Le conflit kényan pourrait faire tache d'huile

Après le Rwanda et la république démocratique du Congo, le Kenya connaît à son tour une explosion de violence. Qui sera le prochain ? demande le quotiden de Kinshasa Le Potentiel, inquiet à l'idée que cette violence puisse se propager aux autres pays de la région.

La violence continue d'endeuiller l'Afrique des Grands Lacs. Après le génocide rwandais en 1994, après l'holocauste – que l'on se refuse encore à reconnaître – en république démocratique du Congo (RDC), dont la facture macabre s'élève à plus de 3 millions de morts et des dégâts matériels estimés à plus de 500 millions de dollars, c'est maintenant au tour du Kenya de basculer dans l'horreur et le chaos.

Une fois de plus, la nature du conflit est en train de changer, si ce n'est déjà fait. La fraude a suscité une contestation postélectorale qui s'est désormais transformée en affrontements interethniques. Après un mois de troubles, on a enregistré près de 1 000 morts et des dégâts matériels qui se chiffrent déjà en millions de dollars.

Un autre aspect inquiétant est que la RDC risque de subir les effets néfastes de ce chaos – exactement comme cela s'est passé en 1994 avec le Rwanda. Certes, le Kenya peut sembler loin de notre pays, et les pays en première ligne sont l'Ouganda et la Tanzanie, qui vont certainement accueillir le premier afflux des réfugiés. Mais, le Kenya étant la première puissance économique d'Afrique de l'Est, ces pays seront vite débordés.

L'instabilité et l'insécurité au Kenya n'ont pas encore chez nous de conséquences sociales et humanitaires, mais leurs conséquences économiques déborderont le cadre de l'Afrique de l'Est pour atteindre l'Afrique centrale. La RDC, qui utilise notamment le port kényan de Mombasa pour ses importations et ses exportations, ne peut manquer d'être touchée. Or les causes économiques peuvent créer des situations sociales et humanitaires inextricables et dépassant toutes les prévisions.

La RDC doit mettre en marche sa machine diplomatique afin de stopper la dégradation de cette situation dramatique. Victime autrefois des mêmes atrocités, la RDC se doit de déclencher un vaste mouvement diplomatique dans l'objectif d'éviter le pire.

En attendant, l'on constate malheureusement que les pays africains et leurs chefs d'Etat n'ont pas réagi fermement. Jusqu'ici, seules quelques personnalités se sont manifestées. Notamment Louis Michel, de l'Union européenne, Kofi Annan, ex-secrétaire général de l'ONU, Mme Nelson Mandela (l'ex-épouse de Samora Machel) et l'ex-président tanzanien Benjamin Mpkapa. Mais apparemment sans résultat concret.

Par contre, devant l'ampleur du drame, l'Union européenne se propose de prendre des sanctions contre le Kenya. Comme si la population kényane ne souffrait pas déjà assez de toutes ces violations des droits et de tous ces meurtres ! La tendance que l'on perçoit là est celle consistant à légaliser la fraude et à punir les victimes pendant que l'on protège les coupables.

Tout se passe comme si les dirigeants africains refusaient de prendre la mesure de ce drame. La série continue donc. Hier, c'était le Rwanda et la RDC. Aujourd'hui, c'est le Kenya. Ainsi va l'Afrique. Demain, à qui le tour ?...


Le Potentiel



30/01/2008
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