Le Net pour être vigilant
Dans le Sud Ouest du Burkina Faso, les paysans utilisent Internet pour vérifier le prix des céréales sur le marché national afin de ne pas se faire arnaquer par certains acheteurs. Ainsi le contenu de la parole, auparavant, vérité est mis en doute…
La ville de Boura compte de 26 347 habitants et est située à une cinquantaine de kilomètre de Léo, le chef-lieu de province. Ce chef-lieu est à 165 km de la capitale politique, Ouagadougou. La création de ces cybercentres répond à un besoin. « Faire face au déficit d’information et de communication » comme l’affirme Joseph Dagano. Le paysan, avec le Net, arrive donc à contacter ses collègues des autres villes du Burkina Faso et à avoir l’information vraie sur les prix des céréales et les intrants. «Certains commerçants véreux des grandes villes venaient tromper les paysans sur les prix des produits et des intrants agricoles. Aujourd’hui, on ne peut plus venir tromper un paysan, depuis que le cyber existe à Boura » assure le président de la Société coopérative de production céréalière (SOCOPROC) et de la FEPPASI Joseph Dagano.
Bien avant les TIC, les paysans faisaient foi aux propos des commerçants venant acheter leurs productions. S’étant rendu compte que les acheteurs les grugeaient sur les prix des vivres et autres céréales, les paysans ont décidé de se connecter à Internet pour avoir les bonnes informations. Ils refusent de se faire arnaquer.
Ainsi donc, avec Internet et la téléphonie mobile, ils sont mieux informés. Partant de ce fait, les NTIC ont déclenchés un nouveau comportement dans cet espace social auparavant basé sur l’oralité.
L’information véhiculée par les NTIC est donc chargée de connaissances nouvelles, d’informations vraies. La parole d’autrui perd plus ou moins sa valeur intrinsèque. Les NTIC permettent de la revérifier, de la recouper. Ces technologies amorcent donc la construction de nouvelles identités et désagrègent les anciennes. L’adhésion des paysans aux nouvelles formes de communication, via les NTIC, s’est opérée que parce qu’il y a menace immédiate sur leur devenir, leur épanouissement, leur gagne-pain. Somme toute, les paroles de son semblable. «Dans les villages, le recours aux NTIC n’est pas le résultat de choix préalablement raisonnés, mais celui de violences imposées, bon gré mal gré», déclare le sociologue burkinabè André Nyamba.