"Le Gouvernement devrait interdire les journaux qu'il n'aime pas "
Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) en partenariat avec Afro baromètre a réalisé une enquête auprès des populations des treize régions du pays. L'enquête qui a eu lieu en octobre 2008 a concerné un échantillon aléatoire de 1200 individus soit 27% résidant en milieu urbain et 73% résidant en milieu rural. Le sondage a porté sur la gouvernance, la démocratie, la réforme économique, la société civile et la qualité de vie au Burkina. Ainsi, 49% des personnes enquêtées estiment que leurs conditions de vie sont mauvaises contre 14% qui ne s'en plaignent pas alors que 37% disent mener la belle vie. En dépit du phénomène de la vie chère, il y a 45% des personnes sondées qui pensent que la situation économique actuelle du pays est meilleure à celle de l'année dernière à la même époque contre 36% qui la trouvent pire. Interrogées sur les perspectives de la situation économique du pays, 57% des personnes ont affirmé que le pays se portera mieux d'ici à un an alors que 13% voient venir le pire. Concernant la démocratie comme mode de gouvernement, 58% des personnes soutiennent qu'elle est préférable à tout autre forme de gouvernement. Cependant, ils sont nombreux (la majorité), les Burkinabè a regretter la démocratie qui leur est servie. Pour 28% des personnes interrogées, les Burkinabé vivent une démocratie avec des problèmes majeurs et 18% pensent que les problèmes de la démocratie au Burkina sont mineurs. Pour 14 % des Burkinabé interrogés, le pays n'a pas encore amorcé l'ère de la démocratie. L'enquête, très diverse sur les questions, intéressera sans doute également les défenseurs et les détracteurs de la presse. En effet, 20% des Burkinabé enquêtés ont dit que le gouvernement devrait interdire les journaux qui font des publications qu'il n'aime pas. Contrairement à cette opinion, 71% des Burkinabé voudraient voir les médias d'informations libres de publier n'importe quel article qu'ils considèrent justifié, sans crainte d'être fermés.
Les résultats de l'enquête, une cinquantaine de pages, sont à l'adresse du Gouvernement, de l'Assemblée Nationale, des partis politiques, des autorités locales et des autorités coutumières et religieuses. Un briefing a été fait à la presse le lundi 19 janvier 2008 au cours d'une conférence de presse donnée par le CGD à l'hôtel Azalaï. Une campagne de dissémination des résultats de l'enquête sera entreprise à travers des rencontres avec des acteurs concernés. Selon le Pr. Augustin Loada, directeur exécutif du CGD, les commentaires faits à partir des sondages doivent êtres faits de manière prudente, étant donné que les résultas fournis sont souvent des estimations. Néanmoins, il pense que cela ne devrait pas remettre en cause la pertinence de la présente enquête "comme le font certains acteurs politiques lorsque les résultats des enquêtes desservent leurs politiques."
Boukari Ouoba http://www.evenement-bf.net/pages/contre_jour_156.htm