LEVI-STRAUSS s'est éteint
L'anthropologue français Claude Lévi-Strauss est mort le vendredi 30 octobre 2009 d'une crise cardiaque chez lui à Paris. Il est inhumé dans l'intimité familiale et ce n'est que le 03 novembre que sa mort est annoncée pour amoindrir le tapage médiatique que le défunt ne souhaitait certainement pas. Considéré comme le dernier géant de la pensée française, il est décédé à 100 ans au moment où le siècle de sa discipline est en train de prendre un autre tournant. Il y a deux ans, il s'était cassé le col du fémur et restait en permanence chez lui, où il a reçu la visite du président Sarkozy. Né à Bruxelles en 1908, Claude Lévi-Strauss a influencé des générations de chercheurs par ses théories anthropologiques. Dans son Structuralisme, il admet au fond des systèmes sociaux une "infrastructure formelle, une pensée inconsciente, une anticipation de l'esprit humain comme si notre science était déjà faite dans les choses et comme si l'ordre humain de la culture était un second ordre naturel". Dans "Tristes tropiques", paru en 1955, et considéré comme l'un des grands livres du XXe siècle, il écrit ceci : "La complexité sociale et familiale de certains groupes aborigènes rendaient en comparaison la nôtre fort rudimentaire, et sortir de l'échelle de valeurs par trop étriquée qui faisait de l'anthropologue un distributeur de coefficient de civilisation". Chercheur infatigable, Professeur au Collège de France de 1959 à 1982, Claude Lévi-Strauss est le premier anthropologue élu à l'Académie française en mai 1973, au fauteuil d'Henri de Montherlant. Pour lui, toutes les cultures se valent quel que soit le degré de leur développement matériel. Ses analyses ont contribué grandement à changer le regard des occidentaux sur le monde dit primitif. L'anthropologue Lévi-Strauss proclamait l'égale qualité de toutes les cultures, ce qui n'était pas le cas de nombreux ethnologues européens. En effet, de nombreux chercheurs occidentaux avaient toujours considéré ces primitifs comme des peuples sans écriture et sans machinisme. Ils étaient de ce fait sans Histoire et dotés d'un système archaïque de pensée. "Claude Lévi-Strauss mettait l'accent sur le fait qu'il ne fallait pas chercher des ressemblances entre des sociétés, mais comprendre en quoi les sociétés sont différentes des unes des autres. C'est toujours très nouveau. Ca va à l'encontre des habitudes de pensées", a souligné Philippe Descola qui dirige en ce moment le laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France. Agrégé de philosophie, Claude Lévi-Strauss a enseigné pendant deux ans en France (Mont-de-Marsan et Laon) avant de rejoindre en