Le Danemark en proie à des émeutes
Une vague d'émeutes nocturnes provoquées
par des jeunes secoue le Danemark depuis une dizaine de jours. Elles génèrent
un vif débat dans le pays, qui s'interroge sur son modèle de tolérance et sa
politique d'intégration.
Neue Zürcher Zeitung
(Suisse) L'écrivain danois Jens Christian Grøndahl constate que le Danemark
s'est doté d'une nouvelle sous-classe sociale. Il analyse le point de vue de
ses compatriotes sur les immigrants et les problèmes sociaux. "D'un côté,
nous trouvons les habitants des ghettos, originaires d'Afrique du Nord ou du
Moyen-Orient, peu éduqués, dont le mode de pensée est traditionnel. De l'autre
côté, nous trouvons la classe sociale danoise prospère qui perd ses repères
entre son embarras, qu'elle ressent en raison du retour d'une société de
classes, et son besoin de montrer sa compassion et d'améliorer les relations à
l'aide d'initiatives politico-sociales. Au sein de l'Etat providence, la
position complaisante, marquée par la fustigation et l'introspection, est
devenue tellement habituelle que les pyromanes et les criminels sont même
considérés comme des victimes. Sur ce point, l'échec de l'intégration est
flagrant : on relève une correspondance entre l'inclination sociale et morale à
l'empathie et l'hypersensibilité des incendiaires ou des musulmans
pratiquants." Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne)
Siegfried Thielbeer estime que la société danoise n'est pas responsable des
violences secouant le pays, qui n'aurait soi-disant pas suffisamment agi pour
favoriser l'intégration des étrangers. "Depuis l'entrée en fonction du
gouvernement conservateur et le durcissement de la politique d'asile, l'image
d'un pays généreux et libéral, autrefois nourrie par le libertinage et sa
longue tolérance pour la vente de haschisch dans la 'commune libre de Christiania', a pris un coup. Cela semble injustifié. Tout
en limitant l'immigration, le Danemark a mis en place une politique
d'intégration exemplaire." Sydsvenska Dagbladet
(Suède) Les émeutes auxquelles ont participé de jeunes Danois à Copenhague ont
lancé le débat en Suède sur la probabilité que des événements similaires s'y
produisent. Selon le journal, "à l'instar de la plupart des autres pays
européens, les émeutes opposant les jeunes et les forces de l'ordre se
produisent déjà régulièrement en Suède. Une semaine sur deux, une école est
incendiée. Le feu et la violence éclatent là où les conditions sont réunies.
Ces troubles ne sont pas imputables à la société, mais il va sans dire qu'ils
posent un vrai problème social, que l'intervention de la police à elle seule ne
pourra résoudre. (...) D'après le quotidien danois 'Berlingske Tidende', 10 000
à 12 000 jeunes Danois sont sur le point d'être marginalisés de la société. La
situation est pire en Suède. On avance en effet le chiffre d'environ 50 000
jeunes.