fermes ou avec sursis. Thibaut Nana considéré par la justice comme celui qui a fait monter la tension à Ouagadougou de même que dans les autres villes les 20, 21 et 28 février a des défenseurs qui ont une autre lecture de la situation. Le Collectif des organisations démocratiques des masses et des partis politiques (CDMPP), dans une déclaration parue le 15 mars dernier, désigne ses coupables. Il s'agit des gouvernants et non Thibaut et ses sans culottes : " les vrais casseurs politiques de la République, ce sont donc bel et bien ces gouvernants qui restent sourds et muets sur le sort des populations qu'ils prétendent pourtant représenter ! Les vrais casseurs de la République, ce sont ces gouvernants qui refusent de sévir contre les détournements des deniers publics et les enrichissements illicites sur les ressources de l'Etat, qui empêchent les enfants et les jeunes de la République d'avoir leurs chances dans la vie ! Les vrais casseurs, c'est ceux qui devraient répondre de leurs actes devant la justice, ce sont ces gouvernants qui laissent se développer dans le pays le cancer de la fraude et la corruption. " Thibaut Nana depuis la MACO dit être de cœur avec le peuple burkinabè, peuple qui ne demande qu'a sortir de la misère dans laquelle un choix politique l'a confiné;

Merneptah Noufou Zougmoré



03/04/2008
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