La question de la santé des présidents
C'est une question taboue, sans toutes les latitudes. Il y a des pays où évoquer simplement le sujet peut conduire en prison.
Au cours d'une manifestation au stade, le président Paul Biya est saisi de malaise. Il s'éclipse un bon moment avant de revenir. Le journal le Messager en parle dans ses colonnes. Aussitôt, son directeur de Publication, Pyus N'Djawé est arrêté et embastillé. Il restera en prison des mois et n'en sortira que sous la pression de la communauté internationale. En France, parler de la santé des présidents de la République ne conduit pas en prison. Seulement, L'Elysée communique très peu sur le sujet. Même Nicolas Sarkozy qui ne cache rien aux Français, n'a pas accepté dire qu'il avait été admis brièvement dans une clinique pour y subir une opération, quelques mois seulement après son arrivée à L'Elysée. La maladie des présidents ne se dit pas. Cela affaiblirait leur autorité. Du moins, c'est la justification la plus couramment donnée. Mais depuis le cas pathétique de Lansana Conté en Guinée, il faudra bien relativiser cette explication. Car un président, même impotent peut continuer à diriger un Etat. Pour le malheur de ses habitants évidemment. Les fonctions du président dans nos régimes, et en raison de nos traditions, sont immenses. Il a presque pouvoir de vie ou de mort sur ses concitoyens. Il est aussi la pièce maîtresse de tous les autres secteurs vitaux du pays. Le président est le premier magistrat, il est le patron de l'armée et il est aussi le premier opérateur économique du pays. Quand ce monsieur-là ne va pas bien, alors tout le pays tourne au ralenti pour ne pas dire qu'il ne tourne pas du tout. Nos constitutions sont bien faites. Elles ont prévu ces cas de figure et les dispositions à prendre en conséquence. Seulement les institutions ne sont pas suffisamment fortes pour assumer de telles responsabilités. Depuis des années, Conté gouverne la Guinée assis dans un fauteuil. C'est vraiment le cas le plus pathétique de toutes les histoires de présidents malades. Sinon, ils sont nombreux, ces malades qui nous dirigent. Lors du dernier sommet de l'UEMOA, le président Wade a manqué le début des travaux. Il aurait eu un malaise. Il est resté dans sa chambre tà l'hôtel.
Le président Gbagbo non plus ne va pas bien. Quand il reste longtemps assis, ces genoux s'ankylosent. Pour sortir de la voiture, il faut donc lui tendre la main. On a vu aussi, toujours lors de son dernier séjour à Ouagadougou, que descendre les marches de la passerelle de l'avion lui était pénible.
Nombre des princes qui nous gouvernent ne vont pas bien. Dans les pays où l'alternance est conquise, cela ne pose strictement aucun problème. Au terme des mandats légaux, l'intéressé s'en ira et le peuple choisira un autre. Le problème se pose dans un régime comme celui du Burkina Faso, où l'idée même de changement est taboue. Quand on organise les élections c'est pour renouveler la légalité. L'idée de l'alternance n'est pas incluse dans les calculs.
NAB